Les choix de reprise en régie des marchés publics des transports et de l’eau (celui-ci repoussé à une prochaine séance) récemment votés par le Conseil Métropolitain ont trouvé un accusateur implacable en la personne de l’ancien Sénateur-Maire de Nice Jacques Peyrat qui a saisi cette occasion pour une rentrée politique sans concession pour son successeur Christian Estrosi. Duel de l’ancien maire contre le maire actuel…
La conférence de Jacques Peyrat (que l’on sait lecteur assidu de classiques et qui doit s’inspirer de Cicéron dans « De senectute » tant il manie avec brio, recul et présence active, ce que le philosophe romain, au passage avocat, appelait « oisiveté laborieuse ») fut un réquisitoire contre cette décision qui va à l’encontre d’une tradition qui remonte à Jean et Jacques Medecin, à savoir une période qui embrasse quelques décades.
Mais, suivons le « j’accuse » de Maître Peyrat au travers de ses paroles : « Je suis stupéfait de cette orientation du Maire de Nice de vouloir confier aux services municipaux la gestion des marchés publics des transports (décision actée) et de l’eau (décision qui sera prise prochainement). Et ce après le mise en régie de la restauration scolaire, du MIN, du Festival de Jazz.
Cette orientation aura des conséquences à moyen terme parce que elle entrainera une augmentation des coûts. Je crains que la politique de M. Estrosi nous conduira à un situation telle que celle de 1995, avec un endettement difficile à absorber.
Je me demande les vraies raisons de cette décision de « remunicipalisation » ou encore mieux de « remetropolisation » alors que des entreprises spécialisées étaient en place et fournissaient un service de qualité à un coût moindre.
Christian Estrosi devrait démocratiquement rendre publics les éléments d’analyse juridique, financière et économique qui l’ont conduit à ses choix. De plus je m’étonne que lui, qui se vaut le chantre du libéralisme, soit devenu un partisan de l’économie centralisée.
Je dénonce cette dérive grave et inexplicable et je serai vigilant, en absence d’une opposition qui ne fait pas honneur à son rôle. ».
Jacques Peyrat a ensuite énuméré, études et documents à l’appui, toute une série de chiffres qui montrent bien que les transports publics sont structurellement déficitaires, à Nice comme ailleurs, ce qui laisse présager une possible augmentation des tarifs. Idem pour le dossier de l’eau (potable et pour l’irrigation) qui est, d’après ces documents, la moins chère en France pour l’usager.
Alors pourquoi avancer de deux ans la fin du contrat avec la société délégataire (de 2017 à 2015) et vouloir prendre une décision sous peu sans qu’il ait la moindre urgence ?
L’ancien Maire s’est à ce moment exprimé par le langage corporel des gestes qui, comme le savent bien les experts en neuro-psychologie, est bien plus expressif que celui oral. Disons que, si notre perspicacité est bonne, la piste parisienne et l’entourage du feu président de la République pourraient fournir quelques éléments de réponse.
» ous savez très bien que je n’apprécie pas Christian Estrosi. Toutefois je ne le sous-estime pas. Une décision telle que celle-ci a certainement une raison. Elle ne vient certainement pas des rapports de la commission métropolitaine présidée par un ancien conducteur de locomotives et de surcroît ancien élu communiste. »
Mais, bien évidemment, ces deux dossiers, encore que de toute importance, ne sont que la pointe de l’iceberg de l’opposition de Jacques Peyrat mène à l’encontre de Christian Estrosi. On en connait la motivation et l’élection municipale pointe déjà à l’horizon.
Jacques Peyrat sera candidat contre Christian Estrosi au nom de l'(extrême) droite?
D’une certaine manière, il y est déjà quand il affirme : « Les problèmes de la Ville ne sont pas les marchés publics mais la paupérisation de ses habitants et l’augmentation de la violence dont les plus faibles sont les premières victimes. Quelles sont les réponses de Monsieur Estrosi ? Moi, j’exprime une véritable inquiétude face à ce vendeur d’illusions. ».
Pas mal pour « une voix d’outre-tombe », comme Jacques Peyrat se définit lui-même, non ?
