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24 novembre 2024

Emilie Petiteau, le basket au féminin

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Issue d’une famille de basketteur, il semblait difficile à Émilie Petiteau d’échapper à la tradition. « J’aimais bien ce sport d’équipe car l’ambiance était sympa ». Et d’ajouter « Je me sentais bien dans ce milieu là ». Ainsi, Emilie commence le basket-ball à l’âge de 6 ans. Elle joue pendant près de dix ans chez les Gazelec de Toulon. Là, elle se fait remarquer et intègre pour trois ans, le centre de formation d’ Aix en Provence. Elle reste deux ans en National 1, car « vu mon âge j’avais envie d’avoir du temps de jeu ». Ensuite elle est appelée par les clubs de Ligue pour devenir pro. Après Sceaux et Clermont-Ferrand, elle entame sa troisième saison dans l’équipe professionnelle féminine de Nice.

Passionnée et déterminée, à 24 ans, Émilie Petiteau est une sportive accomplie. Il y‘a dix huit ans, c’est en amatrice qu’elle arpentait les terrains de basket. Aujourd’hui elle a fait du basket son métier. Elle est « ailière arrière » dans l’équipe féminine professionnelle de Nice.
Interview d’une femme qui conjugue le basket-ball au féminin.

petiteau.jpg Nice Première : Le sportif est souvent présenté comme une personne limitée intellectuellement. Comment vis-tu ces a priori ?

Émilie Petiteau : Mal. Cela me vexe. Je trouve cela très dur. Le problème est qu’en France, on ne laisse pas la possibilité aux sportifs de concilier des études poussées et du sport de haut niveau. Etant donné que nous sommes régulièrement en déplacement, ce n’est pas évident de suivre les cours à la FAC. Et jusqu’à présent il n’a été proposé aucun moyen palliatif pour nous sportifs. De plus, les entraîneurs mettent des freins. Selon eux, si l’on suit des cours, à côté des entraînements, nous ne seront pas au maximum de nos possibilités sur le terrain. En ce qui me concerne, j’ai toujours été frustrée de ne pas avoir fait les études que je voulais. Même si le basket-ball demande beaucoup de réflexion car c’est un jeu très tactique, je ne m’y retrouve pas intellectuellement. C’est pourquoi, depuis la saison dernière je travaille en dehors des entraînements. J’ai besoin de faire travailler mon intellect.

N.P : Le constat est simple : Les sports féminins sont peu médiatisés, ainsi peu connu du grand public. De plus les femmes sont en majorités, bien moins représentés dans les sports d’équipe, entraîneurs et joueuses confondues. Ainsi, crois-tu a l’avènement de l’égalité homme / femme dans le sport ?

E.M : Oui, j’y crois. Je me bats. J’essaie de rétablir l’égalité, même si je suis consciente des différences. Consciente des différences physiques. C’est de notoriété publique, un homme a plus de force qu’une femme. Un homme saute plus haut qu’une femme. Mais là où nous nous retrouvons, c’est qu’une femme à travers son sport, peut procurer au public autant de plaisir qu’un homme. Elle peut procurer les mêmes sensations. Ainsi, je trouve dommage que les sports féminins soient peu reconnus et si peu médiatisés.
D’autant que le sport est un moyen ludique pour faire passer des messages. Messages d’égalité et d’équité. Malgré tout, il est important que nous gardions notre identité de femme, c’est aussi ce qui fait notre force.

N.P : Les basketteurs sont souvent stéréotypés : de jeunes hommes noirs issus des ghettos américains . Quelles images a-t-on d’une basketteuse ?

E.M : Trop de clichés collent à ce sport.
Les gens ont souvent des a priori sur la taille, le gabarit et la sexualité des basketteuses : grandes, costauds et lesbiennes. Moi je m’en moque. Je me sens femme, c’est l’essentiel.
En visionnant des vidéos, je me suis rendue compte du côté très masculin et très bestial que les basketteuses dégagent durant des matchs. Dans la vie, je suis calme. Je n’aime pas le conflit. Sur le terrain je change de visage. Je me défoule. Je deviens très primaire. De fait, nos conjoints ont des difficultés à se présenter comme maris de basketteuses, à l’opposé des femmes de footballeurs !
Les jeunes, eux,conçoivent mal une femme qui fait du basket-ball. Ils associent ce sport aux Etats-Unis, à la NBA et à Tony Parker.

Elsa Rigaudin

Auteur/autrice

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