« L’Agglomération s’est engagée dans une politique globale des transports. Dès 4 septembre, 29 bus de la nouvelle génération, dont 11 articulés courront l’Agglomération. Je ne parlerai pas du tramway… », Jacques Peyrat, Président de l’Agglo et Maire de Nice, était venu passer en revue hier matin, les nouveaux bus de la Ligne d’Azur, alignés en rang d’oignons sur la Promenade des Anglais. Ces véhicules n’ont, au premier abord, rien de différent. Même présentation blanche bleue, même logo « Lignes d’Azur », même cabine spacieuse que ses aïeux.
Pourtant, différence il y a. A la demande de l’Agglomération, ils sont équipés d’un espace et d’un plancher bas pour des personnes à mobilité réduite. Le poste de conduite est repensé : un fauteuil confortable et une boîte de vitesses plus souple pour le bien-être du chauffeur. Pour plus de sécurité, les nouveaux véhicules sont tous équipés de caméras de vidéosurveillance. Des petites lumières bleues rendront les trajets du soir plus agréables… Mais surtout, ces bus sont neufs. « Nous avons aujourd’hui un parc vieillissant, qui devait être mis aux normes européennes. C’est un plus pour l’Agglomération au niveau de l’image sur le terrain », souligne Yvette Lartigau, la directrice adjointe des transports de l’Agglo.
La Communauté d’Agglomération Nice Côte d’Azur (Canca) possède aujourd’hui 330 bus. Elle transporte quotidiennement 125 000 voyageurs. Les traminots réalisent 14 millions de kilomètres dans l’année. Les tarifs sont d’année en année plus alléchants. D’abord, la mise en place d’un tarif unique de 1,50 euros pour les bus de Ligne d’Azur, soit un trajet de Grasse à Menton. En 2005, un abonnement de 10 euros mensuels pour les scolaires. Bientôt, un nouvel abonnement de 12,50 euros pour les moins de 26 ans, salariés, étudiants, apprentis ou demandeurs d’emploi.
Pour la bonne cause, l’Agglo est prête à serrer la ceinture. « Il s’agit de fonds publiques, il faut le savoir. Il nous a fallu changer des tarifs. Il faut bien que l’Agglomération paye», a insisté Jacques Peyrat. 17 millions d’euros ont été versés dans cette nouvelle entreprise, pour inciter les usagers à délaisser, autant que possible, leur voiture.
Il s’agit, pour l’Agglomération, d’une démarche de développement durable. Les nouveaux bus roulent de nouveau au diesel. Selon les études scientifiques européennes, ce carburant permet de réduire 70 à 90% les émissions polluantes. La nouvelle flotte fonctionnera à « eaudiez », un carburant vert composé d’une émulsion d’eau et du gasoil. « C’est un piège à corpuscules qui permet d’éliminer de 30 à 40% de particules. On gagne donc sur l’oxyde d’azote », explique l’un des responsables de la société ST2N qui gère les services de transport pour le compte de la Canca. « Le côté négatif est que les véhicules équipés de l’ « eaudiez » demandent plus d’entretien et un fort suivi. Au bout de 7 ans de vie, il y a un gros travail à faire en termes de révision».
Freiner l’agonie de la planète, mais pas à tout prix. Le véhicule électrique n’est pas à l’ordre du jour. « C’est un problème économique », déplore ST2N. « Les seuls bus qui existent sont des mini bus avec une autonomie de 12 heures ». Donc un investissement trop lourd pour la Canca.
Quoi qu’il en soit, le succès est au rendez-vous. Les usagers sont en majorité satisfaits de la nouvelle Ligne, malgré quelques réticences habituelles. « Je suis partisane du bus par rapport au train », Amandine, étudiante à la Faculté de Lettres plisse les yeux sous un abribus. « Il y a un peu d’attente mais, c’est moins cher, il y a plus de confort. Et puis, j’aime bien regarder la mer par la fenêtre ».
Ces bus sont tellement prisés qu’ils en deviennent victimes de leur succès. « C’est un service de proximité. Je vais de Nice à Cagnes-sur-mer toutes les semaines. C’est sympathique et très confortable. Mais parfois, c’est tellement blindé que les jolis fauteuils ne servent à rien », remarque Ghislaine, une retraitée niçoise.