Est-il responsable d’ajouter une crise budgétaire à l’instabilité économique, à la protestation sociale, à la montée du populisme ? Est-il raisonnable de la part de David Cameron d’exiger le remboursement d’un chèque désormais désuet ? Est-il loyal de la part d’Angela Merkel de vouloir imposer un euronationalisme allemand camouflé sous une politique de stabilité , soit le renoncement à toute liberté politique pour les autres pays.
Le sommet européen a échoué à cause de chiffres étrangement symétriques. La proposition de budget européen était 50 milliards d’euros supérieure à ce que le gouvernement britannique était prêt à accepter, soit exactement la somme que perçoivent les agriculteurs européens chaque année.
La Politique agricole commune (PAC) a été l’un des contentieux abordé lors du sommet européen de la semaine dernière. Mais comment peut-on encore défendre un programme qui coûte 50 milliards d’euros,
La Commission européenne estime que les subventions sont nécessaires pour aider les agriculteurs à « répondre à la demande alimentaire mondiale qui devrait augmenter de 70% d’ici 2050 ». Mais si la demande est censée croître de 70%, pourquoi avoir des subventions? Il n’y a pas si longtemps, ces aides étaient officiellement justifiées par la faiblesse de la demande mondiale. Aujourd’hui, elles le sont par sa croissance. Elles reflètent une vision très biblique de l’intendance humaine.
La politique passe visiblement avant les arguments.
L’Europe est en crise. Elle est en crise parce qu’elle n’a plus d’argent. Des services publics fondamentaux sont supprimés (souvent de façon injuste et injustifiée) mais chaque année les agriculteurs reçoivent 50 milliards d’euros de subventions.
On a rarement vu un si petit nombre obtenir tant d’aide d’un si grand nombre.