Le musée Jean Cocteau de Menton, après un an d’existence et le succès de près d’une centaine de millier de visiteurs lors de cette première année, ce qui est un franc succès, entame sa deuxième année avec une thématique tournant autour de l’homme de théâtre et de cinéma.
Le poète, le metteur en scène, l’écrivain, le génie qui transformait en or tout ce qu’il touchait. Cela évoque pour vous la mythologie et son panthéisme, vous avez tout compris et l’on peut alors commencer cette visite. « Depuis l’enfance et les départs de ma mère et de mon père pour le théâtre, j’ai contracté le mal rouge et or. » Nous disait Jean Cocteau dans la difficulté d’être.
Ce questionnement sur la raison d’exister va poursuivre l’œuvre de cet artiste hors norme. Il va revisiter le théâtre, connaître Sarah Bernhardt et s’inspirer de sa gestuelle, de la tragédienne, c’est du théâtre filmé et le cinéma libère la scène de ses entraves, de ces fameuses trois unités.
Elle est la voix d’or, un monstre sacré. Le Music-Hall avec la dame de Monté Carlo, Marianne Oswald. La voix humaine que reprendra Rossellini avec Anna Magnani.
Les cinéphiles seront captivés par des extraits de films divers où les Enfants ou est-ce les parents, en tout cas terribles. Orphée, Antigone, Œdipe, on est en pleine humanités classiques et les cours de Grec et de Latin reviennent à notre mémoire. Puis c’est la machine infernale et le début de la collaboration artistique entre Jean Cocteau et Jean Marais. Les chevaliers de la table ronde, écris en 1937 pour ce jeune premier du cinéma.
C’est en six séquences que se déroule l’exposition :
Le mal Rouge et Or avec Sarah Bernhardt à la fin du XIX°.
Vers une poésie de théâtre et les mariés de la tour Eiffel
Les nouveaux monstres sacrés où Edith Piaf avec laquelle il créé le bel indifférent
La tragédie revisitée où il exprime la difficulté d’être, en une question métaphysique
Mettre en scène l’invisible. Là Cocteau s’inspire du moyen âge, Tristan et Iseut.
Le cinéma de théâtre où les parents terribles offrent à Jean Marais son plus beau rôle.
Ces six séquences, chapitres, périodes, on ne sait vraiment les définir tant elles s’imbriquent entre elles. C’est en fait un scénario qui est proposé au visiteur, il découvre un Jean Cocteau intime, l’artiste, ses écrits, ses dessins, ses esquisses. C’est un peu comme si on entrait dans sa maison, au plus profond de son jardin secret.
Cette exposition est un merveilleux outil pédagogique, une mine d’or pour l’étudiant, un trésor pour le cinéphile. Le visiteur ira d’une séquence à l’autre, d’un acte à l’autre et de Sarah Bernhardt à Jean Marais, il feuillettera le cinéma et le théâtre qui chez Cocteau se mélangent et se confondent et d’un film muet à la conversation téléphonique d’Anna Magnani, il pourra apprécier le génie et l’éclectisme de cet homme à l’esprit universel à travers 200 œuvres diverses.
Thierry Jan