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22 novembre 2024

Election à l’UMP : et si les vainqueurs étaient d’autres ?

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« L’affaire » UMP, 20 jours après le scrutin, est toujours dans l’impasse avec un président proclamé par la Commission électorale et la commission de contrôle, élu mais sans légitimité et un challenger qui s’accroche sans pour autant avoir la force d’obliger son rival à accepter une nouvelle élection.


vote_ump-9.jpg Les partisans de l’un et de l’autre se sont regroupés en deux groupes parlementaires pour un même parti, ce qui constitue une première absolue dans l’histoire parlementaire.

En attendant que les deux parties, mais plutôt on devrait dire les deux « bandes » tant l’intérêt et l’égo on pris le dessus par rapport à la valeur politique, trouvent une issue à cette burlesque situation, on peut se poser la vrai question de cette élection interne.

Parce que si toute la campagne de propagande et toute l’attention était pour l’élection du président du parti, successeur à ce poste du déchu ex-président de la République Nicolas Sarkozy, en réalité il y avait une deuxième élection qui avait elle aussi une importance capitale: celle des motions qui devront influencer la ligne politique du parti.

Et là, qui a gagné ? La motion la Droite forte a battu au poteau les cinq autres en recueillant près de 28 % des suffrages sur une ligne identitaire qui change le logiciel de l’UMP. Qui sont ceux qui en sont à la tête ? Deux trentenaires , Guillaume Peltier et Geoffroy Didier, aussi arrivistes que décomplexés, qui ont exécuté à la lettre ce que leur a enseigné leur maître, le maurrassien Patrick Buisson, encore lui, l’âme noire de Nicolas Sarkozy.

La droitisation de l’UMP résulte de la forte emprise que Nicolas Sarkozy continue d’exercer sur le mouvement. Elle se lit à travers le succès de la motion la Droite forte portée par ces deux trentenaires. Se référant constamment à l’héritage de l’ancien président de la République, qu’ils promettent de défendre et de faire vivre, les deux élus prônent la reconquête de l’électorat populaire par fusion de la « question sociale » et de la « question identitaire » avec référence appuyée aux racines chrétiennes de la France, défense de la laïcité et méfiance à l’égard de l’islam.

Que revendique le texte ? Trois choses essentielles :

Une fidélité absolue à l’héritage de Nicolas Sarkozy, avec mission de bloquer tout droit d’inventaire. Pour Peltier et Didier, l’histoire de l’UMP commence avec Nicolas Sarkozy. Jacques Chirac a eu beau rassembler le RPR, l’UDF et Démocratie libérale dans un même parti en 2002, il compte pour du beurre. C’est « la révolution culturelle » proposée par Nicolas Sarkozy à partir de 2007 qui a « rassemblé » les droites et les a « réconciliées avec le peuple », affirme leur texte. La conclusion coule de source : pas besoin de s’embarrasser des vieilles cultures gaulliste, libérale et centriste qui font le substrat de l’UMP. Tout cela est mort, puisque tout commence en 2007.

La reconquête par le peuple. C’est le pari de la Droite forte : transformer l’UMP en un grand parti populaire, récupérer tous ceux qui souffrent de la mondialisation pour battre la gauche et dévitaliser le Front national. Est ainsi désignée comme prioritaire « la reconquête des classes moyennes, des catégories populaires, de la France périurbaine et rurale qui souffre de déclassement social et identitaire et qui sont les grands perdants de la mondialisation. » S’ensuit un projet très nationaliste avec ode à la patrie, défense de la souveraineté, vision protectrice de l’Europe, dénonciation de l’assistanat, valorisation du travail, exaltation des valeurs familiales.

La fusion de la « question sociale » et de la « question identitaire ». Elle était en germe dès 2007 dans la campagne de Nicolas Sarkozy, avec le ministère de l’identité nationale. Elle s’est trouvée exacerbée durant la campagne de 2012, avec comme grand instigateur Patrick Buisson. Elle consiste à dire que « plus les individus sont affectés par la mondialisation, plus ils éprouvent un besoin d’enracinement et de frontières » ( Figaro le 13/11/2012).

Peltier et Didier reprennent totalement cette thèse à leur compte. Leur motion mélange patriotisme et référence aux racines chrétiennes de la France, défense de la laïcité et méfiance à l’égard de l’islam. Elle joue sur les peurs et flirte ouvertement avec les thématiques du Front national.

C’est la vraie révolution de cette élection : l’UMP est en train de devenir un parti de droite identitaire qui échappe à ses fondateurs.

François Fillon et Jean-François Copé continuent donc de se disputer la victoire en se battant sans même savoir qu’ils ont (peut-être) déjà perdu.

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