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22 novembre 2024

La N’drangheta, multinationale du crime organisé ?

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pieuvre.jpg La ‘Ndrangheta est devenue la plus importante association criminelle grâce au contrôle du trafic de cocaïne italien et européen. En 2007 (dernière estimation connue) , une enquête Eurispes avait calculée un chiffre d’affaires total de la ‘Ndrangheta de 44 milliards en un an. Le chiffre de la drogue ? Pour Eurispes, 27 milliards et 240 millions d’euros.


pieuvre.jpg Avec une telle masse d’argent, ce n’est pas un problème d’investir dans n’importe quel secteur économique, les portes restant largement ouvertes, surtout en temps de crise.

Les produits du trafic de cocaïne et de drogues en général sont juste un outil pour permettre aux « n’drine » de réaliser leur véritable objectif, et sans doute le plus difficile, celui de l’ascension au pouvoir.

Cette relation de cause à effet n’est jamais mentionnée, ont préfère parler de «infiltrazioni» dans le marché immobilier, commercial ou dans les marchés publics. Comme si pour vaincre la Ndrangheta il suffisait d’empêcher la possibilité de blanchir de l’argent par le biais des pizzerias et des bars.

L’argent de la coca sert non seulement à acheter des commerces, mais aussi pour créer des sociétés engagées dans la construction : Les contrats de construction et des services publics signifient des contacts avec la politique locale, les contacts avec la politique locale signifient la possibilité d’atteindre la politique nationale et ce genre de rapports (combinés avec une disponibilité économique importante) permettent d’atteindre les lieux du pouvoir.

A cet égard, on a récemment parlé de la dissolution des conseils municipaux de Bordighera, Vintimille et Imperia avec la mise en accusation des anciens maires pour connivence supposée à la N’drangheta.

Sans renter dans les détails, il est facile de comprendre qu’il s’agit de petits poissons et que pour connaitre ceux qui distribuent les « cartes du jeu », il faudrait remonter dans la hiérarchie politique du territoire voire même nationale.

Quant à la possible « infiltrazione » de cette organisation criminelle à Nice et sa région, pour en savoir plus il serait probablement utile d’utiliser la « recette » des magistrats anti-mafia Falcone et Borsellino : « Follow the money ». Pour l’avoir appliquée avec un certain succès, les deux sont considérés comme des héros de la lutte contre la criminalité.

Depuis des années, les responsables italiens de la lutte contre la criminalité n’ont ainsi cessé de mettre en garde contre l’inquiétante expansion de la N’drangheta, la mafia de Calabre, plus imperméable, plus violente et plus dangereuse que la mafia sicilienne.

Pratiquement en vain. Notamment parce que l’association criminelle qui compterait environ 5 000 membres (soit l’équivalent de Cosa Nostra mais pour un territoire dix fois moins peuplé que la Sicile) semblait jusqu’à présent beaucoup plus silencieuse que sa cousine insulaire. La N’drangheta n’a par exemple jamais ouvertement défié l’Etat en organisant des attentats spectaculaires sur le modèle des bombes contre les magistrats anti-mafia Falcone et Borsellino, en 1992.

Même si elle n’hésite pas à éliminer férocement ses adversaires, la N’drangheta a toujours cherché à faire profil bas pour favoriser son développement criminel. Elle est organisée sur un modèle horizontal où chaque clan gère son territoire à la différence de la mafia structurée de manière pyramidale avec à son sommet « la cupola » (sorte de conseil d’administration des différents parrains de Cosa Nostra).

En quelques décennies, la N’drangheta (dont le nom viendrait du grec « andragathia », signifiant courage et vertu) est passée du statut de petite association du Mezzogiorno mettant sur pied des enlèvements à celui de multinationale de la criminalité organisée. Comme la mafia, elle s’est autrefois développée en protégeant les petits paysans face aux grands propriétaires terriens.

Mais aujourd’hui, il s’agit d’une association qui se finance grâce au racket et à la mainmise sur les grands appels d’offres publics (que ce soit dans le secteur de la santé ou des infrastructures) ainsi que sur le marché de la drogue, s’infiltrant à l’étranger dans le sillage des communautés italiennes immigrées.

Les magistrats enquêteurs et la police reconnaissent que la structure éclatée de l’organisation en petits clans aux liens familiaux très étroits rend la lutte très ardue. Une dernière estimation conduit à 166 le nombre des « n’andrine ».

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