Pourquoi un Parlement de la Méditerranée ?
Rudy Salles : Je crois à la vertu du dialogue entre les peuples et à la nécessité de rapprocher les positions des uns et des autres. La Méditerranée est souvent considérée comme une ligne de fracture entre les peuples, alors qu’elle devrait être, selon moi, un trait d’union. Dès 2003, j’ai proposé aux Parlementaires qui siégeaient dans cet organisme de nous mettre au travail pour créer un véritable Parlement de la Méditerranée : parler du patrimoine que nous avons en commun, voir comment, tous ensemble, nous pouvons le protéger, le promouvoir, comment nous pouvons contribuer, même modestement à faire en sorte que les peuples arrêtent de se combattre et se retrouvent pour construire ensemble un avenir meilleur.
NP : Vous avez pu réunir, autour de la même table, les israéliens, les palestiniens, les libanais ou encore les syriens. Comment ?
RS : Mon ambition était de rassembler les Parlementaires Méditerranéens, les faire travailler ensemble en ayant pour seul objectif d’aller dans le sens de l’intérêt général de nos peuples. Si chacun considérait cette idée positive, en revanche j’enregistrais beaucoup de réticences de la part des belligérants du Proche Orient qui rechignaient à siéger ensemble. Je leur exprimais un avis différent en insistant sur le fait qu’en cas de problèmes, il vaut mieux se parler plutôt que de refuser tout contact. Ma thèse l’a emporté et nous avons commencé à construire ce projet. Plus de trois ans après, c’est-à-dire à la suite de nombreuses réunions et de négociations entre les différents pays, nous sommes arrivés au terme de nos travaux puisque nous avons participé ce lundi à l’inauguration du Parlement de la Méditerranée, à Amman, en Jordanie.
NP : Lors de la séance inaugurale, les Parlements des pays Méditerranéens vous ont élu à l’unanimité Président Fondateur de cette nouvelle Assemblée. Vous êtes un homme heureux ?
RS : Je ressens l’honneur qui m’est fait, mais aussi le témoignage de confiance et d’amitié qui m’est adressé par des peuples aussi différents mais qui sont unis par la Méditerranée et qui ont compris et soutenu mon action. C’est un vrai bonheur et une immense satisfaction d’avoir pu réaliser ce pari fou, surtout dans le contexte actuel assez difficile. Je suis réellement fier du travail accompli avec toute mon équipe, mais je suis également très fier que cette initiative soit venue de France et ait pu faire avancer le dialogue et la compréhension entre les Méditerranéens.
NP : Le siège de Cette nouvelle Assemblée sera installé à Malte. Pourquoi pas Nice ?
RS : C’est à Nice que les statuts de cette Assemblée ont été rédigés, à l’occasion d’une réunion que j’ai organisée avec l’ensemble des délégations Méditerranéennes. J’avais alors proposé que la Ville de Nice soit candidate pour accueillir le siège (je pensais alors à la villa Paradisio à Cimiez). Je regrette que le Maire de Nice ne se soit jamais intéressé à ce projet.