DU 03 AU 26 FEVRIER 2011 AU MUSEAAV, place Garibaldi, Nice
VERNISSAGE le JEUDI 3 FEVRIER 2011
« La Vie Rêvée des Arbres » de Véronique Rischard
Monique Boghanim, directrice Artistique MUSEAAV :
Véronique Rischard ne dessine que des arbres, à l’encre de chine sur fond de peinture blanche qu’elle travaille sans cesse, couche après couche. Les arbres étirent leurs branches en de gracieuses circonvolutions. Ils ont la souplesse et l’esthétique chorégraphique des danseurs déployant leurs bras dans des mouvements aériens. Pour tout dire, Véronique Rischard est aussi metteur en scène d’opéra. Au bout de ces extensions, il y a un petit travail de milliers de feuilles dont elle s’amuse avec plaisir. Maitrisant l’encre de Chine et ses subtilités, c’est l’occasion d’un magnifique exercice de style.
Il est courageux aujourd’hui de dessiner sans cesse des arbres. Même s’il n’y a plus de hiérarchie des genres comme au XIXème siècle, le paysage n’est plus en goût de sainteté dans l’art contemporain. Faisant fi des sirènes audibles du temps et de la tyrannie de l’avant-garde, l’artiste se remet uniquement à l’écoute de son silence intime. Et l’art et la manière de Véronique Rischard réussissent à nous procurer un plaisir raffiné. L’arbre omniprésent comme unique sujet. Le fond blanchâtre, cotonneux, comme un ciel proche du Paradis… Es-ce un chêne, un olivier ? Symboles tour à tour de la paix, de la justice et de la fo rce ? Mais l’espèce n’a au fond guère d’intérêt. Le tronc est énorme. Il a de l’âge. Il est le lien entre les racines terrestres dont on devine la puissante présence et les branches célestes. Considérant que l’arbre nous survit, il nous parle à tous de l’immortalité et de notre éphémère condition humaine.
C’est dans la composition que Véronique Rischard excelle, donnant dans les entrelacs des ramifications et les torsi ons du tronc, tout son équilibre. Souffle léger de l’air, le blanc circule entre les feuilles. Dans une inspiration toute romantique, l’âme du spectateur s’abime dans cette nature silencieuse. En diptyque ou en triptyque, la ramure, végétation abusive, pousse à l’infini, envahit la toile de panneaux en panneaux. Le fait qu’il existe ou non des figures dans un paysage n’est pas indifférent. Devant les tableaux de Véronique Rischard où il n’y en a pas, le regardeur s’approprie tout l’espace dans une impression d’harmonie et de plénitude.
L’artiste raconte qu’au Luxembourg, petite fille, elle aimait aller au fond du jardin, dans un arbre pour rêver … Devant « les arbres », c’est à notre tour de nous laisser aller à des moments de pure contemplation zen.