C’est l’histoire d’un destin extraordinaire que celui de Yousuf Karsh. L’homme né en Turquie en 1908 rencontrera les plus grandes personnalités du siècle dernier. Celles-là mêmes qui ont changé la face du monde, qui ont fait rêver les Hommes. De leurs rencontres avec le photographe naturalisé canadien, résulte cette galerie de portraits en noir et blanc.
Tout commence à la fin de l’année 1941, lorsque Yousuf Karsh est choisi pour faire le portrait de Winston Churchill, alors en visite à Ottawa. En pleine deuxième guerre mondiale, la photographie dévoile un Premier ministre anglais intraitable et invincible devant l’ennemi. La carrière internationale du photographe est lancée. Elle se poursuivra jusqu’à sa retraite en 1992. En 60 ans de métier, il photographie plus de 11 000 personnalités de divers horizons et nationalités. L’exposition présente 109 des portraits les plus célèbres, répartis par thèmes : musiciens, écrivains, figures politiques, acteurs…
Les lignes des photographies sont nettes et les tons subtilement nuancés. Le style karshien est précis, la technique parfaitement mise au point. L’ensemble confère un aspect sculptural aux personnages. Un peu figés, ils se révèlent tels qu’ils sont perçus la plupart du temps : Brigitte Bardot est glamour, Kennedy semble sage comme une image et le costume du général De Gaulle est repassé à la perfection. Rien n’étonne, le mot « cliché » prend ici tout son sens.
La magie opère tout de même sur les visiteurs. « Je trouve incroyable de pouvoir se balader entre Albert Einstein et Ingrid Bergman, explique Brigitte . Tous ces gens ont marqué mon enfance, mon adolescence et ma vie adulte. Là, il y a Alan B. Shepard, le premier homme à marcher sur la lune! J’avais alors 9 ans, je me souviens encore des images… C’est très émouvant de voir le visage des personnes qu’on a admiré alors que tous pratiquement sont morts. On peut penser que ces photos les rendent immortels ».
Yousuf Karsh s’est glissé parmi les personnalités et regarde passer les visiteurs. En 1938, le photographe s’était tiré le portrait. Vingt ans plus tard, il figurait dans la liste des dix plus grands photographes du monde établis par le magazine « Popular Photographie ». Mais en tant qu’artiste, le plus important à ses yeux était d’accomplir au moins deux choses : « émouvoir son spectateur et révéler l’âme de son sujet ».
