Le tracé et les modalités d’exécution de la ligne 2 est-ouest du tramway prennent l’allure d’une feuilleton à l’américaine entre le maire de Nice qui en est à sa cinquième ou sixième version et son principal opposant Patrick Allemand qui a bien compris que dans une ville sociologiquement ancrée à droite, la seule chance de pouvoir penser remporter les municipales en 2014 serait de créer une atmosphère de referendum sur un sujet d’intérêt général et, non politique dans le sens idéologique du terme.
Loin du clivage droite/gauche, quelle est ma préférence ou mon intérêt personnel ?
C’est, grosso modo, la sensibilité présente à l’occasion de la présentation publique du projet global des élus socialistes (pour l’opposition les communistes étaient absents ainsi que les Verts pourtant alliés avec les socialistes dans le groupe Changer d ‘Ere qui, eux, ont fait un pas de côté en déclarant, au préalable et à la fois, leur opposition au projet Estrosi mais proposent d’autres options par rapport à celui des socialistes.
En fait, ce Dallas en sauce vinaigrette risque de faire capoter le projet qui est déjà rentré dans sa cinquième année de cogitation après l’inauguration et la mise en service de la ligne 1.
Suivant la version actuelle, ce ne serait qu’en 2017 que cette nouvelle ligne serait construite et opérationnelle alors qu’il faudrait attendre 2019 pour que le projet soit définitivement complété.
De plus, pour l’extension à l’est (Ariane -La Trinité), il faudra encore attendre 2030, voire plus, alors que celle à l’ouest (Eco-quartier Méridia et Allianz Arena) n’est même pas dans les objectifs du projet. Pas mal comme carte de visite pour une zone qui devrait devenir le levier du développement économique et des installations des entreprises et des personnes !
Mais que reproche exactement Patrick Allemand au maire de NIce ?
« Le 13 mars dernier, Christian Estrosi a annoncé une nouvelle volte-face dans le feuilleton inépuisable de la ligne 2 du tramway en reportant à 2019 sa mise en service jusqu’au Quai Cassini.
Après une période de travail avec des experts, le groupe Changer d’ère prend ses responsabilités dans ce débat. Avec l’ensemble des élus socialistes du groupe, nous avons tenu, d’une part, à ne pas retarder ce projet qui reste la priorité des Niçois, et d’autre part, à démontrer que le Maire de Nice était incapable de le finaliser dans des délais et à un coût raisonnable.
Nous considérons que le choix du projet doit être tranché par le peuple plutôt que par les juridictions. Aussi, pour que cette confrontation démocratique* ait lieu, il fallait que nous soyons en mesure de vous proposer un contre projet. Il est désormais totalement prêt. ».
« Le tracé pour les niçois » dit un peu pompeusement Patrick Allemand accompagné par les élus socialistes et son staff. Un grand projet alternatif où les niçois sont écoutés, un tracé intégralement en surface, qui sera complet plus tôt et qui permettra de réaliser avant 2025 un réseau intégré et global avec des sub-lignes qui arriveront à La trinité et à Nice Méridia tout comme à l’Allianz Aréna.
En quoi le projet socialiste (On y voit la main d’un groupe d’experts pas du tout démunis de compétences) diffère de celui voté par la Métropole et, à ce jour, dans l’attente du feu vert ( le 11 juin le Tribunal délibérera quant au recours déposé par le Collectif qui réunit 300 citoyens et transversalement plusieurs élus de gauche et de droite et dont le porte-parole est Marc Concas , conseiller général ) ?
Bien sur, l’élément le plus visible est le « non » ferme et définitif au tunnel sous le boulevard Victor Hugo mais un autre élément majeur est l’abandon du terminus au Port et le passage à la gare Riquier (comme d’ailleurs initialement prévu dans un projet précédent).
Pour éviter l’écriture d’un roman, ce que la relation de ce projet hyper-complexe pourrait même permettre, nous résumons les détails du projet en synthèse :
Jean Médecin/ CUM (coût 73,6 M€ ), CUM/Saint-Augustin (126,9 M€), branche CADAM (45,9 M€), branche aéroport (45,9 M€), dépôt (25 M€) pour un total de 379,5 M€ TTC
Dans ce projet, les socialistes veulent intégrer la création d’une section de la ligne 1 quittant la ligne 2 à la hauteur de la rue Barberis et s’y raccordant à nouveau boulevard Saint-Roch après la desserte de la gare de Riquier.
On a déjà parlé de l’extension de Pont-Saint Michel à la Trinité ainsi que de
de Saint-Augustin au Stade/Méridia ce qui porte le coût total à 742,5 M€, un peu moins que le projet de Christian Estrosi mais avec l’avantage de créer, avant 2025, un maillage presque définitif avant d’arriver à Cagnes sur Mer.
Le projet socialiste ne manque certes pas d’allure et a même le mérite d’aller au delà de la simple critique pour offrir une alternative réelle : Il pourra plaire ou pas mais il a au moins le mérite d’exister.
On imagine les polémiques qui, à partir de ce jour même, prendront corps et on peut s’attendre un climat politique chauffé à blanc durant les prochaines semaines. En 2008, le projet et la construction de la ligne 1 avaient couté la réélection à Jacques Peyrat, l’ancien maire l’affirmant dans ses propos.
Le dossier de la ligne 2 semble bien se profiler comme l’élément central de la prochaine campagne municipale de 2014 et bien maline ou malin sera celle ou celui qui pourra donner, cette fois, le prix à payer pour le premier magistrat de la ville ?
