15h20 : les joueurs sortent des vestiaires. La tribune du stade des Arboras vibre. Les spectateurs trépignent. Ils s’agitent. D’impatience, pour libérer la pression et soutenir tous les acteurs. Ils en ont besoin. Ils devront faire front dans l’un des duels attendus de cette poule 4 de Fédérale2. Les visages des joueurs tendus ne masquent pas les enjeux. Les deux formations sont des concurrentes directes pour la montée. Il s’agit d’asseoir une suprématie départementale. Du côté Niçois, on veut mater le meilleur club du 06 qui a fait un passage en Fédérale1, l’antichambre du rugby pro. Du côté Grassois, l’objectif réside à défaire l’équipe qui veut être le porte-drapeau de l’ovalie azuréenne.
Le vent souffle dans la plaine du Var et dans le dos des Niçois en première période. Un avantage pas toujours bien exploité. L’arrière des jaunes et violets Julien Romand l’utilise à la septième minute pour la première action du match. Il relance de ses 22 mètres, tape un coup de pied à suivre. Son homologue réceptionne mal, prend la pression et se met à la faute. Des 22 mètres en coin, Geoffrey Marras, le 10 du RCNA ouvre le score (3 à 0 à la 7ème). Trois minutes plus tard, l’ouvreur Grassois Salim Barhoumi manque l’occasion d’égaliser. Les deux équipes s’appliquent, évitent les failles défensives où les trois quarts adverses pourraient s’engouffrer. La faille est trouvée par le demi de mêlée du ROG Jean-Pierre Rey. Après une touche aux trente mètres, Grasse enchaîne plusieurs temps de jeu. Les Niçois se replacent mal et laissent le malin Rey partir au ras et après une course de vingt mètres aplatir. L’essai est transformé (3-7 à la 13ème).
Le match bascule en cinq minutes
La défense Grassoise résiste facilement. Peu en danger, elle gère les accélérations des hommes d’Olivier Achaintre même si elle commet des fautes permettant à Geoffrey Marras de recoller au score (6-7 à la 15ème). La rencontre est équilibrée. Les deux packs sont solides. Les joueurs individuellement se valent. Nice connaît des problèmes dans l’alignement, paraît avoir un potentiel d’accélération plus fort mais des mauvais choix ou des ballons tombés gâchent les actions. Le match va se jouer en cinq minutes. Cinq minutes où le dieu de l’Ovale choisit son camp sans raisons apparentes. Un rebond et une mésentente entre Julien Romand et son ailier permettent à Philippe Bouquet de filer à l’essai (6-12 à la 30ème). Quatre minutes après, le plus percutant et virevoltant Niçois, Julien Kinane perce, mystifie, grâce à ses cannes de feu, la défense Grassoise. L’en but s’offre à lui. Il décide de servir Julien Romand qui n’a plus qu’à aplatir. Hélas pour Nice et heureusement pour Grasse, la passe mal ajustée est quasi incontrôlable pour l’arrière azuréen qui fait tomber le ballon. C’était le tournant du match. Les Niçois se consolent et inscrivent deux pénalités juste avant la pause. (12-12).
La deuxième période se résume rapidement. L’expérience Grassoise fait la différence. Deux pénalités de Barhoumi contre une de Marras. Nice a des opportunités mais les négocie mal notamment dans le temps additionnel avec une ultime mêlée à cinq mètres de la ligne. Les avants ont insisté mais se sont heurtés à un pack du ROG plus puissant. Les joueurs Grassois exultent. Les supporters explosent. Ils ont vaincu le petit poucet Niçois qui veut devenir ogre. Grasse a joué plus simple, plus collectif avec des joueurs évoluant ensemble depuis de nombreuses saisons. Nice a peut-être trop compté sur des exploits individuels du centre Kinane ou de son arrière Romand fébrile mais avec des velléités offensives indéniables.
Le Stade des Arboras a pu passer un moment agréable, au soleil, avec de l’ambiance et assister à une confrontation entre deux bonnes équipes. Toutes deux peuvent prétendre à la montée. Le prochain match sera compliqué pour Nice qui se rend chez le leader invaincu Romans tandis que Grasse accueillera Bastia. Grâce à ces deux équipes et à l’organisation parfaite du RCNA, le rugby azuréen est sorti victorieux de ce derby du vrai rugby.