Un sympathique dicton dit que » à mal penser, on fait pêché mais on dit la vérité »
Comme, on l’avait bien compris, l’affaire Semiacs n’a pas été autre chose que le prétexte pour régler un différend politique, à en croire les apparences.
En vérité, on reste encore franchement surpris par tant de dilettantisme dans l’initiative de l’ancien Premier Adjoint envers les autorités de police et judiciaires. Lui, un homme d’apparat de l’Etat et de haute formation militaire qui devrait bien savoir que le respect de la forme et de la hiérarchie est consubstantielle à certaines responsabilités.
Comment pouvait-il imaginer que Christian Estrosi passe sous silence son initiative de protester contre les Ministres de l’Intérieur et de la Justice, nonobstant le fait que ces mêmes sont les cibles régulières de ses propres attaques politiques ! A chacun sa chasse gardée.
De plus, rendre le tout public par une interview publié dans Nice Matin sans qu’il en soit averti à l’avance… C’était donner le bâton pour se faire battre comme, un temps et dans un autre contexte, un certain autre Premier Adjoint « dont même les gens de gauche l’appelait Gilbert » et dont les affiches 4×3 placardés sur les murs de la ville lui avaient coûté son poste.
Le motif de cette intervention ? Une « question d’honneur » aurait motivé l’ancien Premier adjoint. Mais quel est le déshonneur pour ne pas avoir été retenu comme témoin dans une affaire où il n’est que le Président de la société dans laquelle le seul Directeur est inquiété ?
Même si chacun essaiera de la cacher avec des pansements voire la soigner avec des cicatrisants, la plaie était bien autre et, quand entre le premier magistrat de la ville et son premier adjoint, on communique par écrit… Tout est dit et compris !
Rien n’est sans solution dans la vie (sauf l’acte initial et final) et Benoit Kandel, aura certainement une bel (autre ?) futur devant lui que celui politique. La personne reste de grande qualité même si, dans ce cas, l’émotionnel a pris le pas sur le rationnel, ce qui en politique est un grave défaut. Qu’il continue ou pas à faire de la politique à la fin de ses mandats semble, à ce point, secondaire.
Toutefois, on retrouve tout de même de l’amertume dans ses paroles et on peut aisément le comprendre. Il pourrait être la figure imaginaire de celui que l’écrivain Argentin Eduardo Soriano appelait « hombre vertical ». Mais, comment oublier que cette si belle et significative expression s’ accompagnait de la définition suivante: « triste, solitario y final ».
Lundi prochain au Conseil Municipal la page sera tournée et la vie continuera son chemin mais, l’épisode a fait l’effet d’un coup de tonnerre dans le monde politique local. D’où les quelques réactions que nous vous proposons :
Patrick Allemand, Conseiller municipal et métropolitain
Président des groupes « Changer d’ère » et « Socialistes, Verts et Républicains
Un nouveau règlement de compte au sein de la municipalité.
C’était un secret de polichinelle, tout le microcosme niçois savait que l’entente entre le Maire et son Premier adjoint n’était plus cordiale.
En politique il y a une règle : quand quelqu’un cherche à se débarrasser de vous, on évite de lui en donner l’opportunité. C’est pourtant exactement ce qu’à fait Benoit KANDEL en accordant cette interview à Nice Matin hier.
Il est certes difficile de laisser en responsabilité sur la sécurité un adjoint emblématique du mandat de Christian ESTROSI déclarant à la presse que la police ment et que la justice dérape. Mais lorsque cela vient d’un maire qui a lui-même lancé une pétition contre la Ministre de la Justice, la raison officielle manque singulièrement de crédibilité !
Au delà de l’affaire de la SEMIACS, sur le fond de laquelle je ne me prononcerai pas, il s’agit bel et bien d’un règlement de compte politique interne à la droite. Ce désaveu cinglant du numéro 2 de la mairie, en charge de la politique emblématique du Maire, la sécurité, est un coup de tonnerre à quelques mois des élections municipales. Cette improvisation au gré des humeurs et cette désorganisation de la sécurité publique municipale est en tout cas un mauvais signal donné aux délinquants de notre ville.
C’est le symbole de la fin de règne chaotique de Christian ESTROSI qui fait preuve d’une nervosité grandissante. Après Marouane BOULOUDHNINE, Jean-Auguste ICART et Benoît KANDEL, suspendus de leurs délégations, à qui le tour ?
Marie-Christine Arnautu, candidate du FN aux municipales 2014
Je tiens à réagir au débarquement du Premier adjoint de la Ville de Nice par Monsieur Estrosi. Les Nicois sont en droit d’exiger les véritables raisons de ce limogeage précipité. Pour autant cette décision est la preuve de l’instabilité de la majorité municipale, de l’incohérence de la gestion Estrosi, du mauvais bilan du Maire. Ce n’est que le début des grandes manœuvres Estrosiennes a l’approche des élections municipales. C’est aussi faire fi du jugement des Nicois plus que las d’une gouvernance arbitraire.
Jean-Christophe Picard, Président du PRG 06
Le ménage ne fait que commencer ! Alors que Christian Estrosi vient de lancer une pétition élégamment intitulée « Stop à Taubira », il retire ses délégations à Benoit Kandel au motif que ce dernier a mis en cause la police et… la justice ! Cela ne s’invente pas.
Il faut dire, à la décharge du maire de Nice, que le Premier adjoint est également président de la Semiacs qui a la particularité d’avoir son directeur accusé d’harcèlement et d’agression sexuels tandis que sa gestion est visée par une plainte d’Anticor 06.
Ce qui est sûr, c’est que le ménage ne fait que commencer ! En effet, à quelques mois des élections municipales, le recours au limogeage est tout bénef’ pour le futur candidat Estrosi : elle lui permet de se débarrasser de ses colistiers les plus encombrants tout en libérant les places nécessaires au traditionnel renouvellement des têtes. Il n’y a donc aucune raison pour que cela s’arrête…
Dans ce contexte, gageons que l’avenir politique de Joseph Calza et de Daniel Benchimol s’annonce pour le moins compromis*.
JEAN ICART Conseiller Municipal, Conseiller Général
Détourné de sa carrière militaire par Christian Estrosi, des procédés sordides l’écartent du pouvoir. Pauvre ville de Nice, qui va une fois de plus pâtir de ce genre de pratiques !
Benoit Kandel a osé parler dans l’affaire de la SEMIACS, droit qu’il n’avait pas été mis en mesure d’exercer. Il est puni !
Colonel de gendarmerie, la devise de son arme doit lui servir de soutien : « Pour la patrie, l’honneur et le droit ». Bienvenue au club des évincés !
Gaël Nofri:, président de Génération Avenir
A quelques mois du scrutins Christian Estrosi ne craint pas le ridicule.
Sortir son Premier Adjoint pour des raisons aussi fallacieuses que celles invoquées ne trompe personne: le Maire fait le ménage de son entourage dans l’espoir d’apparaitre aux municipales de mars prochain, telle les vierges le jour de leur mariage, blanc immaculé.
La gestion de la SEMIACS, de la voirie, du stationnement et de la sécurité sont indissociables du bilan du Maire sortant. Alors que certains élus de la majorité de Monsieur Estrosi font aujourd’hui l’objet de poursuites judiciaires graves et risquent d’importantes condamnations, le choix du premier magistrat de la Ville de les maintenir en place pendant que l’on destitue le paria du jour prouve, une fois encore, que l’honnêteté, la bonne gestion, l’intérêt des Niçois ne comptent pas parmi les valeurs qui influencent le Maire de Nice dans son quotidien.
Cette annonce résume finalement bien les cinq ans et demi de mandat que nous venons de vivre: puisque tel est le bon vouloir du Prince…
