Le Conseil Municipal convoqué, ce jour, par le Maire Christian Estrosi afin de régler par voie administrative le limogeage de Benoît Kandel de sa fonction de 1er adjoint perd son argument principal puisque l’intéressé a préféré anticiper la publicité d’une décision de toute manière escomptée et a donné, hier, sa démission.
C’est l’issue logique d’une affaire dont on ne connait pas encore l’origine, ni toute la vérité. D’ailleurs, comment imaginer que Benoît Kandel, militaire de formation et dont on connait la droiture morale, puisse accepter un débat public avec le Maire en accusateur et ses anciens collègues et amis en habit de jury populaire avec le risque quasi-certain de se voir soutenu par l’opposition ?
Il a donc, en toute logique, opté de tourner la page et de sortir dignement d’une situation presque grotesque dont on se demande encore le pourquoi du comment et dans laquelle toute la cruauté et le cynisme de la politique ont été déployé.
Cette décision supprime aussi, de fait, la possibilité à l’opposition de hausser le ton pour demander au Maire de Nice de s’expliquer sur la méthode de gestion de ce dossier qualifié par le conseiller municipal Jean-Auguste Icart (lui-même évincé de la majorité municipale pour délit « d’indépendance intellectuelle » dans le dossier du tramway et depuis devenu un des farouches opposants de Christian Estrosi) de « fonctionnement totalitaire ».
La démission de Benoît Kandel tombe à pic pour éviter que cette séance ne devienne un lieu d’accusations et de contre-accusations réciproques où l’argument principal (son éviction) aurait servi de prétexte pour un « rodéo » verbal. Reste le sentiment d’opacité dans la gestion de cette affaire dans laquelle il n’est pas difficile de déceler les nombreux coups fourrés.
Comme largement annoncé, encore que c’est le vote du Conseil Municipal qui devrait l’officialiser, le nouveau 1er adjoint sera Philippe Pradal, un nom qui fait l’unanimité pour sa compétence en matière budgétaire et financière, considéré par tous comme un fidèle serviteur de Christian Estrosi, ce qui , considérée la tendance à l’autoritarisme du Maire et vu le précédent de Benoît Kandel, sera certainement un atout indéniable pour arriver en pole-position dans le positionnement de la future liste électorale.
Mais, ce choix pourrait aussi être celui d’une option stratégique et un signal fort pour la désormais proche campagne électorale, ainsi que Benoît Kandel avait été le symbole de l’option sécuritaire de la mandature qui va se terminer, celui de Philippe Pradal pourrait être celui de la maitrise des finances de la Ville et de la Métropole (dont le nouveau premier adjoint est le président de la commission des finances) pour le prochain mandat de Christian Estrosi.
D’autres part, la politique économique du territoire, qu’on retrouve de plus en plus dans les propos et quelques fois dans les actes du Président-Maire, ne peut que s’accompagner, pour être ambitieuse et efficace, que par une gestion intelligente et rigoureuse des finances de la ville et de la métropole de plus en plus coordonnées.
Et pour que le navire tienne le cap, quoi de mieux qu’un bon skipper ?
De ce point de vue, Christian Estrosi ne pouvait pas faire meilleur choix : Homme de consensus, Philippe Pradal est un gage certain de réussite.