Le récent déchirement au sein de la famille UMP locale en vue de l’élection municipale 2014 à Saint-Martin-Vésubie est un cas d’école qui illustre bien la dérive négative de la démocratie.
Pour mémoire : Le mot « démocratie » vient des paroles grecques « demos » et « cratos » et signifie le pouvoir de tous. Or, dans la forme la plus évoluée de son application, la démocratie s’accompagne de la forme représentative (parlementaire ou autre instance institutionnelle comme la commune ) à travers une élection à suffrage universel.
De cette manière et seulement si toutes les conditions sont remplies, on peut parler de démocratie sans en usurper la signification.
Pourquoi ce préambule ? Parce que ce qui s’est passé à Saint-Martin-Vésubie est emblématique du mauvais visage de la démocratie qui éloigne de plus en plus les citoyens des institutions perçues comme des lieux de pouvoir gérées par des professionnels et non pas des représentations du bien commun, la « maison de nous tous ».
Les faits : Gaston Franco, l’inamovible et bien estimé maire sortant de la petite commune de la Vésubie, député européen (également sortant), apprend que son bras-droit et premier adjoint Christian Ayraut se présentera contre lui avec une liste qui aura le soutien du président du Conseil Général Eric Ciotti.
Réaction du premier :Comment me faire ça ? et de la part de celui auquel j’ai laissé ma place de conseiller général de manière à pouvoir être élu ( … quelques jours après !) président de la collectivité départementale. En échange, il m’aurait soutenu pour ma réélection au parlement européen…
Commentaire du second : Oui, j’ai ainsi décidé parce que je vois un manque de motivation ( sic !) de Gaston Franco
Nouvelle réaction du premier : Le futur opposant est débarqué de sa place de premier adjoint et ses délégations lui sont retirées.
Nouveau commentaire du second : Je ne comprends pas les agissements de Gaston franco. Un maire doit être en phase avec le président du Conseil général qui a toujours supporté les demandes de la commune pour le financement des projets.
Mais où sommes-nous ? Sur la lune ? Démocratie a-t-on dit ? Mais quelle démocratie ?
Gaston Franco est surpris et réagit parce que une liste s’opposera à la sienne lors de l’élection 2014: Quelques questions s’imposent…
D’abord à Gaston Franco : Est-ce un crime de lèse majesté de se présenter aux électeurs et de demander leur vote pour être élu ? Est-on titulaire du poste de Maire par droit divin ou par la volonté des citoyens ? Le fait d’être maire et maire estimé depuis longtemps octroie une position patronale ? Pourquoi débarquer le 1er adjoint dont on ne tarit pourtant pas d’éloges pendant cette mandature pour le simple fait qu’il sera son opposant à la prochaine élection municipale ? L’élection au parlement européen viendrait-il de la volonté d’Eric Ciotti et non pas du vote des électeurs ?
Eric Ciotti, quant à lui, de quel droit peut-il décider qui est suffisamment motivé ou moins pour être maire ? Et à quel titre ? Bien sur, il est le président du conseil général des Alpes-Maritimes mais les interventions et financements dans cette commune comme dans les autres, dépendent d’un intérêt général ou du simple bon vouloir en fonction du fait que le maire élu soit de son gré ou pas ? Et, son soutien à Gaston Franco en tant que candidat au parlement européen vient du fait qu’il le considère comme un bon choix ou du fait que le même « Gaston » accepte ou pas de renoncer à son poste de maire dans cette commune convoitée par lui ?
La mairie de Saint-Martin-Vésubie est une commune de la République ou un fief de propriété personnelle de l’un ou de l’autre ?
Que dire ? Ubuesque, grotesque, burlesque ? Non, tout simplement désolant.
Bien sur, on sait que la fonction publique en tant qu’élu s’accompagne avec l’exercice du pouvoir et que celui-ci a souvent le visage de l’appropriation et de l’usurpation.
Mais, humainement, on doit y mettre les formes. Et là, franchement, c’est brutal tel un véritable duel médiéval pour une seigneurie de territoire !
Et les citoyens dans tout ça ? Et la démocratie avec tous ces beaux principes, le peuple, le consensus, le vote ? Rien à voir avec tout ça dans cette histoire et il est à vivement espérer une arrivée imminente de l’interdiction du cumul des mandats à laquelle il faudrait même ajouter un nombre maximum de deux mandatures.
Il y a urgence dans ce que Henri Kissinger, le fameux secrétaire d’État américain , appelait « fresh faces » ! Il en va du salut de la démocratie…la vraie !
