Le réseau esperantiste étend sa toile.

Au détour d’un rêve ou sur un coup de tête, ces hommes et ces femmes ont, un jour, décidé d’abolir leurs frontières pour se faire naturaliser «citoyens du monde». Créé en 1887, l’Espéranto compte aujourd’hui plus de deux millions de locuteurs de par le globe. Si, pour une bonne partie du monde, la communauté espérantiste s’est éteinte depuis longtemps, la réalité est toute autre. Composées de globe-trotters en tout genre, d’amoureux du voyage ou simplement d’incorrigibles philanthropes, les associations soutenant cette langue universelle pullulent depuis quelques années.

Alors que l’Anglais domine la scène linguistique internationale, le «come-back» de l’Espéranto peut surprendre. Et pourtant, un seul mot suffit à lui donner un sens: Internet. Quel meilleur vecteur de propagation pour la philosophie espérantiste que la toile gratuite et libre d’accès du Web? Le phénomène s’étend donc très vite et la langue séduit un peu plus chaque jour les internautes «alter-anglicistes» lassés d’un univers jugé imperialiste. L’argument choc de la langue est qu’il ne faut pas plus de 15 minutes pour assimiler l’ensemble de ses règles orthographiques et grammaticales.

Émilie Vergauwe étudie l’anthropologie à l’Université Libre de Bruxelles. Elle a vécu la majeure partie de sa vie en Australie, son père est d’origine russe et sa mère et belge. Émilie a décidé d’apprendre l’espéranto l’été dernier. Elle parle aujourd’hui couramment la langue via Internet.

La jeune étudiante reconnaît avoir du attendre deux mois avant de se séparer de son dictionnaire qu’elle devait, jusqu’alors, garder à porter de l’ordinateur. Dans moins de deux mois, elle ira passer le réveillon du nouvel an à Prague, chez une amie espérantophone qu’elle a rencontrée via le réseau espérantiste et grâce à l’association «Espéranto-jeunes» (https://esperanto-jeunes.org). Émilie possède également le «pasporta servo», un annuaire recensant quelque 1350 hôtes à travers le monde prêt à héberger gratuitement n’importe quel espérantophone, et compte bien en faire usage sur la route de Prague. Voyager presque gratuitement, échanger d’égal à égal avec n’importe quel humain, quelle que soit son origine ou son appartenance ethnique, c’est le vœu un peu fou qu’à fait Louis Lazare Zamenhof, l’inventeur de cette langue universelle.

Aujourd’hui, après plus de cent ans d’existence, l’Espéranto semble trouver un nouveau souffle grâce au Net. S’il s’agit là d’une seconde chance, tâchons de ne pas passer à côté : https://www.esperanto-france.org/