On est en plein marasme dans une période de ras-le-bol fiscal. Nous le savons, c’est un doux euphémisme ! Il faudrait toutefois s’exprimer différemment : Les jacasseries de chacun trouvent terrain fertile, les mouvements ornithologistes prolifèrent entre pigeons, poussins et autres espèces, suivis par ceux qui arborent les bonnets de différentes couleurs comme des casques militaires (L’uniforme fascinera toujours les nouveaux combattants qui aiment se donner un signe distinctif), et tout cela au nom du sacrosaint principe que ‘trop d’impôt tue l’impôt » .
On constate l’essor d’un certain populisme, numériquement encore pas trop important pour le moment mais qui se multiplie dans chaque catégorie socio-professionnelle, faisant appel au radicalisme verbal, à des solutions utopiques, à la substitution de l’action directe pour l’action électorale et parlementaire.
Bien entendu, les impôts, personne n’aime ça. Alors, pour motiver ces protestations on assiste à un amusant ballet de mots d’ordre vagues, telles l’indignation ou encore la résistance… On est alors obligé de constater que nous sommes dans une société de violence où les réflexes de sociabilité ne sont plus intégrés. Nous n’avons plus, ou peu, d’objectif commun qui mobilise bien au delà des intérêts particuliers et corporatifs.
On hulule le même cantique (On est contre…), plusieurs sons de tambours (qui font plus ou moins de bruit…) , une drôle de cacophonie ! La dérive est devant nos yeux et sans un soubresaut d’orgueil civique, le risque du déclin se pose bien là.
Le problème est général : L’économiste britannique Richard Murphy, publie depuis quelques années la recherche européenne « Tax Research » qui fait état d’un manque fiscal de 1 000 milliards (Entre 850 M€ d’évasion plus 150 de non-déclaration ).
Autre exemple pas si lointain : Les cousins et voisins italiens déclarent (2011) 783 milliards de revenus mais en dépensent 919. Qui dit mieux ? Le poujadisme n’a jamais payé en terme électoral et l’opposition d’aujourd’hui devrait s’en souvenir, surtout si elle veut, à nouveau, être le gouvernement de demain.
Il faudrait donc une analyse sans complaisance, comment peut-on en effet soigner la maladie si on n’en connait pas les causes ? Les chiffres sont là et la vérité bien cruelle :
- 60 millions de fraudes RSA°
- 120 millions de fraudes à l’assurance-maladie par les professionnels de la santé°
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260 millions de travail non déclaré°
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363 millions de fraudes douanières*
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2.989 milliards de fraude fiscale *
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150 milliards de niches fiscales
Plus récemment, une statistique fait état d’une évasion fiscale qui comporterait un manque de 60 à 80 millions de recettes. Et on ne parle pas des grandes sociétés qui, par effet de ce qu’on appelle pudiquement « optimisation fiscale », payent 8 à 10 % d’impôt sur les bénéfices, tout en protestant sur le taux nominal est trop élevé !
Sans compter les « patriotes » (Des Robin des bois au contraire…) qui ont réglé individuellement et par avance leur problème en trouvant refuge dans des bras plus accueillants … et bien sûr, en toute légalité !
Alors oui, « trop d’impôt tue l’impôt « , par où et qui on commence ?