Le soleil du mois d’octobre finit de roussir les feuilles du vignoble de Bellet. Après la vendange de septembre, c’est dans les caves que tout se joue. En plein décuvage, les exploitants et leurs commis veillent à leur or, rouge, rosé ou blanc.
Sensibles au culte de la tradition et de la qualité, les vignerons de Bellet restent surpris de la rare qualité des raisins qu’ils ont rentré dans les cuves cette saison. « Les conditions climatiques de cet été ont été favorables à une excellente maturité du raisin. Avec un mois de juillet chaud et sec, les maladies ne se sont pas développées, la pourriture non plus », s’enthousiasme Ghislain de Charnacé, président du syndicat de défense viticole et de l’appellation d’origine contrôlée Bellet. Il continue : « fin juillet, la petite pluie peu abondante mais suffisante a été bénéfique ». C’est donc un raisin saint avec lequel doivent travailler les exploitants.
A la propriété Augier, même constat : « bonne année, bonne vendange, les arômes qui se dégagent sont prometteurs, le blanc est très parfumé ». Le vin blanc composé à 90% de Rolle, cépage de tradition niçoise, présage d’être fidèle à ses particularités gustatives et olfactives : séveux et gras au nez d’amande grillée et de coing. Le terroir de nature humide de ces récoltants donne à leur récolte des particularités qui leurs sont propres.
Un peu plus haut, sur les terrains ensoleillés, là où la tramontane souffle toute l’année, Jean Spizzo et sa femme admirent la qualité de leur futur vin rouge. Une robe rouge aux reflets grenats, une faible astringence, des tanins souples et un bouquet de rose sauvage, de fruits confis, d’épice et de poivre dissimulent idéalement les 13,5% d’alcool. Mais en ce moment, les cuves de rouge dorment encore, Jean Spizzo remonte les moûts deux à trois fois par jour pour donner au Bellet une couleur parfaite. « Après cette première fermentation dite « alcoolique » , l’élevage s’effectuera en fût de chêne, pendant 18 mois. »
Un grand millésime s’annonce sur les collines du nord de Nice. Une qualité bienvenue dans un contexte de concurrence accrue, avec l’arrivée sur le marché français, des vins du nouveau monde. Les exploitants provençaux misent sur la qualité, ils en sont récompensés.