Après six conférences thématiques, le maire sortant et grand favori à sa succession, Christian Estrosi a présenté son projet pour une deuxième mandature au Palais de la Méditerranée devant près de 3000 personnes, selon ses organisateurs.
Une foule qui a surchauffé la salle, le hall puis la Promenade des Anglais dans un climat festif et la conviction certaine que l’élection, ou encore mieux la victoire ( les slogans « On va gagner » ont résonné à plusieurs occasions lors de la soirée) , de leur candidat est quasiment acquise.
Même si on peut le regretter (et oui, la démocratie devrait autre chose et nous y reviendrons), le rituel électoral est maintenant vécu comme une compétition sportive, un spectacle captivant mais, parfois, sans réelle portée.
D’ailleurs, Christian Estrosi n’a-t-il pas donné à son projet une allure métaphysique ? : » C’est celui de la vie à Nice, pour vivre heureux dans une ville transfigurée »- a-t-il affirmé dans un discours ponctué par des nombreux applaudissements en présence de la nomenklatura locale et de plusieurs élus de la métropole, histoire de faire comprendre qui est le maître du jeu.
On évitera de revenir sur le bilan de la mandature qui va se terminer dans quelques semaines et qui, pour Christian Estrosi, se résume en un seul mot : Excellent ! « Jamais, une équipe municipale n’a accompli autant de travail, réalisé autant de projets ». Et de rappeler que des 100 propositions présentées en 2008, 136 (en comptabilisant celles non programmées mais réalisées en cours de route) ont été finalisées !
Par devoir, on doit rappeler que Patrick Allemand, au cours d’un point presse, avait présenté un tableau comparatif qui donnait un résultat largement inférieur. Cette dichotomie (au delà de l’opposition classique entre rivaux), nous permet de dire que, d’après la théorie d’école appliquée dans ces cas, les objectifs et leurs réalisations sont difficilement mesurables et soumis à des interprétations diverses et variées.
En ce qui concerne le futur, un retour a été fait sur les six conférences thématiques qui ont mis en perspective les grands axes de développement économique via l’Opération d’Intérêt National (politique industrielle à travers infrastructures et entreprises innovantes) et les stratégies événementielle. culturelle et sportive pour renforcer l’offre touristique et des services.
A ce stade, la catalogue des propositions n’est encore qu’un… catalogue. Tentative de séduction démagogique mise à part, le temps viendra pour décliner ces objectifs en actions concrètes et, aussi, pour mieux comprendre à qui en sera confiée la réalisation. A ce titre, la présentation de la liste et des colistiers, qui aura lieu le dimanche 2 mars prochain, sera très intéressante à décrypter.
Et, si on s’en tient à la déclaration du maire sortant : » Je ne veux pas transformer Nice en Las Vegas ou en Disneyland » peut-on espérer qu’une deuxième mandature sera plus sobre évitant parfois le sentiment de se sentir parfois à « Nicewood » ?
En ce qui concerne la partie politique, Christian Estrosi a choisi de s’attaquer à son seul rival traditionnel , le candidat de la gauche réformiste, Patrick Allemand, choisissant délibérément d’ignorer les autres, et particulièrement, Olivier Bettati. Il l’a fait, tout de même, de temps en temps, d’une manière plus suggestive en parlant de « projet contre projet » et opposant son « projet libérateur » à celui qui » détruit la Nation ».
Mais, si on va outre la posture médiatique, comment penser qu’un Christian Estrosi, dont on connait la force et la détermination, peut avoir peur de Patrick Allemand, porteur d’un « projet mortifère » ? Comment peut-il imaginer le candidat socialiste « attaquer les familles, écraser les entreprises, baisser les bras devant la délinquance, assommer le pouvoir d’achat, ignorer les jeunes , assujettir la culture, piétiner les valeurs » ?.
En fait, le schéma tactique est simple et évident : Il faut éviter une triangulaire, voire une quadrangulaire pour affronter et battre largement Patrick Allemand au deuxième tour dans un « duel ».
Pour terminer, et puisqu’on parle de futur, donc des jeunes « qui vont offrir leur force d’imagination et de création de richesse à d’autres pays… ». On aurait espéré que, dans cette campagne électorale du maire sortant et candidat, les jeunes aient un autre rôle que celui de la claque et d’agitateurs de drapeaux hurlant des slogans, pour, ainsi, apporter leur significative contribution à la prochaine mandature.
En ce sens, et pour faire suivre les actes aux paroles, le bon auspice serait peut-être de voir une bonne partie de trentenaires dans la liste que Christian Estrosi doit déjà avoir dans un coin de sa tête.
