Si son nom ne vous dit rien, ses œuvres parlent pour lui – Jean Nouvel est le père, entre plusieurs autres, de l’Institut du Monde Arabe et du Nouveau Musée Quai Branly. Il se retrouve bailleur de la vieille tour de garde pour 50 ans ou plus si affinités, avec l’ambition de retrouver le sens du lieu.
« J’espère en faire un témoignage patrimonial et rendre hommage à la création contemporaine », a-t-il déclaré lors de la signature de la cession du bâtiment par le Ministère de la Défense à la Mairie de Nice. Un joyau de trois hectares de la valeur de 800 000 euros sans les travaux de réhabilitation.
Le choix de la Batterie du Mont Boron s’est naturellement imposé à Jean Nouvel : « Il n’y a que l’architecte comme moi pour pouvoir y travailler », plaisante-t-il.
Connu pour ses prises de position plus que polémiques sur l’architecture urbaine, notamment lors de la réhabilitation de l’Opéra de Lyon, l’architecte relève là un extraordinaire défi. « La Batterie ressemble aujourd’hui à une cour de ferme. Grands murs, plaques militaires qui vantent le courage et le patriotisme des militaires. Un bâtiment obscur dont les voûtes retiennent la terre. Elle est en plein dans la pinède, encerclée par les conifères. Le toit est recouvert d’un tapis d’aiguilles de pin. Et ses odeurs extraordinaires ! », s’enthousiasme le bâtisseur.
Pour ce défenseur d’architecture particulière, la Batterie représente le chantier rêvé. Elle a traversé l’histoire Niçoise, s’est fondue dans le paysage. Elle fait partie de notre patrimoine.
Il y a aussi l’histoire d’accord de cession qui interdit formellement de démolir ou reconstruire le bâtiment. « Comment pouvoir y travailler sans rien y toucher ? Un peu de lumière, un peu d’aménagement intérieur extérieur », Jean Nouvel a déjà une vision très ambitieuse du futur chantier. Mais il hésite à en dévoiler tous les secrets.
Mais surtout, la Batterie a une âme méditerranéenne. Et Jean Nouvel avoue recentrer son travail sur la Méditerranée. Ses récents travaux, à Barcelone, Andorre, Gènes, Majorque, Chypre, en témoignent. « Et puis, à 61 ans, je crois avoir mérité de travailler sous le soleil. On travaille tellement mieux sous le soleil ! », rit-il.
Et après les travaux ? La Batterie sera vouée à devenir le lieu de rencontres entre les architectes internationaux qui vont travailler sur un projet… recentré sur la Méditerranée ! Et supervisés par l’architecte en chef, Jean Nouvel. Mais aussi, un lieu ouvert au public où l’on pourra faire des expositions intra et extra muros, un lieu d’échange autour de l’architecture contemporaine. Une autre Biennale d’Architecture en quelque sorte…
Pourquoi Nice et pas Marseille ? La troisième ville de France est certes très active en termes de dynamique culturelle. Cependant, elle est dépourvue d’un considérable atout – un aéroport international avec des lignes directes ! « Je suis amoureux de cette région. J’ai des chantiers un peu partout ici. Et l’aéroport, c’est quelque chose que je n’ai pas évoqué jusqu’alors. Il est vrai, qu’il faut que je vive tout près d’un aéroport. Il faut que mes clients puissent venir directement ».
Une nouvelle direction s’ouvre à Nice. Celle dont elle a du mal à profiter, même en ayant un aéroport international – une ouverture sur le monde, une image de modernité et d’innovation.
Pourvu que les vœux du possible associé de la reconstruction du Ground Zero se réalisent…