Les élections du 23 et 30 mars ont renouvelé les conseils municipaux. Ces jours-ci, se sont tenus ou vont se tenir leur premier conseil avec l’élection du Maire. Outre les considérations politiques d’une élection, il y aussi l’aspect institutionnel : Une commune est, avant tout, le sens du mot le confirme, un territoire, une communauté de personnes et un lieu de vie. Ces mots appellent à un ordre local, à une distribution des rôles et des responsabilités.
Les français disent trouver dans leur ville une rassurante proximité, de s’y sentir bien et d’avoir un vrai sentiment d’appartenance. Les élus locaux dans leur ensemble, mais le maire, en particulier bénéficient d’un crédit qui fait de plus en plus défaut au reste de la classe politique.
Pourquoi ?
Face à la mondialisation et aux nombreuses évolutions politiques, économiques et culturelles, le local est devenu le lieu concret de la vie des gens. Face aux risques de délitement social, la collectivité est le ciment de la rencontre et de l’échange qui peut proposer une place pour chacun.
Bref , la collectivité est partie prenante des conditions de vie et d’existence de ses habitants.
Le Maire incarne la fonction politique dans laquelle les habitants ont le plus confiance. Bien évidemment , parmi eux, il y a toute sorte de personnalités et de cursus. La plupart travaillent beaucoup et ont une grande maîtrise de leurs dossiers.
Comme dans toute sorte de population, il y a des belles intelligences et des insuffisants, il y a des gens modestes et attentifs et des égos insupportables. Leur dérive, c’est l’argument d’autorité : Ils sont élus et ils ont donc raison.
Bien sûr, au delà du maire, il y a tout de même une vie politique locale, il y a une majorité et une opposition, il y a des lieux démocratiques de débats, ne serait-ce que les conseils municipaux et les conseil communautaires et toutes les autres instances représentatives de ses habitants.
Oui, on peut s’interroger sur les limites de ces conseils qui sont, parfois, des simples lieux d’enregistrement des décisions, quand un dossier arrive au conseil, il est déjà ficelé. Dans ces assemblées, se déploient des jeux de rôles convenus où chacun est dans l’obligation de jouer une partition pour faire vivre une scène locale politicienne qui n’intéresse que ses acteurs et dont le débat public est réduit aux plaisirs de quelques élus entre eux.
Se développent ainsi des formes multiples de concertations institutionnelles, tels les comités des quartiers, les conseils de développement, les conseils municipaux des jeunes ou encore les commissions consultatives, workshops, ateliers, balades urbaines sous forme d’inauguration. Ce marketing est utile à l’image mais plus que l’appeler démocratie participative… On devrait le définir comme un vaste patronage.
D’ailleurs, concernant celles et ceux qui y participent, ne représentant en général qu’eux-mêmes, les interrogations demeurent quant à leur mode de désignation et la nature des lobbies ou associations qu’ils représentent.
En fait, on est en présence d’une espèce d’autocratie bienveillante entourée d’une oligarchie composée d’émetteurs constitués, pour jargonner comme les sociologues, à savoir les différents lobbies, les associations, les gens que la collectivité locale élit comme méritants.
On oublie que les consensus sont d’autant plus légitimes que l’on a préalablement écouté et respecté les désaccords. Mais alors, pourquoi cette réalité, avec un maire qui reste le personnage politique le plus populaire en France ?
C’est parce qu’il est porteur du principe de l’héritage, l’héritage reçu et celui qu’il laissera. Il porte la continuité historique de la ville. Ce principe légitime son action et illustre sa figure. Construire, détruire, remodeler sont le privilège et la jouissance du pouvoir. L’autre face de la médaille est de continuer l’histoire, y être fidèle et la projeter dans l’avenir.
Pour ces raisons , il se doit d’être une autorité fédératrice entre l’officialité et la proximité.
Ad maiora !