« Quand on ne me prend pas pour un imbécile, on pense que je suis ivre. Infirme moteur cérébral, j’ai des problèmes d’équilibre et d’élocution. Toutes les conneries que j’entends, à longueur de temps et de journée, c’est effrayant. On me fait comprendre que ce serait mieux si je crevais. Maintenant, je préfère en rire, rester cool, je me sens comme Alexandre le Bienheureux, le héros incarné par Philippe Noiret, qui a décidé de ne plus s’en faire. C’est important pour s’en sortir. Tout récemment, le directeur d’un centre culturel m’a dit qu’on me faisait un cadeau en me donnant des cours d’informatique (alors que je les paie !), et que l’autre cadeau, c’était que je sois en vie. Autrement dit, on me faisait une faveur de m’accepter à ces cours à cause de mon handicap ». C’est le témoignage de Philippe Etre, extrait du livre : « Handicap : silence on discrimine ».
Le Handicap est la première cause de discrimination en France. Denis Tacini, délégué départemental de l’APF (Association des Paralysés de France) explique : « Les Handicapés sont victimes du regard que l’on porte sur eux. Deux français sur trois ont une vision misérabiliste du handicap. Les gens craignent de toucher un fauteuil roulant ».
Ce constat, très dur à vivre pour la personne handicapée, a incité l’APF à organiser une journée pour lutter contre cette discrimination. Cette opération appelée « Changeons de Regard » aura lieu mardi 11 octobre partout en France. Dans les Alpes-Maritimes, elle se déroulera à Cannes devant la Mairie de 11h30 à 13h30.
« Nous allons distribuer aux passants des lunettes afin de regarder une affiche mettant en scène une personne sur un fauteuil roulant. Avec les lunettes, le fauteuil disparaît, remplacé par une chaise. Le message est simple : la personne reste la même, sur un fauteuil ou sur une chaise », raconte Denis Tacini. Durant deux heures, les personnes en situation de handicaps parleront des discriminations dont elles sont victimes et des combats qu’elles livrent chaque jour pour vivre comme tout le monde.
Malgré un travail législatif important afin de rendre accessibles tous les bâtiments publics et privés, il est toujours difficile de prendre un bus, d’aller au cinéma et même de travailler. Et, ici aussi sur la Côte d’Azur comme dans tout l’hexagone. Denis Tacini donne des exemples précis : « Dans les Alpes-Maritimes, il est impossible pour un handicapé de se marier au Cannet, à Antibes ou à Menton parce que la mairie n’est pas accessible en fauteuil roulant. A Nice, un jeune handicapé n’a pas pu prendre un avion car il ne pouvait pas attacher sa ceinture. Autre aberration : le bureau de poste Garibaldi n’est pas accessible pour les handicapés…»
Pour changer nos regards et stopper cette discrimination, une pétition est disponible en ligne sur le site de l’APF :
https://www.apf.asso.fr/operations/index.php?id=22
Vincent Trinquat