Nascetur ridiculus mus… Après plusieurs heures de palabres à vide, entre des sourdes oreilles. Voici, avec tout le respect qu’on doit à l’honorable assemblée, le résultat d’une séance pendant laquelle, une très grande majorité d’élus, a assisté a des longues joutes verbales entre le Président de la Métropole (et quelques uns de ses conseillers) et les représentants des oppositions qui, largement minoritaires dans la proportion de 15 sur 130 membres), fatiguent à s’exprimer sans tomber dans… l’opposition pour l’opposition.
Et tout ça, pour un seul argument vraiment important, même si formellement divisé en deux : Le compte financier de 2013 et le budget primitif 2014, les deux faces d’une même médaille.
Et pourtant, l’ordre du jour aurait pu être expédié avec une plus grande célérité, si on était resté dans le cadre technique du débat sans tomber dans la polémique « politique ».
Quoi de politique dans la délibération concernant le compte administratif de 2013 sinon la volonté du Président de Métropole d’en faire la vitrine d’une bonne et belle gestion avec la mise en évidence de l’investissement public comme recette pour soutenir la demande et donc l’activité économique locale (L’ABC de la théorie de Keynes …mais, savent-ils à l’UMP d’avoir à la maison un si important élu qui pratique une politique économique non orthodoxe par rapport à la ligne officielle du parti, le libéralisme ?) et la recherche de quelques trous noirs de la part des oppositions (on doit en compter trois : FN, Socialistes et Verts et la liste Bettati)?
D’ailleurs la « bataille » autour la dette (fixée à 991 millions d’euros au 31 décembre) montre bien que le risque est grand de se tromper dans l’analyse : Le problème (s’il y en a vraiment un) n’est pas l’amplitude de la dette comme le prétend l’opposition (au contraire, avec les taux actuels, il faudrait même en profiter pour s’endetter davantage), tout comme la capacité de désendettement n’est pas non plus le certificat de bonne conduite.
En fait, puisque cette dette (qu’elle soit petite ou grande) il faudra tôt ou tard la payer, c’est le solde budgetaire ( primary surplus) avant le service de la dette qui est l’index qui permet de comprendre vraiment, à la fois, la capacité d’endettement et celle de remboursement, qui sont les critères que les analystes financiers (et les créanciers) utilisent pour déterminer la qualité d’un bilan et la fiabilité du débiteur.
Mais, finalement, quand on a un président de la commission des finances de toute première qualité, comme Philippe Pradal (de plus, apprécié par l’opposition) pourquoi s’éloigner du contexte technique pour se lancer dans des soliloques et empoignades sans intérêt, sauf le menu plaisir d’adresser quelques phrases au vitriol à ses opposants ?
Concernant le budget primitif 2014 (à la hauteur de 1 297 millions d’euros) la musique n’a pas changé de ton : Tout ce qui est positif vient de l’action de la majorité métropolitaine (une politique soutenue en faveur de l’emploi; une politique volontaire pour le logement; la poursuite de la réalisation d’équipements structurants au service des habitants et des entreprises du territoire, le tout en maintenant la solidarité avec les communes), toutes les difficultés proviennent des politiques gouvernementales et (vent anti-européen de l’opinion publique oblige) européennes !
On pourrait résumer la position des oppositions dans les déclarations de Benoît Kandel: » Dans un tel contexte économique et alors que vous vous êtes formellement engagé à ne pas augmenter la pression fiscale sur la durée de votre mandat, comment allez-vous faire pour tenir tous les engagements que vous avez pris auprès des maires de notre Métropole en termes d’investissements, sans, à nouveau, faire progresser notre endettement, déjà si inquiétant, dans des proportions encore plus déraisonnables ? ».
Mais, en quelques sorte, Christian Estrosi avait déjà préparé sa réponse dans une phrase extrapolée du discours l’illustration du budget 2014 : » Ces difficultés ne sont, d’ailleurs, pas nouvelles et nous y avons toujours fait face jusqu’à présent. Notre projet de budget intègre donc ces nouvelles restrictions gouvernementales, et nous saurons les surmonter tout en appliquant nos priorités ».
Les faits le confirmeront ou pas, et dans quelle mesure.