Du 2 au 4 mai, la Villa Arson en partenariat avec L’ECLAT propose « Cinéma du réel », une manifestation « hors les murs » de la Bibliothèque Publique d’Information du Centre Pompidou qui organise le festival éponyme. Depuis 33 ans, celui-ci s’est imposé comme une référence du cinéma documentaire en France.
“C’est la marge qui tient la page” disait Godard. Faire tomber les préjugés en rendant compte de l’être ou d’une communauté et non d’un pedigree social, tel semble être le moteur des cinéastes présentés, toujours à l’affût de ces territoires à la “bordure” de notre présent, qui ne cessent d’interroger la société. Il sera question de donner la “parole” à ceux qui ne l’ont pas, comme pour témoigner, par le cinéma, de la force de l’action citoyenne.
Programmation :
Lundi 2 mai
En présence d’Ariane Doublet, cinéaste
20h >> La pluie et le beau temps d’Ariane Doublet
(France, 2011, 1h14 / Compétition Internationale)
La Normandie produit 40% du lin mondial pour un unique client, la Chine. Entre champs et filatures, comment se tisse la mondialisation ?
C’est un film engagé, qui soulève des questions politiques. Au cours du tournage, j’ai mesuré les conséquences que pouvaient avoir la spéculation financière sur l’exploitation des matières premières. Je voulais parler de la circulation des marchandises. On marche sur la tête. Le lin est envoyé en Chine pour revenir plus tard au Havre. Est-ce qu’à un moment, on va en mesurer les conséquences ? – Ariane Doublet
Fièvres d’Ariane Doublet
(France, 2009, 43 min / Sélection Festival International du Documentaire de Marseille 2009)
Allié du guérisseur, guérisseur à son tour, ce médecin passe sans sourciller de la médecine européenne aux recettes magiques ancestrales. Il diagnostique une fièvre maligne avec la même science qu’un mal d’amour resté bloqué dans la gorge. Physicien doublé d’un psychanalyste, il fait tomber la fièvre. – Jean-Pierre Rehm
Mardi 3 mai
Compétition internationale Premiers films
Projections présentées par Javier Packer-Comyn, directeur artistique du Cinéma du Réel
18h30 >> The ballad of Genesis and Lady Jaye de Marie Losier
(Etats-Unis/France, 2011, 1h12, vostf / Mention spéciale du Prix Louis Marcorelles du Cinéma du Réel 2011)
Portrait fiévreux et affectueux de Genesis P-Orridge, père de la musique industrielle et performeur transgenre, qui s’est métamorphosé au cours des ans pour ressembler à sa blonde moitié, Lady Jaye. Comme des tableaux vivants ou des scènes surréalistes, je mélange des moments de fiction et de la vie de tous les jours, des archives et des prises de vue de ma Bolex. C’est sur la table de montage que l’histoire commence à prendre forme avec le montage du son. – Marie Losier
20h >> Kinder de Bettina Büttner
(Allemagne, 2011, 1h05, vostf)
Loin de toute sociologie et des idées reçues, le quotidien d’enfants d’un foyer. Marvin, dix ans, le quitte pour revenir chez sa mère, où il a vécu avec sa sœur un drame intime. Au souvenir qui ne passe pas, les jeux de cow-boys sont de bien maigres répliques. Attentive, la cinéaste parvient à saisir des images qui métaphorisent celles, invisibles, du traumatisme. – Charlotte Garson
21h15 >> Il futuro del mondo passa da qui de Andrea Deaglio
(Italie, 2011, 1h03, vostf / Prix Louis Marcorelles du Cinéma du Réel 201)
A quelques kilomètres du centre de Turin, une communauté éclectique (paysans sans terre, Rom, drogués) vit sur les rives du fleuve, entre récupération et système écologique. Cette terre en marge, certains la cultivent depuis des années : « Sans nous, ce serait une décharge ».
Mercredi 4 mai
Projections présentées par Javier Packer-Comyn, directeur artistique du Cinéma du Réel
18h30 >> Voir ce que devient l’ombre de Matthieu Chatellier
(France, 2010, 1h29 / Compétition Contrechamp français)
Comme un ami en visite, le cinéaste fait partager l’intimité de deux artistes, la graveuse Cécile Reims et son compagnon le peintre Fred Deux. A 80 ans passés, ils préparent le legs de leur œuvre. Une conversation intime, concentrée mais discrète, s’instaure dans chacun des deux ateliers.
20h30 >> Below sea level de Gianfranco Rosi
(Etats-Unis/Italie, 2008, 1h55, vostf / Grand Prix du Cinéma du Réel 2009 / Dédicace au Cinéma du Réel 2011)
Pendant cinq ans, le cinéaste a vécu dans une communauté de drop-outs californiens (Ex-appelé du Vietnam, travesti, médecin…) que la vie a fait échouer dans des caravanes au bord du désert, à la fois exclus et préservés de la société de consommation. Un film d’une universalité qui dépasse de loin la savoureuse galerie de portraits : du fin fond du désert, l’Amérique est ici mise à nu depuis ses marges. –