Le quotidien régional informe que « Une résidente monégasque, compagne d’un entrepreneur lié à la mafia calabraise, a été arrêtée dimanche à l’aéroport de Nice par la police judiciaire. Cette femme avait pris l’avion à Dubaï. Elle a été présentée cet après-midi (hier) au parquet général d’Aix-en-Provence. Visée par un mandat d’arrêt européen, Chiara Rizzio, 43 ans, devrait être rapidement extradée vers l’Italie ».
En fait, la situation est à la fois plus simple et… beaucoup plus compliquée !
Chiara Rizzo est la femme de Amadeo Matacena , homme d’affaire calabrais et ancien député du parti de droite (PLD), condamné à 5 ans de réclusion pour association mafieuse et parti à Dubai pour éviter l’incarcération.
Elle réside à Monaco où elle est bien connue pour sa participation à la vie mondaine.
La direction anti-mafia a demandé l’arrêt de Madame Rizzo dans le cadre de l’opération « Breakfast » (nom de code) dont le principal destinataire est Claudio Scajola, ancien député, ministre de l’Intérieur et de l’Industrie, « dominus » du monde politique du département transfrontalier d’Imperia depuis une trentaine d’années.
Il est accusé de complicité avec la criminalité économique calabraise très présente dans le territoire du Ponente italien mais aussi dans la Principauté de Monaco et sur la Côte d’Azur. D’autres personnes (collaborateurs et hommes de confiance de l’homme politique) ont été également arrêtés.
De plus, les magistrats soupçonnent Claudio Scajola d’entretenir des liens étroits avec Claudio Matacena et d’essayer d’ organiser son transfert au Liban où il pourrait profiter de la protection des milieux falangistes de la droite libanaise.
Les magistrats auraient des documents qui prouvent les rapports de nature confidentielle et financière entre l’ancien ministre et Chiara Rizzo.
Si les suites judiciaires restent encore enfermées dans le cadre de l’enquête, les faits font, une fois de plus, la lumière sur l’énorme poids que la criminalité organisée calabraise (N’drangheta) fait peser sur la vie politique, économique et sociale du territoire transfrontalier. En termes politiques, il s’agit de l’éruption d’un volcan qui va ensevelir une génération de classe dirigeante au pouvoir depuis des décades.
Mais, fort probablement, on est face à un dossier dont seules les premières pages ont été ouvertes et qui demande donc beaucoup de mesure et de prudence dans son suivi et interprétation.
Si, comme dit le dicton , « il n’y a pas de fumée sans feu », il serait de bon auspice d’attendre avec patience que, comme disait le philosophe grec Thalès de Milet , » le temps met tout en lumière ».
Dans cette attente, dilettantes s’abstenir…
