Pour le Front de Gauche, les élections européennes sont aussi l’occasion de manifester sa propre opposition à la politique du Gouvernement, accusé de se plier aux diktats de Bruxelles. Vrai ou pas vrai, le leit-motiv est celui-ci.
Nous donnons donc la parole à Robert Injey, le leader de cette formation politique in loco, par ailleurs candidat aux élections européennes, même si en position difficilement éligible.
Nice-Premium : Faut-il plus d’Europe avec des structures communes et se tourner vers un système fédéraliste ? Ou a contrario moins d’Europe, le retour d’une souveraineté nationale et de zones d’échanges commerciales ?
Robert Injey: Ni fédéralisme, ni un repliement dans nos frontières mais une Europe de la coopération et de la solidarité qui décide de ses choix dans le respect de la souveraineté populaire.
Nice-Premium : Quelle Europe aujourd’hui ? La financiarisation de l’économie peut revenir à un contrôle politique, donc démocratique ?
Robert Injey: La construction Européenne est au service exclusif aujourd’hui des exigences des marchés financiers et des actionnaires. Cette construction et les choix qui sont opérés le sont par les dirigeants des pays Européens, libéraux et sociaux-libéraux. Et tout l’enjeu des prochaines élections pour le parlement Européen c’est de nous doter de député-e-s qui vont rompre avec ces logiques pour mettre en œuvre d’autre choix.
Nice-Premium : L’Euro est-il un « écu » protecteur ou une ambition intellectuelle ? Quoi comme politique budgétaire commune ? Quoi comme harmonisation fiscale pour éviter la surenchère entre pays « concurrents » ?
Robert Injey:La Banque centrale Européenne et l’Euro aujourd’hui ne sont protecteurs que d’une seule chose : les intérêts d’une petite minorité. Rompre avec cette logique d’un Euro au service de la finance passe par modifier les statuts et le rôle de la banque centrale Européenne et l’utilisation que nous faisons de l’Euro. Cela doit par exemple se traduire par privilégier l’investissement productif et non la spéculation. Et pour y parvenir il faut harmoniser par le haut les législations Européennes et éradiquer les paradis fiscaux qui existent au cœur même de l’Europe.
Reformes structurelles pour libéraliser le marché du travail et réduire son coût, diminuer durablement les dépenses publiques et restreindre le périmètre de l’état-providence.
Le coût du travail est la fable déclinée à toutes les sauces pour masquer le vrai problème de nos économies, celui du coût du capital. Les exigences sans cesse grandissantes des actionnaires poussent « nos décideurs » à la recherche permanente du profit maximum. Et dans cette quête sans fin le travail est toujours un coût insupportable pour ceux qui veulent engranger le maximum. En poussant le raisonnement à son extrême n’oublions pas que le coût de la main d’œuvre était le prétexte invoqué pour ne pas abroger l’esclavage….
De la même manière les charges contre « Etat providence » ne visent qu’à une chose : faire basculer dans le secteur marchand tout le champ des secteurs qui y échappent comme par exemple celui de la protection sociale, à l’image de la santé et du système des retraites par répartition. Cela représente aujourd’hui des centaines de milliards qui échappent à la cupidité des actionnaires.
Alors oui il faut de refonder l’Europe, ses structures et ses institutions, mais pour les mettre au service de l’intérêt général et non au service d’une minorité. C’est l’ambition du Front de gauche
Nice-Premium : La conception de la nation est-elle encore la réponse à la globalisation ? La France a inventé la nation civique, fondée sur des valeurs, indépendamment de toute origine : la fraternité est-elle encore d’actualité ?
Robert Injey: Le problème ce n’est pas la globalisation ou bien encore la mondialisation, le problème c’est ce que nous en faisons. Aujourd’hui la mondialisation est mise en œuvre avec pour seul objectif la rentabilité maximum des capitaux. Pour cela on organise la mise en concurrence des salariés, des peuples entre eux à travers la planète et en Europe, pour maintenir ou tirer vers le bas les salaires et les droits sociaux. Et au nom de la recherche du profit maximum nous sommes en train de sacrifier non seulement les générations à venir mais la planète elle-même.
Alors oui plus que jamais il y a besoin de coopérations, de solidarité et de fraternité entre les peuples et les nations, pour faire face au défi de ce siècle que sont par exemple la lutte contre le réchauffement climatique, la question de l’accès à l’eau, à l’énergie, à l’alimentation….