On dit que la politique est une question de coeur et de l’intelligence.
Si c’est vrai, il est difficile de retrouves ces deux qualités dans les faits qui suivent…
A l’occasion d’un match de la Coupe du monde de football, les supporters de l’Algérie on bruyamment manifesté pour célébrer la victoire de leur équipe. Dans certaines villes – mais pas à Nice – il y a eu des dérapages qu’il faut condamner sans hésitation et qui ne font pas honneur à ceux qui revendiquent leur fierté nationale qui n’a pas besoin d’actes de violence pour être proclamée.
A l’occasion du match successif (Allemagne-Algérie du 1er juillet), le maire de Nice prend un arrête municipal « interdisant l’utilisation ostentatoire et générant un trouble à l’ordre public des drapeaux de nationalité étrangère sur les rues, quais, places et voies publiques sur l’hyper centre de la ville de Nice ».
Cet arrêté, bien habillé, s’adresse bien naturellement aux supporters algériens, à moins qu’il ne s’agisse d’un acte de patriotisme absolu.
A ce fin , les drapeaux des pays de l’Union Européenne doivent être considérés comme étrangers ?
Couac général, commentaires des plus disparates mais, en fait, on note qu’aucune voix politique ne s’est élevée en soutien de cette décision, seule Marine Le Pen est intervenue sur le point de la double nationalité de certains joueurs de l’équipe algérienne, ce qui est autre chose.
Le soir même, l’Allemagne élimine avec beaucoup de difficultés la méritante Algérie de la compétition et, finalement, ce résultat évite les possibles troubles de l’ordre public mais surtout un prochain match France-Algérie !
Assigné en justice à l’initiative d’associations humanitaires, le Tribunal Administratif a finalement décidé de « suspendre l’exécution » de cet arrêté dans l’attente du jugement de fond.
Christian Estrosi annonce alors dans un communiqué qu’il ne le retirera pas. Mais, la décision du tribunal est exécutoire, cet arrêté municipal, dans l’attente du jugement de fond, restera donc sans valeur.
La motivation ? « J’ai pris cet arrêté face à l’incapacité du gouvernement à faire respecter les symboles et les valeurs de notre République » dit le maire de Nice avant de lancer la traditionnelle accusation au gouvernement: « Or, je rappelle qu’il appartient à l’Etat d’assurer l’ordre public, mais force est de constater que le gouvernement socialiste* est dans l’incapacité d’assumer cette mission et j’en veux pour preuve les débordements qu’ont connu les grandes villes de France lors des derniers matches avec des voitures brulées et des agressions en nombre ».
Pour terminer sa plaidoirie : « Face à cette perte de l’autorité de l’Etat que je n’accepterai jamais, je ne retire pas cet arrêté dans l’attente du jugement au fond et je déposerai prochainement une proposition de loi instaurant pour le Maire la faculté de prendre toute mesure préventive dans le but de prévenir toute atteinte à l’ordre public et ce eut égard aux circonstances locales »
Les considérations
Ce communiqué exprime des considérations politiques légitimes, mais hors sujet, et nous nous permettons de rappeler que le mot « gouvernement » n’a pas besoin d’adjectifs pour le qualifier. Il est celui de la République, désigné par le Président, voté par le Parlement, composé de députés et de sénateurs qui représentent le pouvoir du peuple.
Mais en termes concrets, ou veut en arriver le maire de Nice ?
Tout d’abord il faut se dire qu’on est en train de parler de quelque chose d’inapplicable.
En faisant référence à l’ordre public, y a-t-il eu des voitures brulées et des agressions en nombre qui n’ont pas été assurées par la Police nationale à l’occasion du match Algérie-Russie ? Naturellement, on parle de ce qui s’est passé à Nice, au égard aux circonstances locales, comme le rappelle si bien le maire de Nice lui-même.
Puisque de notoriété publique, rien de tout cela ne s’est produit, on doit imaginer que cet arrêté était plus une mesure de prophylaxie que de prévention.
A noter que , quelques heures après le refus (sans effet) de Christian Estrosi, l’équipe de France a perdu sans démériter contre l’Allemagne… et si ces arrêtés portaient malchance aux adversaires des allemands ? Christian Estrosi, cinquième colonne de la Mannschaft ?
C’est une piste à signaler aux futurs adversaires des fortunés vainqueurs des équipes d’Algérie et de France qui doivent espérer que le « jugement de fond » du Tribunal Administratif ne tombe pas le jour de leur match contre l’Allemagne !
Jamais deux sans trois ! Un petit arrêté et..défaite assurée !