«Ah voilà, encore une comédienne qui se met à la chanson !» Veuillez m’excuser chers lecteurs, mais je me permets de rectifier cette réflexion entendue dans les escaliers de la Fnac : Clémentine Célarié ne se met pas à la chanson, elle s’y remet. Avant de se lancer dans la comédie, elle gagnait sa vie dans les couloirs du métro avec un groupe de jazz. Eh oui ! Son premier amour, c’est la Musique !
Sa musique qu’elle nous fait découvrir dans cet album qui n’a pas d’étiquette définie. Elle nous convie dans sa famille aux influences musicales multiples : folk, soul, rap, jazz, groove, R’n’B. « Les voix se mélangent, enfantines, matures, féminines, masculines ». Chanson d’amour, chanson d’espoir, chanson de fraternité, chanson de respect, chanson amusante aussi et « chanson cucul » parfois. On s’amuse à l’écouter !
Eric Serrat de passage à la Fnac a même révélé au public : «chez les Célarié, tous les soirs, ils font un bœuf. Ils tapent sur la table. Ils chantent. Ce sont quatre gosses qui jouent ensemble. Il y a vraiment un esprit de famille chez les Célarié.»
Alors, n’êtes-vous pas tentés pour la connaître davantage ? Nice-Première, si, et elle a même eu le privilège d’entrer dans cette joyeuse famille très soudée et complice, 100 % bonheur.
Bienvenue chez la « Family Groove » !
Nice-Première : Quelle est l’origine de la « Family Groove » ?
Clémentine Célarié : La maison, la famille, le noyau de notre vie quotidienne. C’est un truc naturel de faire de la musique. Soit ça part de la guitare de Gustave qui a 16 ans et qui est guitariste. Soit ça part d’instrus comme dit Abraham qu’il fait à l’ordi, des trucs R’n’B, Hip Hop… ça part de ça ou alors, dans la voiture, ils font de la boîte à rythme avec la bouche, on fait aussi des bœufs.
Abraham : On reproduisait aussi des chansons qu’on aime bien à la maison. (Rires).
N-P : Clémentine, présentez-nous votre « Family Groove » ?
C.C. : C’est un disque qui regroupe mes trois enfants et moi. C’est un des moments de ma vie intime et très importante avec des thèmes de chanson qui sont super précieux pour moi et mes enfants. C’est comme un album de photos musicales comme le décrit Abraham. Qu’est ce que tu dirais de plus ?
A. : C’est un moment assez précieux, figé dans le temps qu’on a en objet.
C.C. : Imprimé !
A. : C’est un symbole pour nous.
N-P : Quels thèmes abordez-vous ?
C.C. : J’aborde l’amour. Ce que je trouve de très important, c’est l’amour mais l’amour universel. Il y a une dame qui m’a dit tout à l’heure que je représentais l’amour. Tant mieux ! (Sourire) C’est un disque d’amour, de différentes formes d’amour : soit l’amour que j’ai pour mes enfants, soit l’amour que j’ai par rapport à certains hommes, aux hommes (Rire), aux autres, aux êtres humains. Un idéal que je me fais comme ça et qui va en grandissant d’ailleurs. Plus je vieillis, plus je deviens idéaliste. Il y a une chanson qui est pour quelqu’un qui est malade, je pense au SIDA mais je n’en parle pas. Elle s’appelle la « Berçeuse ». Aujourd’hui, j’ai rencontré une femme extra dont le fils est malade, très replié sur lui et autiste. Je lui ai dédié cette chanson. Mais en toute humilité, je suis tellement pudique que dès fois je n’ose pas dire les trucs mais il faut les dire. Il y a aussi une chanson d’amour pour les gens qui sont enfermés, en prison. Sinon, il y a aussi des chansons sur le métissage, le respect, la peau, le mélange des cultures.
N-P : C’est un album que vous aviez envie de faire depuis pas mal d’années ?
C.C. : Oui, la fabrication n’a pas été longue, l’inspiration non plus.
A. : On aurait pu en faire une dizaine d’album (Sourire) Ce qui a été long, c’est de le défendre et que les gens donnent de l’importance.
N-P : Comment ça s’est passé avec les maisons de disque ?
C.C. : La galère totale
A. : Pas bien du tout. Aujourd’hui, c’est les maisons de disque qui décident ce qu’elles veulent. Ce qui est assez incroyable pour la musique. Du coup, on a proposé un truc qui n’est pas du tout dans le courant de ce qui se passe maintenant, qui n’est pas emballé, qui n’est pas un concept bien réfléchi.
C.C. : En fait, le concept, il est de lui-même. On aurait pu commercialiser ce concept. En tirer un côté très package comme ils disent maintenant. Genre moi j’aurais dit : oui c’est familial. J’aurais mis en avant le côté people. Mais non, notre album est sincère, il n’est pas formaté. Il y a des gens qui ont dit : « Tiens ! pourquoi elle met ses enfants en avant ? »
A. : Ils croyaient que c’est un truc calculé et pas du tout naturel.
C.C. : Justement, ce n’est pas du tout calculé et c’est bien pour ça que c’est un problème. Aujourd’hui, quand on ne calcule pas les choses quelquefois on a du mal. Alors c’est un long travail. Mais je sais ce qu’il va se passer dans l’avenir, je touche du bois : moi je vais faire un album solo, Abraham va faire son album solo et puis on va se retrouver les enfants me dépasseront (Sourire). Gus va sûrement devenir musicien car il est très doué. Balta se dirige plutôt vers le foot. Mais ça n’empêche pas qu’il y aura des moments où l’on va se retrouver et on fera notre Family Groove. L’année prochaine, on fait le festival d’Avignon pendant un mois, c’est très important.
A. : Peut être que lorsqu’on fera notre petit chemin chacun, les gens comprendront.
C.C. : Et puis, c’est avant tout un album de scène. On a travaillé beaucoup à la maison. Abraham m’a beaucoup aidé pour les phrasées du rap. Moi je suis plus jazz. C’est le début d’une histoire. Quand je serais vieille, que j’aurais 80 piges, inch’allah comme dirait l’autre, et eux ils seront là (Sourire).
C’est un truc de talent. Ce n’est pas parce que ce sont mes enfants que j’ai fait un album. C’est parce qu’ils ont du talent. Gus a un grand talent de guitariste, il compose de plus en plus, Abraham a un grand talent de compositeur et de parolier, il écrit des textes supers. Excuse-moi de parle de toi devant toi (Sourire). Dans mon prochain album solo, je lui demanderais sûrement de me faire un ou deux textes. C’est le début de quelque chose. C’est chouette de venir à la Fnac à Nice, d’échanger avec les gens.
N-P : Après cet album en famille, un album solo ne vous tente-t-il pas ?
A. : Oui. Je le prépare en ce moment. Ça me tient à cœur. Un album solo en tant que Tismé, mon nom de scène. Je n’ai pas encore celui de l’album mais j’y travaille. (Sourire) L’album sera en français.
N-P : Quelles textures musicales ?
A. : En France, j’aime bien Mc Solar, j’aime aussi beaucoup les textes d’Abd-al-Malik.
N-P : Abraham, quelle mère est Clémentine Célarié ?
A. : C’est une maman très sympa. (Sourire) C’est délicat pour répondre, il me faudrait une journée. On ne décrit pas sa mère en quelques mots. En plus, c’est gênant devant elle (Sourire).
C.C. : On est très pudique dans la famille. (Clémentine Célarié se bouche les oreilles).
A. : Elle a une soif de créativité qui est énorme et je pense qu’elle nous l’a bien transmise.
N-P : Et vous Clémentine, quel fils est Abraham ?
C.C. : J’ai le même problème que lui. (Rires) En plus, j’en ai trois. Je ne peux pas répondre à cette question. J’ai une chance incroyable. Je m’en rends compte quand je rencontre des gens qui ont des malheurs, des problèmes avec leurs enfants ou qui n’en ont pas. Tout à l’heure, j’ai rencontré deux petites filles qui venaient de perdre leur père. Moi, j’ai beaucoup de chance. Mais ce n’est pas toujours rose, il y a des moments où l’on est exigeant. Je suis très exigeante, peut-être trop. Je suis obsédée par l’idée de tout le temps fabriquer des trucs : créer, créer, créer … C’est débile ! Quelquefois, c’est une obsession qui est terrible, qui m’empêche de vivre à la limite. Je suis obsédée par tout le temps écrire. On a eu des problèmes avec les maisons de disques mais maintenant ça va mieux. Il faut être tenace. J’ai tendance à ne pas respecter ce que je fais. Je suis impatiente. J’aime bien fabriquer mais je n’aime pas m’attarder sur ce que j’ai fait, j’ai envie de faire d’autres trucs mais il faut s’attarder sur ce qu’on fait parce que c’est important. Pour en revenir à la question (Sourire), Abraham, c’est quelqu’un de très doué en dehors d’être mon fils. C’est quelqu’un tout simplement qui a beaucoup de talent et de capacité. Et donc j’ai beaucoup de chance. C’est quelqu’un qui a beaucoup de maturité, beaucoup plus que moi quelquefois. J’ai bientôt 50 ans, lui en a que 21 et quelquefois il me donne des conseils, c’est incroyable. On a cet échange qui est exceptionnel. Je ne vis pas avec un homme à côté de moi. Je suis une grande amoureuse. Je n’ai rien d’exceptionnel. Je suis une femme comme les autres, peut-être que j’assume ce que je veux vivre. Ce n’est pas évident parfois mais j’ai une liberté. Et tous les quatre, on a un échange exceptionnel parce que je leur donne beaucoup de place, c’est sûr. Mais je ne veux pas créer inconsciemment une dépendance avec les enfants alors je les pousse : «Partez, ne vous inquiétez pas pour moi !» Si elle est, qu’elle soit artistique. On est très soudé mais par moment il faut savoir partir de ce groupe pour que chacun existe. (Sourire)
N-P : Dans une chanson, vous dites « J’ai si peur », de quoi ?
C.C. : De beaucoup de choses, de l’amour … C’est une chanson qui traite de quelqu’un qui a peur de l’amour, de l’émotion. Je suis très victime de mes émotions. C’est très chiant (Rire) parce que ça me paralyse pour beaucoup de choses. Je suis très fragile, c’est con de dire ça, je n’ai pas l’air mais je ne suis pas du tout costaude (sourire) donc j’ai peur de beaucoup de choses, d’un amour immense …. J’explique ça dans la chanson (Sourire).
N-P : Théâtre et musique en ce moment !
C.C. : Oui (Sourire) , je suis au théatre avec Jean Réno jusqu’au 31 décembre dans une comédie qui s’appelle « Les Grandes Occasions ». Avec la « Family Groove », on va faire d’autres Fnac d’ailleurs. Mais le grand truc, c’est en juillet avec le festival d’Avignon pendant un mois et il y aura même un soir où toute la famille sera réunie, mon père qui a 85 ans lira des nouvelles et ma mère jouera du piano. Puis je serais en tournée toute seule pour mon onewomanshow qu’Abraham a mis en scène.
Où se procurer l’album ? « Family Groove »
Où écouter leur album ? MySpace