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22 novembre 2024

L’art du spam à la Villa Arson

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Depuis le 6 juillet, la Villa Arson à Nice accueille l’exposition des cinéastes et plasticiens libanais, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige. C’est en discutant avec Eric Magnon, directeur du centre d’art, que l’idée de faire une exposition leur est venue. Une exposition originale sur un sujet loin d’être anodin : les spams et plus particulièrement les mails d’arnaque appelés scams.


spam.jpg Ces artistes ont collecté, archivé et étudié plus de 4 000 d’entre eux jusqu’à, dans certains cas, en remonter la trace. Qui n’a pas déjà reçu un mail du Nigeria, promettant une somme d’argent, soit disant issue d’un héritage, d’une mine d’or ou encore d’un puis de pétrole ? Aussi invraisemblables qu’ils soient, ces courriers ne laissent pas les plus crédules d’entre nous indifférents.

Comment agissent-ils ? Quels type de courrier envoient-ils ? Comment ciblent-ils leurs victimes ? C’est en quelque sorte ce que raconte cette exposition, par le biais d’installations originales et à visée informative.

D’emblée, le parcours propose une visite assez singulière et interpelle le visiteur. Plongé dans une salle noire, submergé par des voix qui parlent toutes en même temps, voilà à quoi ressemble l’ambiance lorsqu’on pénètre dans la salle sombre. Murs noirs, sol et plafond noirs, seule la lumière qui émane des 23 écrans de télévision éclaire. Placés en demi cercle, ils s’imposent, agressent nos sens, et donne un sentiment de vertige.. Impossible de déchiffrer ce qui se dit, sauf si l’on se rapproche de très près d’un écran. Le visiteur se sent attaqué, submergé par ces mails. C’est de cette manière qu’ont choisi ces plasticiens de symboliser le phénomène d’arnaque par courrier électronique.

Il était d’autant plus important pour eux d’étudier ce sujet, que les victimes de ces ruses n’iront pas se plaindre, ni porter plainte. C’était donc intéressant de matérialiser le contenu de ces courriers, à travers une voix et un visage.

Par la suite, on apprend que cette pratique s’inscrit dans une tradition qui date du XVIIIe siècle, Les lettres de Jérusalem, considérée comme l’ancêtre du scam. Elle use aujourd’hui d’une structure similaire : une personne affirme posséder une importante somme d’argent qu’elle doit transférer rapidement. Un pourcentage conséquent de cette somme sera versé à celui qui l’aidera, un inconnu, qui serait pourtant la seule personne de confiance de son entourage. Si la « victime » accepte, on lui demande alors peu à peu d’avancer de l’argent destiné à couvrir des frais imaginaires avant que le transfert ne soit effectif. Ce transfert n’aura jamais lieu.

La partie la plus surprenante de l’exposition concerne la matérialisation de la trajectoire de ces courriers électroniques. Chaque tige d’acier représente la trajectoire que parcourt un mail entre deux pays. Ainsi, une fois mis ensemble, les tiges forment une sculpture. Celle-ci montre les pays où ces pratiques se concentrent le plus et ceux qui sont destinataires de celle-ci. Au delà de cela, l’étude montre que les scammeurs (auteurs des scams) puisent dans les récents événements politiques, économiques, religieux, écologiques et financiers afin de rendre leurs arnaques convaincantes et crédibles pour leurs victimes.

Ainsi, les pays les plus touchés par ce phénomène se trouvent en Afrique, en Asie, en Russie et dans le monde arabe de manière générale, où le contexte représente une nouvelle occasion d’exercer cette pratique.

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