On attendait plus ou moins 500 jeunes en provenance de toute la France mais, bien évidement, une large partie d’entre eux a dû se perdre en route parce que seulement une bonne centaine ont assisté à la plénière de la première journée, au titre pourtant évocateur : « Demain, l’UMP ? ».
Il est aussi possible, voire fort probable, que d’autres, après avoir participé aux ateliers sur les différents thèmes, aient choisi de se ressourcer dans la Grande Bleue située juste en face au Théâtre de Verdure, lieu de la manifestation.
Dans ce cas, il faudra être indulgent : Demander à Nadine Morano d’expliquer l’avenir des institutions communautaires est comme demander à un saltimbanque de nous parler de la logique de Descartes.
Après l’avoir écoutée, cela demande bien un bon bain réfrigérant ( on le dit avec tout notre respect et sympathie pour la volontaire néo-députée européenne).
On dit assister parce que, mis à part trois* intervenants de moins de 30 ans, le débat a été animé par une douzaine d’élus, dirigeants nationaux et anciens ministres chacun venant exprimer son analyse et ses préconisations, toutes légitimes, quelques fois intéressantes mais trop souvent hors sujet.
Ce débat semblait pourtant incontournable à la veille d’une échéance fondamentale pour la vie du parti : L’élection de son président après la grave crise qui est la sienne actuellement. Et bien, ce débat n’a pas eu lieu ou plutôt, il y a eu une représentation factice d’un parti à travers le prisme de certains de ses dirigeants qui ont eu, ont aspirent à avoir des responsabilités.
Et les jeunes dans tout ça, me direz-vous ? Quel est le modèle de parti qui devrait représenter leur vision de la politique et des valeurs qui les rassemblent ?
A cet interrogation, personne n’a répondu de manière complète et systémique : Les quelques applaudissements à l’évocation d’un possible retour de Nicolas Sarkozy ou les cris de soutien des supporters de Bruno Le Maire ne sont pas des actes politiques.
Ainsi que les interventions axées sur la démolition du président Hollande et du gouvernement et de la déliquescence socialiste peuvent s’apparenter à un exercice de rhétorique facile (encore que souvent d’un niveau assez médiocre) mais, finalement, tirer sur l’ambulance n’a jamais fait d’un soldat, un héros.
Les erreurs et les fautes des autres ne donnent pas la réponse pour analyser les siennes.
Ce n’est tout de même pas la faute de François Hollande et de la gauche… Si Nicolas Sarkozy et la droite ont perdu l’élection présidentielle en 2012, si l’élection du Président du parti à l’automne de la même année s’est révélée être une vaste tricherie, si la Cour Constitutionnelle a invalidé les comptes de campagne électorale du Président-candidat en obligeant le parti à une opération de récolte de fond dont on n’a pas pareil exemple dans aucun pays démocratique occidental (Sarkhoton); si la gestion du parti s’est révélée calamiteuse avec l’éclatement du scandale Bygmalion et la démission du Président en titre Jean-François Copé entrainant la gestion du parti par un triumvirat; si le parti est lourdement endetté à ce jour…
On peut toujours jouer les Diafoirus et à tout moment dire « Hollande » comme Molière faisait dire à son personnage « saignée », mais après ?
Et quand on affirme comme il l’a fait un orateur que « les socialistes sont minés par les courants alors que nos diverses sensibilités sont des valeurs enrichissantes ».. et bien la partie est mal engagée aussi de ce côté là, non ? Les idées ne sont pas mieux que de faire le bon casting ?
Alors, c’est bien d’entendre « Vous les jeunes, vous êtes l’avenir » mais qui leur laissera la place dans les institutions ? Certainement pas bon nombre des intervenants à ce débat qui ont toutes et tous bien démontré qu’ils en n’avaient aucune intention.
Et puis, combien des jeunes de moins de 30 ans siège dans les conseils communaux ?
Bref, parmi ces beaux parleurs (et encore…) et donneurs des leçons, deux élus ont montré la voie : Jean Rottner, maire de Mulhouse, qui a rappelé les valeurs du bon sens et de la proximité, le visage de l’engagement politique aux service des citoyens avec un langage clair, des propos simples mais vrais qui évoquent la confiance des citoyens envers les actes des élus. Du concret, quoi !
Christian Estrosi, lui, semble être un des rares à avoir compris la gravité et les enjeux de la situation : « Le parti est miné de son intérieur, il est moribond, il n’a aucune légitimité et qu’il n’a pas le moindre avenir dans ces conditions. Il faut repartir du bas, des territoires et des élus municipaux » a-t-il dit et répété.
» Le temps des formules est fini. Il faut en finir avec la bureaucratie technocratique et revenir aux fondamentaux de la vie politique : L’écoute des gens et de leurs besoins et faire bonne gestion » a-t-il encore affirmé dans son discours.
Lui, au contraire des ses collègues du parti, a bien compris , pour en revenir à Descartes et son « Le Discours de la méthode » que le « le bon sens est la chose du monde la mieux partagée ».
D’ailleurs, quand les sondages d’opinion montrent que 70% des citoyens n’ont aucune confiance dans les partis traditionnels (droite et gauche confondus), la limite de l’alerte est peut-être franchie.
A ce point, ce n’est pas l’homme providentiel qu’il faut invoquer, mais l’appel doit s’adresser à la conscience collective d’une communauté qui se reconnait dans les libertés démocratiques.
Aux jeunes UMP réunit à Nice, on demande de l’impertinence et non pas du conformisme, du neuf mais à condition qu’il ne soit pas une une pâle copie de l’ancien.
Ce matin, avant d’écouter le discours de clôture de Christian Estrosi, il y aura une dernière plénière au titre : « Les politiques sur le grill ».
Mesdames et Messieurs… les jeunes : Soyez audacieux !