Alors que son nouveau roman vient de paraître (Le baptême des ténèbres, éditions Anne Carrière, sortie le 2 octobre), Nice Premium revient pour vous sur cet incroyable thriller qu’est Le festin du serpent, premier roman papier du prometteur Ghislain Gilberti.
Incroyablement ancré dans la réalité, Le festin du serpent est un roman dense où deux récits sont menés en parallèle. Le premier raconte la traque menée par Cécile Sanchez pour arrêter un criminel brutal et pervers qui éviscère des femmes et emporte leurs organes. Malgré son talent de criminologue, Cécile Sanchez a l’impression que quelque chose lui échappe : les meurtres sont sauvages et laissent à penser qu’il s’agit d’un tueur en série mais l’organisation et le pragmatisme des mises en scène ne cadrent pas vraiment avec ce profil.
Le second récit nous présente Ange-Marie Barthélemy et sa brigade anti-terroriste. Après une fusillade dans un restaurant parisien, il comprend que le groupuscule islamiste An-Naziate (« les anges arracheurs d’âmes ») est de retour sur le territoire français et que ses membres sont prêts à tout pour faire parler d’eux.
Deux affaire sensibles que l’on s’attend forcément à voir se rejoindre.
Le festin du serpent, pourtant premier roman de l’auteur, est un thriller maîtrisé et abouti. Il décortique, analyse, démontre le fonctionnement de plusieurs organes de la police française. D’abord, l’Office central pour la répression des violences aux personnes, service de Cécile Sanchez, mais aussi le SDAT (sous-direction de l’antiterrorisme) et l’UCLAT (unité de coordination de la lutte antiterroriste), Ghislain Gilberti approfondit un système que l’on ne connaît que brièvement. Il en montre les rouages, la complexité, la technicité et la réalité, dure et sans concessions que les médias ne montrent jamais.
L’auteur possède également une parfaite connaissance des techniques policières, comme le décryptage de la synergologie, étude du langage non-verbal, des techniques de combat, des religions. Tout ceci fait que la lecture du Festin du serpent est d’une précision stupéfiante.
L’écriture est fluide, visuelle, presque cinématographique par moment. L’alternance des chapitres, une fois consacrée à Cécile, une fois à Ange-Marie, crée un terrible effet de suspense et de frustration. On est déçu de quitter l’un des héros, pour immédiatement se réjouir de retrouver l’autre ! Cet effet fait que les chapitres défilent à vitesse grand V.
L’intrigue mélangeant audacieusement les genres (terrorisme et serial killer) montre toute l’étendue du talent de Gilberti dans un roman où les rebondissements sont multiples et l’action bien présente.
Les personnages sont attachants, volontaires, passionnés par leur métier, par le combat qu’ils mènent. C’est les cas des héros, Torquemada et l’Archange, mais aussi des autres flics : Romane, Hamal, Sylvain Faivreau, Hassan, Antoine Regnault, Laura… La forte présence féminine dans les personnages clés est évidemment un point très positif.
Le détail des informations, l’histoire terrible de cet éventreur, les menaces terroristes qui pèsent sur le pays, les équipes de choc qui les poursuivent sont les éléments d’un roman de grande qualité au rythme soutenu. Ghislain Gilberti est un nom à retenir, qui a, sans aucun doute possible, sa place parmi les grands auteurs de thrillers français.