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22 novembre 2024

Les Etats Généraux du PS : Une manière d’éviter le débat sur la politique gouvernementale ?

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Nous avons reçu cette tribune du représentant socialiste de Maintenant la Gauche, motion minoritaire au dernier congrès socialiste. Fidèle à sa ligne indépendante et participative, notre journal la publie sous la responsabilité et signature de son auteur.


delclasse.jpg Suite à l’interview de Xavier Garcia, porte parole du PS06, il m’a semblé nécessaire de prendre la parole en répondant à quelques points de cet entretien, en temps que représentant de l’aile gauche du Parti Socialiste (« Maintenant la Gauche ») dans les Alpes-Maritimes. Il m’a semblé inopportun pour un porte parole de s’exprimer sur ce sujet de manière prématurée, en amenant des éléments de réponse aux questions que nous nous posons collectivement, avant même que les débats n’aient pu être menés jusqu’à leur terme.

Le socialisme : des valeurs intactes

L’objectif affiché de ces Etats Généraux, tel que défini par Jean-Christophe Cambadélis, serait de « reformuler l’identité socialiste ». Cette question est-elle d’une importance telle aujourd’hui qu’il faille que nous passions plusieurs mois à en débattre, alors même que nos représentants sont aujourd’hui au pouvoir et mènent une politique différente de celle que nous avons adopté ensemble avant 2012 ?

Il faut rappeler que la dernière « déclaration de principes » de notre parti, adoptée à la quasi-unanimité et rappelant les valeurs qui fondent notre mouvement, ne date que de 2008. Est-il à ce point urgent de réaliser à nouveau le même travail dans le contexte actuel ?

Je vous invite à la lire dans son intégralité. Elle répond selon moi de manière très satisfaisante aux enjeux du monde actuel.

Faut-il également rappeler que le parti a proposé, en 2011, un projet détaillé adopté là encore de manière très large, puis a soutenu le programme et les 60 engagements de François Hollande lors de l’élection présidentielle ?

Le monde a-t-il tellement changé depuis ces dernières échéances ? La crise économique n’est pas nouvelle et ne date pas de 2012 : celle-ci a commencé en 2007 et il n’y a pas d’urgence à reformuler ces questions alors même que nous avons la responsabilité de mener les politiques permettant de sortir de l’impasse économique dans laquelle le pays est plongé depuis plusieurs années. François Hollande avait promis le redressement dans la justice, suscitant espoir et attente de la part d’un grand nombre d’électeurs en 2012 : c’est cette feuille de route là qui doit être suivie.

Un décalage entre ces valeurs et la politique menée

Et c’est là que le bas blesse : les difficultés actuelles ne reposent pas sur une supposée inadéquation entre les valeurs ou l’identité des socialistes et le monde actuel. C’est avant tout le décalage entre la politique défendue en 2012 et la réalité de la politique menée depuis qui a suscité un désespoir profond de la part des électeurs de gauche. Les élections municipales et européennes ont démontré que beaucoup d’entre eux ont perdu confiance et se détournent complètement de la politique. Les élections départementales et régionales de l’année prochaine ne s’annoncent pas meilleures malgré ces Etats Généraux et la future soit-disant modernité retrouvée des socialistes.

Nulle part il n’est écrit que nous ferions 50 Milliards d’économies (mettant ainsi à mal les services publics, la croissance, la protection sociale …) afin d’en redistribuer 41 aux entreprises. A titre de comparaison, le chiffrage des mesures du programme de François Hollande pour la période 2012-2017 atteignait seulement les 20 Milliards : c’est le double que nous consacrons à une seule politique qui démontre son échec à créer de l’emploi et nous plonge dans des difficultés plus grandes encore.

Jamais les socialistes n’ont défendu une politique consistant à diminuer les investissements de l’Etat en espérant ainsi relancer l’Economie : au contraire, nous avons toujours défendu l’idée que c’est en investissant pour l’avenir, en redonnant du pouvoir d’achat aux salariés les plus modestes que nous pouvons permettre aux entreprises de remplir leurs carnets de commande et ainsi continuer et renforcer leur activité. D’après l’OFCE et un rapport du Sénat, 85% de la consommation française est, il faut le rappeler, à destination de biens et services français : une relance des salaires et un meilleur partage des richesses ne profiteraient donc pas mécaniquement aux entreprises étrangères, comme peuvent le prétendre certains.

Jamais les socialistes n’ont à ce point utilisé les mots de la droite : en parlant de « charges » au lieu de « cotisations sociales » qui sont, pour les salariés, du salaire indirect permettant de financer des prestations (sécurité sociale, chômage, politique familiale, etc…), de « coût du travail », de « flexibilité ».

Jamais les socialistes n’ont remis en cause les acquis sociaux tels que la sécurité sociale, l’assurance chômage, les retraites ou le Code du Travail.

Jamais les socialistes n’ont osé s’attaquer au dialogue social en envisageant de supprimer les seuils permettant aux salariés de bénéficier de représentants du personnel ou de Comités d’Entreprise.

C’est ce décalage aujourd’hui entre notre discours, nos valeurs, et les actes du gouvernement qui crée une impression d’impréparation à gouverner. Tout était prêt pour faire ce que nous avions promis aux électeurs et pour réussir le quinquennat : il ne tenait qu’à François Hollande et au gouvernement de l’appliquer.

L’urgence n’est donc pas de réfléchir à l’ »identité des socialistes » : les valeurs de Liberté, d’Egalité, de Fraternité, d’émancipation, de progrès, de justice, … que nous avons toujours porté ne sont pas dépassées. L’urgence consiste à répondre à la situation économique et sociale extrêmement difficile et à laquelle sont confrontés les citoyens. Même s’il est vrai que nous devons débattre entre socialistes pour apporter des réponses à ces questions, les Etats Généraux ne sont pas l’outil adéquate pour y répondre !

Un débat pour répondre concrètement aux enjeux actuels passe par un congrès de clarification !

Que ce soit pour le Parti Socialiste, pour la gauche, ou pour les français, la nouvelle « carte d’identité » du PS n’aura aucune utilité si la politique menée aujourd’hui échoue : aucune utilité pour le PS qui aura perdu définitivement la confiance d’un très grand nombre de ses électeurs, aucune utilité pour la gauche dans son ensemble qui, assimilée à la politique menée, peinera à porter de manière crédible les valeurs qui sont les nôtres, et surtout aucune utilité pour les français qui subiront de plein fouet les conséquences d’une politique ne permettant pas de retrouver une économie performante et une organisation du travail permettant de créer des emplois.

Le débat nécessaire qui devrait animer les socialistes porte donc sur la politique actuelle, que nous n’avons jamais collectivement adoptée, et les alternatives possibles : l’outil permettant cela est un Congrès, permettant de débattre de différentes lignes proposées et de définir une majorité claire pour sortir de l’ambiguîté actuelle.

Ce congrès était prévu par les statuts : il devait se dérouler à mi mandat, et donc en ce moment, en lieu et place des Etats Généraux.

Donc vite, un Congrès de clarification, au lieu d’Etats Généraux de diversion !

par Arnaud Delcasse, Maintenant la Gauche PS

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