Nicolas Sarkozy, après son retour en politique pour devenir président de l’UMP ou encore mieux d’un vaste rassemblement qui devrait incarner un mouvement politique du XXIème siècle, parcourt la France pour présenter sa candidature.
Pratiquement assuré de son élection, il joue quand même gros : En dessous de 70% des voix en à sa faveur, sa présidence serait tout de suite affaiblie surtout en prévision de la primaire de 2016 qui devra désigner la candidat de la droite (et du centre ?) pour la présidentielle de 2017.
C’est pour cela que, fort d’une popularité parmi les militants, sa campagne se joue quasi totalement sur le thème du retour du messie.
La partition est toute tracée : Se placer au centre du monde, exprimer son ambition et transmettre le sens de l’autorité. Le quart d’heure warholien, quoi.
Hier c’était le tour de Nice de l’accueillir: salle pleine avec l’état major local en première ligne et 3 000 militants fascinés et médusés avant même le début du meeting..
Introduit par Christian Estrosi, président de UMP 06 qui a voulu rappeler le statut et l’importance de la fédération la plus importante de France (et certainement décisive pour l’élection du futur président, tout en espérant la régularité du scrutin, vu le précédent de 2012) ) et son amitié et sa loyauté indéfectible pour Nicolas Sarkozy duquel il se veut être un « soutien vigilant ».
L’ancien Président de la République, tout en reconnaissant sa gratitude au Maire de Nice, n’a pas laissé paraître d’avoir besoin ni de souffleurs, ni de vigiles, donnant l’impression d’avoir les idées et propos bien claires en tête.
En fait , un orateur ne peut espérer rien de mieux, quand il sait que, quoi qu’il dise, il sera applaudi par le public. C’est donc dans cette condition et devant un public tout acquis à sa cause, pour lequel il est à nouveau et bien avant 2017 « Sarko, Président », que l’ancien chef de l’Etat a eu peine à interpréter le rôle étriqué de candidat à l’élection de la présidence de l’UMP, prévue le 29 novembre prochain.
Il a juste fait référence à une vision et à un projet à construire qui a toute l’allure d’un miroir aux alouettes : Le nouveau parti sera composé de lui et de quelques fidèles, du XXIème siècle, il en aura la seule coquille parce qu’il devra être un outil docile et utile à tout autre objectif.
Son esprit est déjà à la présidentielle de 2017 qui pour lui, plus qu’une revanche, sera l’aboutissement d’une catharsis.
Rompu au métier, Nicolas Sarkozy prononce, en démago sympathique, un discours très ancré à droite, en disant à ses électeurs ce qu’ils avaient envie d’entendre.
Sur cette terre où l’extrême droite réalise de gros scores, il s’est efforcé de donner des gages à sa base militante, affichant des propositions très fermes. Il a développé une théorie du « vrai » peuple chère aux partisans de l’identité nationale. Le candidat Sarkozy a ainsi retrouvé les accents de sa campagne présidentielle de 2012.
On sait que les battus donnent toujours la faute de leur défaite à l’électorat qu’ils accusent de s’être trompé. C’est visiblement le cas de Nicolas Sarkozy qui a écarté tout inventaire de sa mandature précédente.
Il a appelé ses rivaux de droite à se rassembler… naturellement derrière lui : « Je veux qu’entre nous, on retrouve la volonté de construire ensemble. On peut avoir des divergences, mais on est de la même famille (…) Le temps n’est pas à l’expression des ambitions individuelles », a-t-il dit avec un aplomb d’acteur expérimenté.
Sans oublier de mettre en scène le ralliement du député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti en sa faveur, alors que celui-ci soutenait François Fillon depuis l’été 2012.
En définitive c’est toujours le même Sarkozy : Il clive, galvanisant les siens et agaçant les autres, et accentue les clivages de la société française sur lesquels il joue sa partition et sa fortune : lessato ma non satiato (fourbu mais non repu), écrivait le poète latin Juvenal.
En saluant l’artiste on ne peut pas s’empêcher que la droite mériterait mieux pour les années à venir.