Cécile Andrieu nous propose à la galerie Depardieu de regarder les mots avec une autre approche que celle de leur définition. Elle réussit à faire disparaître, à atomiser les mots pour n’en garder que les lettres, libérer les consonnes et les voyelles et leur donner un autre sens, une autre approche. « Se détacher du monopole des mots. » nous explique l’artiste.
L’œuvre faite d’étiquettes, 15899 pièces, Nominare, ces petits cubes noirs ‘Chorus Black’, Au ras des mots, Intro 8/26 ou encore les voyelles, tout ici est un poème à la Prévert, un hommage aux lettres, la volonté d’oublier la notion de langage. Cécile Andrieu vit au Japon et sa rencontre avec l’œuvre de l’artiste japonais Arakawa Shusaku explique sa démarche, sa recherche et la fin de son travail. Les lettres deviennent des œuvres d’art, les mots, comme le dit Cécile , nous collent à la peau et ces milliers d’étiquettes fixées sur un mur, sont autant d’invitation au rêve, au voyage onirique et sont compréhensible par tous puisqu’elles sont que signes, langage universel.
Les voyelles jaunes et noirs, couleurs du danger, du péril, lettres fluides et souples nous avertissent : Attention de ne pas se laisser emprisonner par les mots. L’artiste d’une certaine façon dépasse l’étymologie, elle oublie volontairement le mot pour s’intéresser à la lettre. Au fait qu’elle est l’origine de la lettre pose comme question le psychiatre psychanalyste Robert Rabot. C’est surement là le but poursuivi par Cécile Andrieu et c’est à chacun de nous d’y répondre. L’essence de la lettre, voilà un beau sujet à débattre.
Les mots étaient avant nous et les lettres avant les mots, nous conclurons avec René Char notre enquête sur les lettres et les mots : « Les mots savent de nous des choses que nous ignorons d’eux. » A l’origine des lettres, de notre alphabet ? A chacun de nous d’y répondre, nous avons jusqu’au 31 décembre 2014 pour résoudre cette énigme.
Thierry Jan
Galerie Depardieu, 6 rue du docteur Jacques Guigoni