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22 novembre 2024

Aéroport de Nice Côte d’Azur : le retour de Herr Marx ?

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Après le travail de la semaine dernière en commission, le projet de loi pour la croissance et l’activité porté par le ministre de l’économie est examiné par les députés à partir de ce lundi. Dommage que les travées où les députes siègent soient, en grande majorité, restées vides.


Parmi les mesures comprises dans ce volumineux texte, on trouve la privatisation de la société concessionnaire de l’aéroport de Nice (SACA) dont l’Etat détient 55% des actions.

En parfaite synchronisation, l’artillerie lourde azuréenne des défenseurs de l’économie à la socca a été sortie et a commencé le bombardement des positions gouvernementales.

« Tous contre » titre le quotidien régional en évoquant l’union sacrée des forces politiques et économiques locales contre cette proposition.

Un référendum consultatif (sans aucun valeur légale), rien de moins, aura même lieu le 19 février prochain, réservé aux seuls résidents niçois.

Mais en fait « tous contre » qui et pour quoi ? ET tout d’abord de quoi on parle ?

La société aéroportuaire gère les services de terre (logistiques et commerciaux ), la circulation aérienne étant de la compétence de la Direction générale de l’Aviation Civile* en fonction de bien d’autres et complexes critères et paramètres nationaux et internationaux.

De ce fait, la propriété du concessionnaire a un rôle qui n’ influence que marginalement le processus de décision, sinon par ses capacités de lobbying .

Donc ce procès d’intention est totalement infondé et sans une véritable motivation sinon la défense de supposés intérêts locaux (sic !)

Ensuite, parce que malgré que ses détracteurs lui fassent dire autre chose, cette loi se limite à affirmer que l’Etat pourra disposer de la vente jusqu’à la majorité des actions. Une option donc, et non pas une obligation.

Certes, l’État ne manquera de l’exercer dans le cadre d’une vision de politique économique de régulation et non plus d’acteur et de gestionnaire de services publics non stratégiques.

Pour mémoire en France sont actifs (à divers titre) 475 aéroports/aérodromes. L’aéroport de Nice avec 11,7 millions de passagers est le deuxième de France en terme de volume.

Quant à la qualité du, ou des , potentiels investisseurs, il y aura une offre publique régie par les lois européennes à laquelle tous peuvent, tout au moins théoriquement, participer.

Sera-t-il français, étranger ou encore une solution mixte ? Personne ne peut le prévoir, les jeux ne sont même pas commencés et on dresse déjà les barricades ?

Et puis la solution existe : Si l’objectif des partis et des collectivités locales est celle de garder la main sur la société concessionnaire, quel problème il y a-t-il ? : il suffit d’y mettre le prix pour battre la concurrence.

Et finalement pourquoi ne pas le faire ? D’après les déclarations des responsables politiques locaux , la situation financière des collectivités est positive, la capacité d’endettement encore élevée, les taux d’emprunt faibles, l’affaire s’annonce bonne…

Alors pourquoi pas y aller ? La Métropole bien pourrait être le chef de file de cette opération avec d’autres partenaires publics et, pourquoi pas, privés.

A moins que le bon vieux camarade Marx ait trouvé des nouveaux convertis (on emprunte le terme au vocabulaire à la mode) en pleine adhésion avec ses théories de la « propriété publique des moyens de production ».

Cette « intinfada » n’est donc lisible que dans le cadre d’une confuse opération dont on ne connait pas encore les vrais enjeux. Dommage que la bonne foi des citoyens en soit prise en otage au nom d’un supposé patriotisme local qui fort probablement ne sert qu’ quelque cercles d’influence.

Quelques questions mériterait tout de même une réponse logique et motivée :

Pourquoi un investisseur devrait mettre en exécution une stratégie pour amoindrir la valeur d’un patrimoine qui lui appartient ? N’aurait-il plutôt intérêt à le valoriser par une bonne gestion ?

A quoi rime la consultation des seuls résidents niçois (et indirectement ceux de la Métropole) alors que l’aéroport a un impact régional, voir national et international ? Les autres n’ont rien à dire ?

Et encore plus, pourquoi on demande aux résidents de s’exprimer quand la vraie valeur d’un aéroport ce sont ses clients (principalement les voyageurs) ? Peut-on vraiment penser que ces mêmes voyageurs dans leurs choix soient influencés par le nom de l’actionnaire de l’aéroport ou plus simplement par son bon fonctionnement ?

A quoi répond-elle, cette opposition aux capitaux étrangers quand les économies ouvertes comme la France se caractérisent par les investissements venant de l’international qui marquent la confiance et l’attrait d’un pays ( dans ce cas, d’un territoire) ?

Et comment encadrer cette forme d’autarcie sans aucun sens quand une large partie de la dette souveraine française est détenue par des investisseurs étrangers dont , si on se donnait la peine de lire les noms, on pourrait avoir quelques soubresauts ?

Et enfin, les pourfendeurs de l’économie à la socca savent que , dans la voisine Italie ( pas toujours la bonne référence mais dans ce cas… ) des fonds d’investissements français sont en négociation exclusive pour la prise de participation minoritaire (mais tout de même de 20%° ) de la société qui gère les aéroports de Milan, et les participations majoritaires des aéroports de Turin et Naples sans que cela n’émeuve outre mesure quiconque, bien au contraire?

S’il reste difficile de donner un sens logique à cette opération, qui d’ailleurs n’est destinée qu’a faire de l’agitation, une indication pourrait venir de la coïncidence temporelle de l’approbation de la loi Macron et du Carnaval de Nice: semel in anno licet insanire, disaient les antiques romains, eux aussi insatiables protagonistes dans les armes et dans les fêtes.

Plus pragmatique, raisonnable et sérieuse est sans doute la position du monde économique exprimé par la Chambre de Commerce qui, par la voix de son président Bernard Kleynhoff , revendique, une gouvernance qui tienne prenne en compte les intérêts du territoire réaffirmant  » le caractère majeur et prioritaire de cet outil au service de la compétitivité des entreprises et de l’attractivité de notre territoire » en insistant aussi « sur l’indispensable concertation autour d’un véritable projet industriel »

Et au lieu de crier au crime de lèse majesté, en profiter et jouer au plus malin en demandant aux autorités de l’Etat de « réinvestir pour des projets de compétitivité des Alpes-Maritimes, 20% du montant issu de la vente de leurs parts de la société aéroportuaire S.A.C.A » et tant qu’à faire « un changement de cap et de simplification des autorisations pour améliorer la desserte de la Côte d’Azur au bénéfice des entreprises et des emplois »

Une belle voie de compromis pour le Ministre Macron qui pourrait estomper d’inutiles et contreproductives polémiques.

En fait, qui peut dire que cette position n’a pas de légitimité et de sens ?

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