Connaissez-vous une personne aussi ponctuelle que ce légendaire barbu ? Tous les ans, le même jour et à peu près à la même heure, il descend du ciel pour nous apporter des milliers de jouets. Certes ce bonhomme à la barbe blanche est un mythe mais n’est-il pas le moyen le plus magique de nous ramener dans notre enfance ? Les enfants comme les adultes l’attendent avec la même impatience, réelle ou nostalgique. La raison pour laquelle les parents sont au fond très attachés à cette croyance, c’est que dans le bonheur de leurs enfants, ils retrouvent le leur, celui d’une croyance en un lieu et un temps qui satisfait tout.
Si les enfants sont heureux c’est qu’avec le Père Noël, le monde n’est pas encore totalement désenchanté. Sous le quotidien régulier et banal subsisterait une dimension magique, là haut dans un Pôle Nord céleste. Ce médiateur entre la Terre et les cieux est l’expression d’une morale simple et positive. Cet homme aux habits rouges sait tout puisqu’il surveille la sagesse des enfants ; c’est une figure bienveillante et chaleureuse.
Certes, on pense souvent à ce pitoyable chantage déployé par les parents en fin d’année c’est-à-dire le « soit sage sinon … » qui ressemble fortement à la politique de la carotte et du bâton mais le Père Noël, lui, appartient à un monde idéal où la vertu est toujours récompensée.
Vers 6-8 ans, en apprenant l’inexistence de cet être si attendu, l’enfant découvre qu’il a été dupé par
ses parents. 
Cependant est-ce un hasard si la découverte du mensonge, si la fin de cette croyance correspond pour l’enfant à l’entré dans «l’âge de raison » ? Ne peut-on pas penser qu’il s’agit bien de former l’enfant à quelque chose qui ne relève pas du mensonge mais du secret ? Car pour les parents, c’est bien du secret qu’il s’agit dans les préparatifs de Noël. Pas de mensonge mais un secret partagé avec les enfants qui n’y croient plus. La croyance au Père Noël pourrait ainsi avoir cette fonction de formation au secret complice, bienveillant et social, partagé à plusieurs, secret nécessaire à la formation du « je ».
Ne plus croire au Père Noël, c’est accéder au monde des adultes et la désillusion est largement compensée par la fierté d’être devenu grand.
Mais même si les années passent en déposant sur nos visages des rides et des cheveux blancs, il faut toujours gardé notre âme d’enfant.
Et avec le Père Noël, notre monde garde un peu de son enchantement. Il faut laisser vivre le Père Noël !
Je sais qu’il est encore tôt pour penser à Noël mais comme l’année dernière je m’y suis prise au dernier moment pour faire des cadeaux à mon entourage (et je pense que certains d’entre vous se sont trouvés dans la même situation); cette année, je vais m’y prendre à l’avance et réfléchir déjà à ce que je vais offrir à ceux que j’aime.
Audrey Bollaro
