Le Conseil Métropolitain a débattu, vendredi, deux points stratégiques de son activité dans le cadre de ses compétences.
Le premier est le développement durable, comme prévu par la loi 687/2011 qui oblige les collectivités territoriales à faire état de ses actions, programmes et bilans suivant les principes et finalités fixés par l’Agenda 21 en matière d’économie et de social.
Piquante intervention de l’écologiste Decoupigny qui a mis le doigt sur la plaie ouverte du pourcentage du chômage au niveau local, supérieur à la moyenne nationale. Or justement – a rappelé l’élu d’opposition – c’était le but principal de l’OIN que de chercher à diminuer ce pourcentage élevé..
Tout va bien, lui a répondu Christian Tordo, la situation est en progression et bientôt les premiers résultats seront au rendez-vous du côté de la plaine du Var.
Pour mémoire, le masterplan de la future Eco-vallée prévoit entre 20 et 30 000 nouveaux emplois à l’horizon 2020 et dans la décade suivante..
Le moment fort de la journée aura été le débat sur l’orientation budgétaire, une sorte de fresque prévisionnelle qui précède le vote.
Qui dit orientation dit justement, axes de tendances autour desquels on retrouvera les choix et les arbitrages pour construire un budget cohérent dans ses options et qui tient la route sur le plan des équilibres financiers : le prix Nobel Milton Friedman n’avait-il pas frappé sa devise intellectuelle de cette simple définition « il n’y a pas de repas gratuit » ?
La Métropole a donc ses comptes en règle pour financer son fonctionnement et les financements nécessaires pour son ambitieux plan de développement ?
Et bien, oui et non. Si la dette en décembre 2014 était de 1 040 millions d’euros, le programme d’investissements prévu entre 2015 et 2020 devrait l’implémenter jusqu’à hauteur de 1 500 millions.
Alors, y aura-t-il trop de dette on pas, et quelles pourront en être les conséquences ?
Pour faire bref, le problème de la dette n’existe pas jusqu’à ce qu’un créancier vous fait confiance et vous prête de l’argent dans la prévision que vous le rembourserez, en temps et en heure, capital et intérêts à la clé.
La Métropole Nice Côte d’Azur est certainement un client fiable et solvable, donc pas de problème pour la collectivité d’avoir recours à l’endettement. Le problème, si problème il y a, c’est de bien être sur que ces lignes de crédit soient versées dans les investissements productifs prévus pour un retour attendu sur ces investissements.
De cette réponse (mais quand on parle de prévisions on devrait plutôt se pencher sur des hypothèses parce que beaucoup de variables peuvent renter en jeu ) on pourrait avoir un aperçu de ce qui pourra se passer dans le prochain quinquennat.
Dans cette échange entre majorité et opposition, l’optimisme habituel de Christian Estrosi avec l’emphase qui l’accompagne, vira de l’auto-satisfaction à l’auto-béatification…
En fait, pour revenir dans le dur, dans la « summa » illustrée par le toujours mesuré (quel bol d’air après tant de litanies !), Philippe Pradal, on a retrouvé la ligne directrice qui ne peut qu’être jugée favorablement, celle de l’investissement pour la croissance.
Après, reste à réaliser ce qu’on a prévu, ce qu’il ne faut surtout pas donner pour acquis.
Mais, pour rassurer tout le monde, en plein approche mystique, Christian Estrosi a utilisé la citation de la parabole des talents de Saint-Mathieu… était-elle adressée à lui même (on est jamais mieux servi que par soi-même) ou a quelques personnages de l’entourage particulièrement bien considérés ? On est resté sur notre faim.
D’ailleurs, vu la propension à l’invocation du regard bénévole qui vient du haut, Christian Estrosi pourrait être le héraut d’une nouvelle doctrine qu’on pourrait appeler « tridimensionnelle », à savoir : réflexion, action et inspiration ou, peut-être encore mieux : inspiration, réflexion, action. Avec l’aide de Saint-Mathieu tout devient possible !
Un peu moins en veine de compréhension, les oppositions n’ont pas ménagé le Président de la Métropole.
A commencer par Paul Cuturello (PS) qui a montrer du doigt la baisse des investissements en faveur de la ligne 2 du tramway et le coût de la partie souterraine, demandant aussi, sans en avoir réponse, de mieux comprendre la signification politique de la phrase « une réflexion nécessaire sur le niveau de la fiscalité ». Une critique bien motivée est venue aussi du groupe Indépendants avec son leader
Véronique Paquis a pu présenter un rapport positif et encourageant sauf pour l’écologiste Fabrice Decoupigny, un pied dans la porte, qui se demande : Quid de la croissance durable vu que le taux de chômage local est plus élevé que celui national et ce malgré les investissements déclarés et une Opération de la Plaine du Var qui promet 20 à 30 000 emplois dans les années à venir ?
Justement, lui a répondu Christian Tordo, le président de l’EPA en charge de l’opération : les investissements sont en cours, certains chantiers en phase de réalisation et les effets se verront prochainement. A suivre…
Gael Nofri dénonçant de son côté » la politique de l’investissement à outrance » utilisée comme antidote à la conjoncture économique.
Pour en terminer, l’assaut plus robuste est venu de Marie-Christine Arnautu, députée européenne et conseillère municipale FN, dont le plaisir de critiquer Christian Estrosi est palpable et les expressions parfois très singulières : « Ce document sur vos orientations budgétaires ne vise qu’à occulter cette dure réalité (la fuite en avant du maire de Nice ). Je ne lis que mensonges, dissimulations et embrouilles qui se mélangent parfois à des termes creux qui veulent faire savant mais qui ne veulent rien dire ».
Vu les prémices, le débat sur le budget primitif, quand il s’agira de passer des orientations aux délibérations, s’annonce haut en couleurs !