Sorti le 31 janvier dernier, ce journal de 32 pages, dont la Une présente cinq délicieux bambins portant les maillots des clubs phares du département (les mauvaises langues diront que c’était la Une d’Actufoot pour les 5 ans de leur journal), propose toute l’actualité du département en commençant, à tout seigneur, tout honneur, par les clubs professionnels pour descendre ensuite dans les catégories inférieures pour finir par un tour d’horizon du football étranger. Viennent s’ajouter à cela les tableaux de résultats complets, un diaporama des amateurs de la région ou encore des reportages divers sur le milieu du ballon rond local.
Le premier exemplaire a été généreusement offert à sa sortie mais il faudra, chaque mercredi, débourser 0,70 € afin de lire les prochains numéros.
Vive réaction donc au sein de l’équipe d’Actufoot qui ne s’attendait guère à trouver sur sa route un concurrent aux moyens colossaux. Après la tempête, le calme est donc revenu du côté de la rue des combattants d’Afrique du Nord, siège d’Actufoot, et un numéro hors série a vu le jour dans les bacs dès le jeudi 1er février. Ce numéro est consultable gratuitement en ligne sur le site d’Actufoot.
Nice Premium est allé à la rencontre de deux des principaux protagonistes de cette nouvelle salade bien niçoise à souhait. Cédric Messina (Directeur associé d’Actufoot) et de Stéphane TArdy (Chef du service des sports de Nice Matin) nous explique le pourquoi du comment d’une polémique qui fait largement parler d’elle dans les tribunes des stades locaux comme sur le forum officiel de l’OGC Nice où un sondage a même été organisé pour connaître les intentions des lecteurs.
Et vous, vous êtes plutôt Actufoot ou Foot 06 ?
Nice Premium : Vous venez de sortir un numéro spécial d’Actufoot. Pouvez-vous, nous en dire plus ?
Cédric Messina : Le procédé parle de lui-même. Un grand groupe veut notre place, on la lui laisse. Nous ne serons pas sa locomotive. L’outil de notre propre crime… C’est aussi simple que ça. Le marché de l’hebdomadaire « foot azuréen » est tellement restreint qu’on ne peut y tenir à deux sur un plan publicitaire. A partir du moment où vous faîtes le tour de la question financière et des pressions en tout genre, il faut agir sous peine d’une lente agonie. Personne n’avait jamais osé le faire de cette façon. Nous n’avons pas peur. L’argent n’a jamais été notre moteur. Ils en prennent aujourd’hui la pleine mesure.
NP : « Rose, comme l’avenir d’Actufoot ». Parlez-nous donc de cet avenir ?
CM : Quand vous ne doutez pas, il ne peut rien arriver. Nous n’avons jamais voulu tomber dans l’autosatisfaction, c’est pour cette raison que je n’aime pas évoquer les prochaines orientations. Juste une certitude : ceux qui aiment Actufoot.06, le journal du football azuréen, s’y retrouveront. Pour ma part, je retiens la force qui se dégage de l’équipe. Nous sommes les petits, mais c’est nous qui avons la tête haute. Aujourd’hui, je n’apprécierais pas d’être dans la peau d’un mec qui travaille en face. Au fond de lui, il sait pertinemment que son canard n’a jamais rien apporté au foot départemental. Il y a un sentiment de malaise évident. A partir de là, la partie est déjà gagnée. Les remords sont derrière nous, chez eux, ils se lèvent avec. Seriez-vous fiers d’aller sur les terrains avec le maillot du géant sur le dos ?
NP : Comment avez-vous perçu l’arrivée de Foot06 et comment avez-vous été prévenu de sa sortie ?
CM : Quand j’ai appris le lancement, j’ai eu une pensée pour des milliers de jeunes basketteurs, rugbymans ou handballeurs qui n’intéressent pas Nice-Matin. N’ont-ils pas besoin d’une médiatisation eux aussi ? Pourquoi s’engouffrer dans un marché occupé alors qu’un hebdomadaire sur tous les sports azuréens aurait comblé un manque évident ? Ensuite, il a fallu remonter le moral des troupes. La partie se gagne en interne. Psychologiquement, c’est le plus gros combat. Je n’évoquerais pas les campagnes de déstabilisation pour éviter de tomber dans une parano stérile. Nous l’avons appris le 1er décembre, d’une fuite de leur conseil d’administration. Le même jour, je perds mon grand-père. Il y a mieux comme journée. C’est à ce moment qu’un jeune stagiaire m’a pris dans les bras et m’a glissé : « ne t’inquiètes pas, on préfère mourir que travailler chez eux… » Là, j’ai compris que l’on ne pouvait pas perdre. La solidarité n’a pas de prix…
Quelles sont, à votre avis, les raisons qui ont poussé Nice Matin à sortir cette nouvelle publication ?
Notre volonté n’a jamais été de savoir ce qui n’allait pas chez les autres…
NP : « Nous préférons mourir debout que vivre à genoux. Le combat ne fait que commencer. ». Un message à votre adversaire ?
CM : Nous n’avons pas d’adversaires. La différence est trop grande. Notre seul combat est juridique. Il est déjà lancé. Nous en serons plus dans les prochaines semaines. Pour en revenir au message, c’est simplement une reprise du révolutionnaire mexicain Zapata qui colle à ce que l’on vit. Personnellement, je n’ai rien contre Nice-Matin. J’ai été élevé avec. Le journal a même bercé mon adolescence. Malheureusement, je ne me retrouve plus en lui comme beaucoup de Niçois. Ils nous ont manqué de respect dans la façon de faire. Aujourd’hui, les décideurs du groupe ont du sang sur les mains. Celui d’une quinzaine de jeunes qui veulent simplement vivre et s’éclater de leur passion. Ils n’avaient pas besoin de ça. Le malaise populaire devrait rapidement finir de lézarder l’édifice. Avec ou sans nous…
NP : Donnez-nous vos raisons d’y croire ?
CM : On ne peut pas connaître une situation plus difficile que le jour du lancement. Nous baignons dans la joie et la bonne humeur. Il y a pire comme ambiance de travail. Ajoutez aussi que le geste de Nice-Matin est une reconnaissance du travail fourni depuis 6 ans. A jamais, nous leur dirons merci. On a inversé la tendance. C’est eux les petits. A partir de là, il n’y a que des motifs d’espoirs.
NP : Et enfin, qu’avez-vous à dire à votre lectorat ?
CM : Ils sont otages du déclin d’un empire. C’est dommage, mais c’est aussi fantastique de voir les réactions en tout genre qui atterrissent sur nos bureaux. Nous ne remercierons jamais assez les supporters rouge et noir et les lecteurs pour leur marque de soutien. Actufoot, c’est leur journal. La différence est là. Ils ne peuvent que nous comprendre. Nous sommes pareils. Eux, c’est nous…
Nice Premium : Stéphane Tardy, Nice Matin a lancé un nouvel hébdomadaire sur le football azuréen, Foot06. Pouvez-vous nous donner les raisons du choix de ce lancement ?
Stéphane Tardy : Nice-Matin a toujours eu une vocation de proximité. Le foot amateur a toujours fait partie de ses priorités, mais il était éparpillé entre les pages sports de chaque édition, et concentré, avec peu de place, le lundi et le mardi dans le sports Alpes-Maritimes. Pour plus de cohérence, nous avons réalisé cet hebdomadaire, à la demande insistante d’ailleurs de nos lecteurs.
NP : Pourquoi ne pas l’avoir réalisé auparavant ?
ST : Notre journal a évolué l’année dernière : changement de maquette, changement de format, création de suppléments… Cette année, priorité est donnée au foot amateur.. Tant mieux. L’équipe des sports en est ravie.
NP : Quelle est la ligne éditoriale de Foot 06 ?
ST : Parler de tout le foot des Alpes-Maritimes. Le foot amateur, les jeunes, les seniors, les féminines, les entreprises, le futsal. Le foot-spectacle de nos clubs-phares, comme Nice, Monaco et Cannes. On réserve aussi en fin de cahier un espace dévolu au foot national et aux championnats étrangers . Lorsqu’on aime le foot, on ne peut se désintéresser du Calcio ou de la Liga.
NP : Passons à présent à la polémique avec Actufoot. Qu’en pensez-vous ?
ST : Pour nous, il n’y pas de polémique. Tout le monde a le droit d’exister.
Le football n’est pas un domaine réservé à certains. Le monde sportif est régi par le fair-play. Nous respecterons toujours cette règle et resterons toujours des journalistes professionnels, qui savent ce qu’éthique veut dire.
NP : « Nous préférons mourir debout que vivre à genoux. Le combat ne fait que commencer. ». Ces phrases sont tirées du numéro spécial Actufoot sorti jeudi dernier. Qu’y répondriez-vous ?
ST : Rien.
NP : Enfin, que trouvera-t-on dans le prochain numéro de Foot 06 ?
ST : Nos chroniques de foot amateur désormais habituelles, le grand match de PHB entre La Bocca et le Cros de Cagnes, l’US Mandelieu La Napoule en club de la semaine, les dessous du transfert de Piquionne, un portrait décalé de Vikash Dhorasoo, la rétro de Charly Loubet…