C’est au bout d’un sombre couloir que Titoff savoure ses derniers instants de solitude. Sa petite loge est encombrée. On y trouve pêle-mêle du maquillage, des photos personnelles, ainsi que ses vêtements de scène. Le tout dans un désordre savamment orchestré. L’homme, après avoir avalé une bonne assiette de pates, revient sur sa carrière, ses rencontres. De bonne humeur, il se laisse aller à divulguer, le regard complice, quelques anecdotes personnelles.
Pour se décontracter ou par automatisme, il a plaisanté et malmené les interviewers et leurs matériels. Ce n’est pas gentil monsieur Titoff de se moquer du micro de Nice-Premium! Et qui vous a autorisé à prendre des souvenirs imagés avec notre appareil photo? Il préfère photographier qu’être photographié…On ne lui en veut pas. C’était de la franche camaraderie sudiste. Le principal est là : Titoff a répondu à toutes les questions avec la tchatche traditionnelle marseillaise.
Nice-Premium : Comment est né votre spectacle « Métrosexuel » ?
Titoff : Il est né avec beaucoup de réflexion. J étais chez moi, à Marseille, avec des amis, et j ai du écrire plus du double de la durée actuelle de la représentation. En faite, lors de mon premier spectacle, on m’avait beaucoup parlé du phénomène adulescent. Par exemple, de l’adolescent de 30 ans qui continue à jouer à la Playstation et manger des chips, qui regarde « Histoires naturelles » à la télé à 4 h du matin en rentrant de boite. Personnellement, je ne m’étais pas rendu compte de ça. Dans ma tête, je racontais ma vie. Et c’est vrai que dans celui-ci, il y a un peu plus de recul. Je l’ai vraiment beaucoup travaillé et écrit sur un an et demi, avec des périodes plus ou moins intense ».
NP : Qu’est ce qui se cache alors derrière ce terme ?
Titoff : C’était en faite un prétexte pour parler de l’évolution des mecs de ma génération. Il y a des millions d’hommes en France, assez égocentriques ou assez individualiste, qui ont eu tendance à prendre soin d’eux pour leurs petites amies. Les célibataires faisant la même chose justement pour trouver une fille. Du coup, j’énumère tout au long du spectacle des exemples précis de métrosexualité. Comme lorsque l’on s’inscrit dans une salle de sport, que l’on prend le forfait 6 mois et que l’on y va que deux fois. Ou bien, l’épilation. Beaucoup de nanas préfèrent les mecs sans poils. Certains de mes potes ont aussi expérimenté les régimes pour pouvoir suivre la mode. Notamment celle des pantalons tailles basses où ca dépend un peu où est ta taille ! C’est comme une dictature. Si tu veux t’habiller à la mode ou ne serait-ce que de pouvoir t’acheter des fringues dans les grands magasins, t’es obligé de surveiller un peu ta ligne. Je parle aussi pas mal de l’obligation du « bien être », du bonheur et aussi de la décoration intérieure. Celle où, si tu places un objet au mauvais endroit, tu vas te sentir mal ! J’aborde le côté écologique, où on nous explique comment on doit faire ou ne pas faire et, au final, on y comprend rien. Enfin, j’essaie d’analyser les rapports homme/femme, aussi bien quand on est célibataire qu’en couple, et justement le sexe. Le sexe est vraiment passé en quelques années de sujet tabou à un statut de sujet banal. On ne fait plus que parler de sexe. Personnellement, je suis toujours étonné que l’on fasse un reportage sur les sex toys au 20H de TF1, par exemple.
NP : C’est important de travailler en famille, notamment avec votre frère, pour les textes ?
Titoff : Oui, très. A part au cinéma, où j’ai eu des expériences avec des supers réalisateurs, mon parcours ne s’est fait qu’avec lui. J’espère que ça va durer le plus longtemps possible. On a écrit ensemble déjà trois spectacles. A la fin de la représentation, c’est tellement du 50/50, tellement du travail en commun que c’est difficile de savoir qui a écrit quoi. Le spectacle est conçu pour être très efficace et le fait d’écrire à quatre mains n’y est pas étranger.
NP : Vous jouez beaucoup sur l’interactivité avec le public, comment réagit-il en général ?
Titoff : Franchement, je ne cherche pas du tout ça. Mais c’est vrai que, si une fille se lève pour aller aux toilettes ou si quelqu’un réagit d’une manière différente, ce sont des possibilités. L’improvisation, elle a lieu surtout les premières fois dans les petites salles, quand le travail d’écriture n’est pas entièrement terminé. Là, volontairement, je me lâche. Mais le public est plus ou moins au courant que le spectacle n’est pas fini. Une fois cette période de rodage achevée, on se doit que ça soit le plus professionnel possible. L’improvisation reste à double tranchant. Il y a des moments où, avec ce que j’ai écrit et ce que j ai improvisé, ça rends le sketch très efficace. D’autres fois non.
NP : Quel souvenir avez-vous gardé du restaurant monté par votre frère et son meilleur ami à Saint Tropez ?
Titoff : J’ai tout fait dans ce restaurant ! Je faisais la plonge mais en string avec un foulard sur la tête. Je me suis aussi occupé du bar mais vu qu’au bout d’un moment je m’ennuyais, je finissais par boire plus que les clients ! Comme pas mal de gens savaient que je commençais dans le métier, je me suis retrouvé pas mal de fois à jouer dans le restaurant, même limite dans la rue. Ca me fait toujours plaisir quand on m’en reparle. Il y a des gens qui ont vu après l’évolution. C’est aussi bien des bons souvenirs pour eux que pour moi. Il y avait aussi un piano-bar, qui est fermé depuis, juste à coté du restaurant. J’y passais vers trois heures du matin. Le patron, Jean-Pierre, est un fan de stand-up et il me poussait sur scène sans me demander mon avis. Comme c’était en été à Saint Tropez , il restait vingt à trente personne dans la salle à cette heure là. Mais que des étrangers, ils ne savaient pas ce qu’il se passait ! Ca m’a fait gagner un temps fou, j’écrivais l’après midi avec mon frère et je pouvais tout de suite tester. Ma carrière est partie très vite ensuite.
NP : Pouvez-vous nous parler de votre rencontre avec Dominique Farrugia ?
Titoff : Il avait entendu parler du spectacle quand je jouais à 22 heures dans un petit théâtre à Pigalle. Dominique était très curieux et il est venu. Je n’étais pas au courant qu’il était là mais j’ai eu un doute durant toute la représentation à force d’entendre son rire si particulier ! A la fin, il est entré dans ma loge et on a sympathisé tout de suite. Il avait beaucoup aimé la première mouture du spectacle et m’avait parlé du stand-up. Genre très à la mode aujourd’hui. Mais il y a 7 ans, je ne connaissais pas du tout. J’en faisais sans le savoir ! Je lui ai proposé de faire la mise en scène et Dominique a accepté. Pour moi, il est comme un parrain qui m’accompagne dans ma carrière.
« C’est incroyable l’ambiance qui règne au Ray »
NP : Titoff, il parait que la première fois que vous avez fait l’amour, vous avez gardé la casquette sur la tête ?
Titoff : J’avais seize ans et j’étais à la montagne pour les vacances de Noel. A cette époque là, je n’avais pas le droit de skier car j’étais dans un centre de formation de football, mais j’ai désobéi. Mon frère était avec moi sur une piste déserte et nous sommes arrivés à une bifurcation. Chacun est parti du mauvais coté et nous nous sommes percutés ! Je suis tombé la tête la première sur de la neige verglacée qui m’a râpé la moitié du visage. Le soir même, c’étais le réveillon du jour de l’an. Pendant fête, je suis tombé sur une fille un peu plus âgée que moi et ça c’est bien passé (rires). A la base, j’ai caché mon visage râpé toute la soirée avec une casquette parce que j’avais vu ça dans un film X quinze jours avant. Le mec la gardait pendant qu’il faisait l’amour ! Moi, je me suis dit « ben ça se fait » ! La fille n’a pas eu l’air d’être trop dérangée d’ailleurs (rires).
NP : Vous interdisez-vous d’aborder certains sujets dans vos spectacles ?
Titoff : Je ne me l’interdis pas mais c’est par goût. La provocation n’en est plus dès l’instant où cela a été fait et refait. Je crois plutôt au message de bonheur, d’énergie. Ce n’est pas mon registre de donner des leçons, cela me rend mal à l’aise. A l’époque où on vit, ça peut être un peu prétentieux de dire « moi, j’ai la solution ». On vit dans une société où l’on ne peut plus rire de tout, ce qui fait qu’il vaut mieux traiter les sujets graves de façon intellectuelle plutôt qu’humoristique. C’est comme ça, il faut savoir faire avec.
NP : En ce moment vous êtes sur les planches mais avez-vous des projets au cinéma ?
Titoff : Il y a la suite de « Gomez et Tavarés » qui sort début juin, avant la fête du cinéma. Je suis aussi sur trois projets de comédie actuellement en écriture, sur lesquelles je ne peux en dire plus. La tournée vient à peine de commencer et elle se passe vraiment bien donc pour le moment je suis très occupé. Je reçois un super accueil là où je vais. C’est complet partout. Pour moi, c’est le meilleur spectacle des trois. La priorité, c’est avant tout la scène avec « Metrosexuel ».
NP: Il y a quinze jours, vous étiez à Cannes pour les NRJ Music Awards, vous êtes aujourd’hui à Nice. Doit-on en conclure que vous vous sentez ici comme chez vous ?
Titoff : Toujours ! J’ai un cousin à Cannes, des amis à Nice. A mes débuts, j’ai souvent joué à Antibes où j’étais super bien reçu. Comme tous les mecs du sud, je connais bien la Région et je suis vraiment heureux d’y revenir.
NP : On sait que vous êtes un fan de football. Que pensez-vous de la situation actuelle de l’OGC Nice ?
Titoff : Honnêtement, je n’ai pas vraiment suivi leur actualité. J’ai vu qu’ils ont gagné contre Bordeaux récemment, c’est bien. Quant à l’OM, ça va, ça vient. Ce qui est bizarre, c’est qu’il y a eu une période où le football était presque exclusivement joué par des clubs du sud (Montpellier, Cannes, Marseille, Nice, Toulon etc…). Maintenant, les clubs qui ne se débrouillent pas trop mal se situe dans le nord de la France. C’est dommage parce qu’ici ça vibre. J ai déjà vu des matchs au Ray et c’est incroyable l’ambiance qui y règne.