Nice Premium : Quelles sont vos premières réactions suite à la présentation du pacte présidentiel Ségolène Royal ?
Nathalie Audin : J’ai eu le bonheur d’assister à ce grand moment. Il s’agit incontestablement du véritable point de départ de la campagne. Nous avons, aujourd’hui, cent mesures d’une cohérence totale…D’une cohérence d’autant plus singulière que ces propositions ont été soumises à la discussion des citoyens qui ont bien voulu participer aux différents débats organisés sur l’ensemble du territoire national. Seule Ségolène Royal peut, à mon sens, se prévaloir de cette rencontre effective avec le peuple français. De ce fait, il ne nous surprend guère, nous socialistes, que le programme de Ségolène ROYAL soit parfaitement en harmonie avec le projet que nous avions voté en juin 2006.
Je tiens, par ailleurs, à souligner également le remarquable discours de François Hollande qui a démonté point par point les incohérences des propositions néolibérales et conservatrices de Nicolas Sarkozy lorsqu’il se dit au service « des travailleurs » ou du peuple qui souffre. Il a souligné, également, l’indécence de ce même Sarkozy se permettant de puiser dans le patrimoine culturel de la gauche en citant Jaurès ou Blum alors que son bilan en qualité de ministre des deux derniers gouvernements le positionne clairement comme un ultra libéral faisant fi des nécessaires régulations d’un capitalisme sauvage.
Aujourd’hui, la bataille des « experts » fait rage pour savoir qui de Ségolène ROYAL ou de Nicolas SARKOZY aurait présenter le meilleur programme ramené à un rapport qualité/prix….Outre l’absurdité d’un tel décompte, il convient de positionner le programme de Ségolène Royal dans une logique globale….50 milliards d’euros disent certains… certes….mais 50 milliards financés par une relance de la croissance, par une amélioration du pouvoir d’achat et par une maîtrise de l’endettement.
50 milliards disent-ils…sur combien d’exercices budgétaires ?….
Enfin, 50 milliard pour quoi ?….en créant un service de la petite enfance, en augmentant le montant des petites retraites, en proposant une allocation d’autonomie pour les jeunes, Ségolène Royal propose « un pacte de l’avenir » de la petite enfance aux séniors….
Ségolène Royal investit dans le social parce qu’elle sait que c’est aussi l’investissement économique de demain. Elle a le discours politique de celle qui maîtrise les rouages économiques. Un véritable programme social-démocrate.
Patrick Allemand : Nous attendions impatiemment cette présentation et le moins que l’on puisse dire est que Ségolène ne nous a pas déçus. J’étais dans la salle dimanche et personnellement, je n’avais jamais connu une telle ambiance.
Elle a réussi la synthèse entre le projet socialiste et les remontées des débats participatifs, sans renier ses positions sur la carte scolaire ou l’encadrement des délinquants. Tout le monde disait que l’exercice serait très périlleux, voire impossible, et cela a été tout le contraire elle en a tiré une force nouvelle.
Le discours de Villepinte marque réellement le début de notre campagne et elle s’annonce exceptionnelle. La phase participative est peut-être apparue un peu longue à certains d’entre nous qui étaient impatients d’en découdre avec la droite mais elle était nécessaire pour enrichir notre programme et pour nouer un contact direct avec des électeurs qui ne se déplacent pas dans les réunions politiques traditionnelles. Aujourd’hui, nous sommes en ordre de bataille et nous avons un programme à la fois en accord avec nos principes et avec les attentes des Français. Désormais c’est à nous de convaincre, en faisant campagne sans relâche jusqu’au 6 mai.
NP : Qu’est ce qui vous a le plus marqué parmi les 100 propositions ?
NA : Alors que certains se gaussaient de l’absence de propositions dans le domaine de l’Europe et des relations internationales, Ségolène ROYAL a parfaitement maîtrisé ces deux thématiques avec des propositions fortes en matière de relance politique de l’Europe, elle souligne la nécessité de développer un axe euro-africain et de s’inscrire, avec les pays en voie de développement, dans une démarche de co-développement.
Son positionnement fort pour le respect des droits de l’homme partout dans le monde, son intransigeance à l’égard des états dictatoriaux, sa proposition d’intégrer l’histoire des colonisations dans les programmes scolaires m’ont apparus comme étant particulièrement innovants dans le discours d’un candidat à l’élection présidentielle.
Autres points qui m’ont semblés essentiels dans le domaine de la réforme des institutions : l’abrogation de l’article 49-3, le mandat unique et le renforcement des pouvoirs du parlement.
PA : Il est difficile de retirer une mesure en particulier car ces 100 propositions constituent un projet de société, pas un catalogue. Mais j’ai été particulièrement sensible aux mesures prévues sur le logement (le bouclier logement, le service public de la caution, la construction de 120.000 logements sociaux, l’intervention directe de l’Etat dans les communes qui ne respectent pas la loi SRU…). Partout en France, et en particulier dans notre département, où même les classes moyennes ont des difficultés à se loger, je pense que cette priorité donnée au logement sera appréciée.
NP : Un Smic à 1500 €. Rêve ou réalité ?
NA : Le SMIC à 1500 euros bruts n’est, bien entendu, pas un rêve….C’est une obligation impérieuse. Obligation qui s’accompagne également, dans les propositions de Ségolène ROYAL, par une revalorisation des salaires situés juste au dessus du SMIC. Il sera, bien entendu, nécessaire de passer par une phase de négociations avec l’ensemble des partenaires sociaux, la démocratie sociale étant une des conditions de la réussite des propositions dans ce domaine.
PA : C’est simplement une mesure nécessaire parce qu’elle est juste et parce qu’elle pourra relancer une croissance en berne depuis 5 ans. La politique de pression sur les salaires imposée depuis 5 ans par le gouvernement et le MEDEF est anti-économique car elle pénalise la consommation et ruine la confiance des ménages qui est le socle de toute politique de croissance.
Les chiffres sont là pour l’attester. Non seulement la croissance a été plus forte sous le gouvernement Jospin que sous les gouvernements Raffarin et Villepin, mais elle était aussi sensiblement supérieure à la moyenne européenne alors que depuis 5 ans nous sommes à la traîne des autres pays européens. En 2006, notre taux de croissance a été de 2% alors que le taux de croissance moyen des pays européens s’est élevé à 2,6%.
NP : L’armée pour résoudre les problèmes de la jeune délinquance. Est-ce une solution ?
NA : Voilà bien une des rares mesures « faisant débat » sur laquelle, Ségolène ROYAL n’est pas revenue et qui constitue un point d’achoppement avec les positions que les sociaux démocrates défendent. Nous considérons que les militaires ne sont pas les professionnels les plus à même de s’occuper d’éducation pour nos jeunes. Les militaires font un métier difficile, de plus en plus en lien avec les problématiques humanitaires et de maintiens de la paix, ils ne sont pas formés dans le domaine de l’éducation, a fortiori, spécialisée.. Si de jeunes gens et de jeunes filles, en perte de repères, souhaitent s’engager dans une carrière militaire, ce choix doit être encouragé, mais confier des jeunes en difficulté à des militaires ne nous semble pas opportun. Au regard de l’ensemble des 100 propositions, cette discordance n’est finalement pas essentielle.
PA : Moi ce que je retiens du discours de Villepinte, ce n’est pas cela. C’est la volonté de faire en sorte que la prison ne soit plus considérée comme la solution pour les mineurs.
La prison doit être le dernier recours pour la petite délinquance car en l’état, le milieu carcéral s’avère bien souvent criminogène pour les plus jeunes. Les enfermer avec des criminels endurcis n’est pas une bonne solution. C’est pourquoi l’ encadrement de jeunes délinquants par des militaires dans le cadre de missions humanitaires est une très bonne idée. Elle permettra à ces jeunes d’évoluer dans un cadre disciplinaire strict, ce dont ils ont besoin, tout en revalorisant l’image qu’ils ont d’eux-mêmes.
NP : Toujours dans le domaine de la sécurité. Que pensez-vous de la création d’une « police des quartiers » ?
NA : Revenir à ce que le gouvernement Jospin avait institué avec la police de proximité semble absolument essentiel. Il ne s’agit pas, comme l’avait brocardé le ministre de l’intérieur, Nicolas Sarkozy, « de payer des policiers pour jouer au football » mais bien d’assurer un maillage de l’ensemble du territoire au plus près des problèmes rencontrés par les habitants. La police de proximité ou police des quartiers est un dispositif développé au Canada….où les policiers jouent effectivement au football avec les jeunes et où s’est instauré un climat de confiance entre jeunes et policiers. Que les policiers soient au plus près des besoins de nos concitoyens, soient étroitement associés à la prévention de la délinquance, rencontrent les jeunes ne peut être qu’une excellente mesure.
Aujourd’hui, ils apparaissent trop souvent comme des ennemis surtout lorsqu’ils débarquent en période de troubles, hélicoptère à l’appui comme ce fût le cas dans le quartier des Moulins lors des dernières « émeutes ».
Le policier doit faire partie du paysage urbain.
PA : C’est une mesure indispensable. Depuis qu’il est au ministère de l’intérieur, Nicolas Sarkozy s’est attaché à démanteler la police de proximité pour des raisons purement idéologiques et au détriment de la sécurité des personnes.
A Nice comme ailleurs on a assisté à une vaste centralisation des commissariats. En éloignant les policiers du terrain, on a rendu leur tâche plus difficile, et l’absence de présence policière continue dans les quartiers a provoqué une montée du sentiment d’insécurité. L’exemple de la suppression du commissariat de Cernuschi est très révélateur de l’échec de cette politique. Les chiffres de l’insécurité ne sont pas bons à Nice-Nord. Lors des émeutes de novembre 2005, alors que la situation a été relativement calme à Nice, on a constaté un nombre étonnant de véhicules brulés dans ces quartiers. Derrière les effets de manche de Nicolas Sarkozy, la réalité est là.
NP : Enfin, que pensez-vous des divers sondages sortis ces derniers temps ?
NA : Les militants sont aujourd’hui armés de 100 propositions. Nous allons expliquer, convaincre, défendre pied à pied l’ensemble des mesures. Nos concitoyens comprennent bien ce que nous propose Nicolas Sarkozy : toujours plus de casse sociale, plus d’enfants pauvres, plus de misère au bénéfice d’une minorité. Nous avons connu une période de flottement bien naturelle après la campagne interne. Notre candidate est maintenant en mesure de se présenter devant les français avec un projet…..ce sera projet contre projet. Les sondages étaient le reflet de ce flottement. Aujourd’hui nous pouvons aller de l’avant. Ségolène ROYAL sera notre première Présidente de la République.
PA : Il ne faut pas s’en inquiéter outre mesure car notre campagne vient de démarrer. Et puis j’ai appris à me méfier des sondages au fil des élections…
Fin janvier, début février 1995, c’est Balladur qui était le favori des sondages. En 2002 à la même époque, Jospin était en tête. Aucun des deux n’a gagné, ni même figuré au second tour. Au cours de toutes les campagnes présidentielles on a assisté à une cristallisation de l’électorat un mois et demi avant l’élection, jamais avant. Il faut donc rester serein et se préoccuper de faire une bonne campagne. C’est sur le terrain que ça se jouera, pas dans les instituts de sondages.
Nice Premium : Ségolène Royal vient de présenter son programme à Villepinte et ses 100 propositions. Quelles sont vos premières conclusions ?
Frédérique Grégoire : J’espère que la vraie campagne va enfin pouvoir commercer, projet contre projet. J’en avais assez de cette campagne des petites phrases et des coups bas.Le discours de Ségolène à Villepinte a pu démontrer, une nouvelle fois, qu’elle a une vraie vision pour la France, pour une France qu’elle souhaite voir se ressembler et se rassembler. C’est ce que j’apprécie dans son discours et dans ses propositions, c’est cette volonté d’unité de la nation et non d’opposition entre différentes classes.
NP : « Une nouvelle politique pour une France neuve ». Est-ce ce que vous imaginez pour demain ?
FG : La manière dont s’est déroulée cette première phase de campagne est très significative de ce cette nouvelle politique qu’elle souhaite mettre en oeuvre. Je rappelle qu’elle a bâti les 100 propositions de son pacte présidentiel sur ce qui est remonté des débats participatifs. Plus de 6000 débats ont été organisés sur le territoire national, 50 dans notre département. C’est en soi déjà une nouvelle manière de faire de la politique. Elle a assuré qu’elle continuerai à « rendre la parole aux français.
Les réformes institutionnelles qu’elle propose avec par exemple, la mise en place de budgets participatifs dans les communes, le référendum d’initiative populaire, mais également la réforme de l’Etat qu’elle souhaite mettre en œuvre démontrent qu’avec elle ce sera « une nouvelle politique pour une France neuve ».
NP : Pensez-vous que l’encadrement des jeunes délinquants par des militaires puissent être une solution pour enrayer ce fléau ?
FG :Il faut reprendre son discours sur ce point. Que dit Ségolène ROYAL ?Il faut une sanction dès la à la première incartade. Qu’il faut répondre à toute infraction par une sanction ferme, rapide et proportionnée. Elle propose d’ailleurs d’augmenter significativement le budget de la justice et spécialement celle des mineurs. Elle part du constat que la prison n’est pas une sanction appropriée à la délinquance des mineurs puisqu’ils ressortent à 70 % récidivistes. Elle souhaite ainsi développer toutes les formes d’encadrement éducatif. L’encadrement militaire est donc une des alternatives à l’emprisonnement.
NP : Concernant la carte scolaire, que pensez-vous des propositions de Ségolène Royal ?
FG :Je trouve regrettable que l’on aborde la question des propositions de Ségolène ROYAL sur l’école que par celle de la carte scolaire. Or, Les propositions de Ségolène ROYAL pour l’école sont très fortes. Elle place vraiment d’éducation au centre de son projet présidentiel, avec la création de cours de soutien gratuit, la création d’un corps de répétiteurs, la création d’un service public de la petite enfance, l’augmentation du nombre des adultes dans les établissements scolaires, la valorisation du travail des professeurs….
Elle précise également que les gros collèges seront divisés pour qu’aucun collège ne dépasse plus de six cents élèves afin de répondre à la recrudescence des brutalités et des violences subies par les élèves et les enseignants.
La carte scolaire n’est qu’un des moyens supplémentaires qu’elle souhaite mettre en place pour favoriser la mixité sociale et la réussite de chacun. Contrairement à un autre candidat, elle ne veut pas la supprimer mais la redécouper pour que les secteurs soient plus hétérogènes et que chaque famille ait le choix entre plusieurs établissements.
Cette proposition trouve toute sa place dans l’ensemble de ce dispositif qui vise à rétablir l’école comme « le cœur battant de la République. ».
NP : Vous avez organisé de nombreux « Café Ségo » à Nice. Si vous deviez en faire un résumé ?
FG :J’ai été surprise par le succès de ces débats. Nous avions prévu d’en organiser une trentaine, nous en avons fait 50 et nous allons continuer, car nos concitoyens en réclament encore.
NP : Enfin, quelle est la suite des évènements concernant la candidature de Ségolène Royal dans la Région ?
FG :Ségolène ROYAL nous demande désormais de retourner vers les citoyens, de leur donner la parole sur le pacte présidentiel.
Nous irons donc à leur rencontre par le biais de nouveaux débats, de distributions de tracts, de réunions thématiques….
Il nous faut également organiser la venue de Ségolène ROYAL au NIKAIA le 11 avril 2007.
J’invite d’ores et déjà tous ceux qui souhaiteraient participer à cette campagne à nous contacter sur le blog « la voie royal »
