Eric Ciotti, secrétaire général adjoint de l’UMP, a proposé récemment le rétablissement du « droit du sang » pour obtenir la nationalité française, avec le maintien du « droit du sol » – aujourd’hui en vigueur pour tous – pour les citoyens de l’Union européenne.
« On ne peut pas donner la nationalité par hasard », avait alors soutenu le Président du Conseil départemental des Alpes-Maritimes. Il a reconnu que cette question posait « un vrai débat », y compris au sein de l’UMP.
Nicolas Sarkozy (dont le père est originaire de Hongrie) lors de la présidentielle de 2012, avait exprimé son opposition au droit du sang en lançant: « Le droit du sol, c’est la France. »
Perplexe, le maire de Nice, Christian Estrosi, maintient sa réticence «sur l’ensemble de la mise en place du droit du sang» mais avoue que des «zones géographiques de notre pays posent un vrai problème».*
Le député UMP des Alpes-Maritimes et «fils d’immigré italien» assure qu’il «ne serait pas Français si c’était le droit du sang qui s’était appliqué. Eric Ciotti (transalpin aussi par son ascendance) probablement non plus. Comme lui, à la lecture de leur patronyme, bien d’autres protagonistes de la vie politique française, parmi lesquels certains des plus intransigeants envers les « nouveaux » prétendants et » nouveaux » arrivés.
Freud aurait peut-être quelques saines explications pour nous faire comprendre ce qui ne tient pas de la logique.
Une telle débandade culturelle peut s’expliquer seulement par l’effet tétanisant que le FN provoque dans cette droite (qui se veut « républicaine » ?) qui pour faire face à l’extrême droite, devient « sinistre ».
Le droit du sol reste la clef de la cohésion et de la construction de l’identité française d’hier et européenne de demain.
La France a une responsabilité spéciale: contre la conception de la nation ethnique la France a inventé la nation civique, fondée non sur le sang mais sur les valeurs.
Et cela vient de très loin: Clovis refuse la coupure entre Francs et Gaulois, il interdit les mariages claniques, lui même donne l’exemple: il se marie avec Clotilde, Burgonde.
Le processus d’hybridation de la lignée mérovingienne est lancé . Francs, Burgondes, Wisighots, , Alamans, Gallo-romains, Armoricains vont se fondre : le récit de « nos ancêtres les Gaulois » est né.
En 1515 , le droit du sol fut formalisé par décret royal: il suffisait de naître et de résider en France pour être libre et égal sujet. La France, soudée éthiquement, avait construit le premier État du monde sur une unité civique, réaffirmée par le droit du sol en 1790, lors de la Révolution française.
Le 10 octobre 1945, le Général de Gaulle abolissait les décrets ethniques de Vichy. Il n’avait pas oublié la Résistance où combattirent les français de toutes origines pour assurer la victoire de la France, unis non pas par le sang mais par les valeurs.
L’histoire est un long fil : si on ne sait pas d’où on vient, on ne peut pas savoir où on va et ou on veut aller.
Quelle tristesse d’en dévier pour quelques voix de plus…
