Depuis le début de l’année, ce sont 4 000 migrants illégaux qui ont été repérés, c’est-à-dire le double de l’année dernière », a déclaré Christian Estrosi sur Europe 1. La proposition de l’Union européenne d’instaurer des quotas, « plutôt que d’aller frapper » ces réseaux est « complètement absurde ».
Encore, Christian Estrosi a appelé à la création d’une force capable de couler les navires qui essaieraient d’embarquer des migrants et un « blocus avec une flotte aérienne et une flotte navale le long des côtes du sud ».
Le Maire de Nice aime les phrases fortes et parfois les rodomontades : comment imaginer mettre sur pied une coalition militaire anti-passeurs ? Et pourquoi pas aussi faire appel à la VIème Flotte de la Marine américaine ?
En fait, il n’y aura pas de coalition militaire et Christian Estrosi le sait bien. Alors pourquoi en parler si ce n’est que pour flatter un électorat limite fascisant ?
Cependant, le problème existe bel et bien : la Méditerranée ne peut et ne doit pas être transformée en cimetière marin pour celles et ceux qui cherchent une terre d’asile,
Que faire pour cela ? Il n’y a pas « une » mesure miracle, mais un ensemble d’actions . Cet ensemble constituerait la politique européenne de l’asile et de l’immigration qui fait tant défaut aujourd’hui.
D’abord, en urgence, arrêter les noyades. Par quels moyens ? Accroître les moyens maritimes de repêchage et empêcher les départs par un contrôle accru des navires (opération « Triton » multipliée par 3).
Ensuite, prendre la juste mesure du phénomène. L’immigration n’est en soi, ni une chance, ni une catastrophe.
Pour commencer , il ne faut pas oublier que c’est un phénomène mondial (Nigeria, Afrique du Sud, Australie, Rio Grande, etc.), et pas seulement européen ; 80 % à 90 % des déplacés, le sont dans les pays du « Sud ». C’est le Pakistan qui accueille le plus grand nombre de réfugiés au monde.
Les chiffres de l’immigration dans l’Union européenne (UE), depuis l’extérieur de l’UE, restent limités : autour d’1,7 million. ll y a 500 millions d’Européens : sur un plan quantitatif, ces flux sont donc gérables. Ils sont économiquement précieux pour pourvoir les emplois non qualifiés vacants, et des emplois très spécialisés.
La proposition de la Commission de décider annuellement, des quotas par métiers, indexés sur les besoins économiques et la capacité d’accueil de chaque pays est réaliste et va dans la bonne direction.
Ensuite , il faut en parallèle essayer de démanteler les réseaux, en remontant pour cela toute la chaîne, des pays d’arrivée jusqu’aux pays de recrutement.
Enfin, on parle toujours de plan Marshall au bénéfice de l’Afrique. Il serait avisé de donner suite aux propos, sans oublier les perspectives économiques africaines, extrêmement prometteuses Ainsi, le nombre de migrants africains devrait diminuer avec le temps.
On comprend bien que ce problème est politiquement et psychologiquement explosif dans nos sociétés démocratiques fébriles: il l’est encore plus surtout si les hommes politiques en font un outil de leur propagande et exploitent les émotions à des fins électorales.
par Garibaldino
