J. K. Rowling, l’auteur d’Harry Potter, nous offre son premier roman non fantastique, qui a été adaptée en mini série par la chaîne OCS. Visite au cœur de Pagford, petite bourgade anglaise où tout le monde est prêt à prendre la place du conseiller et journaliste Barry Fairbrother, qui vient de décéder.
Pagford est un petit bourg rattaché à la ville-mère de Yarvil. Les deux cités cohabitent depuis toujours mais les habitants de Pagford souhaitent se débarrasser de la tutelle qui leur impose le rattachement de la Cité des Champs, cité populaire où la délinquance se développe et où se trouve la clinique de désintoxication Bellchapel. Pour Howard Mollison, président du Conseil paroissial, il est urgent de s’en séparer car ces deux lieux font tâche dans le paysage idyllique de Pagford, avec ses maisons bourgeoises, ses jardins parfaitement entretenus et sa petite épicerie fine…
Barry Fairbrother, fervent défenseur de la Cité des Champs et de ses habitants, décède brutalement. Howard Mollison et d’autres membres du conseil voient dans cette disparition l’occasion rêvée pour parvenir à leurs fins.
Un notable meurt et les passions se déchaînent. Le masque du petit bourg parfait ne tient pas longtemps et, sous des dehors respectables, il laisse entrevoir un sordide décor.
J. K. Rowling, révélée avec la saga Harry Potter, nous livre ici un roman qui passe au crible la société bourgeoise d’un paisible village. Sa plume sait parfaitement décrire les manipulations, l’hypocrisie et les manigances qui rythment la vie à Pagford. L’auteur fait vivre tout un milieu avec une grande justesse, l’opposition entre les habitants de Pagford et ceux de la Cité des Champs est très intense. Et bien que les adultes soient au cœur de ce roman, les adolescents y occupent une très grande place. Ses personnages, Krystal, Fats, Andrew, Sukhvinder, sont décrits avec tendresse et bienveillance, sans complaisance, et l’auteur n’oublie pas leur côté sombre et leurs fêlures.
Les adultes ne sont pas en reste, Shirley, Howard, Miles, Samantha, Tessa, Parminder, Colin, les clans se forment, des alliances se font, et tous attendent avec impatience le résultat du vote qui donnera le nom du remplaçant de Barry. Le conseil paroissial de Pagford est presque aussi important qu’une élection présidentielle pour certains habitants, alors quand un corbeau vient semer le trouble, la tension augmente d’un cran.
Le récit alterne les histoires des différents personnages qui se croisent, s’entrecroisent, toujours avec un incroyable souci du détail. La tension croît, le jour de l’élection se rapproche, et le lecteur s’approche inexorablement d’un dénouement tragique.
Roman très social – de nombreux thèmes comme la violence aux enfants, la drogue, la maltraitance, l’abandon, sont abordés – Une place à prendre est une satire féroce, et J. K. Rowling réussit un portrait sans concession de Pagford où l’intelligence de son écriture rend le tout crédible, prenant et émouvant.
Marion Boné