Comme tous les festivaliers, je m’apprêtais à passer une soirée de clôture paisible…
Une demi-douzaine de films pouvant faire des Palmes d’or très présentables, j’étais prêt à saluer la probable perspicacité des frères Coen et de leur jury. A l’arrivée, rien de tout cela, le festivalier bon public que je suis s’est retrouvé sonné par la brutalité d’un palmarès à l’emporte-pièce.
La palme d’Or est attribuée à un film, Dheepan qui est loin d’être le meilleur de son réalisateur (Jacques Audiard). Un film déséquilibré dans sa chronologie (première partie prometteuse, le reste en vrille…), faussement concerné par une société qui va mal, avec un final pour le moins ambigu.
Même stupéfaction pour le prix de la mise en scène (troisième prix dans la hiérarchie cannoise) pour Nie yinniang de Hou Hsiao-Hsien, un film que seul le critique de Libération a compris.
Le prix du scénario pour Chronic est également bizarre, même Michel Franco son réalisateur a sous-entendu que ce n’étais pas le point fort de ce film.
Le prix d’interprétation féminine à Rooney Mara (Carol) est justifié mais c’est avec Cate Blanchett sa lumineuse et troublante partenaire qu’elle aurait dû le partager. Pas avec la parfois crispante Emmanuelle Bercot (pour le médiocre Mon roi).
De ce naufrage, on ne peut sauver que l’immense Vincent Lindon (La loi du marché) et The lobster, Prix du jury. Et probablement Le fils de Saul que nous avons manqué pour cause de rendez-vous politique.
Du coup, pour calmer mon courroux, j’ai suivi une excellente thérapie avec le dernier épisode de la première saison du HBO True Detective. Sublime. Et en plus les frères Coen n’étaient pas là pour lui préférer Julie Lescaut.
par Patrick Mottard