Alerte pour les tout-puissants : on ne va certes presque jamais dans le mur mais on glisse souvent sur les peaux de banane. L’histoire de l’élection-démission de Sepp Blatter de la présidence de la FIFA pourrait rentrer dans l’histoire de la variété si ce n’était pas une chose sérieuse et grave.
Un des plus avisés et importants dirigeants du sport mondial est tombé du haut de son piédestal sans même s’apercevoir de ce qui était en train de se passer. Pourtant, les signaux prémonitoires étaient évidents et n’auraient pas du échapper à quelqu’un qui possède un des plus beau réseau de liens internationaux.
Ne pas savoir que son ancien collaborateur américain, Chuck Blazer*, était aux prises avec la justice américaine et ses procédures d’investigation est un délit tolérable pour un dirigeant inexpert, inacceptable pour quelqu’un qui est dans les affaires depuis 40 ans et qui connait les hommes qui sont dans le dispositif tout en sachant comment les choses se passent.
Quant la police suisse arrête, à la veille du l’Assemblée Générale de la FIFA, sept de ses dirigeants et qu’au cours de la conférence de presse tenue par les Etats-Unis, on demande l’extradition des soupçonnés coupables, voit la présence du Général Attorney, du directeur de FBI et de celui de l’Administration fiscale fédérale on devrait comprendre que les jeux sont faits et que la tactique du « ce n’est pas moi » ne sert plus à rien.
Comment ne pas connaître les codes du fonctionnement de la justice américaine ?
Comment ne pas se rappeler que les investigations du FBI avaient poussé le président Nixon à démissionner (affaire Watergate) et qu’un des plus importants chefs de la mafia américaine des années ’20 et ’30, Al Capone finit sa carrière , non pas pour les très nombreux crimes commis, mais par un délit de fraude fiscale ?
Le message était donc clair et Sepp Blatter aurait du l’interpréter comme il se devait : fin de la course.
Mais vu sa surdité, ce n’est pas par hasard que trois jours après a été divulgué le mail qui fait lumière sur la responsabilité du Secrétaire Général de la FIFA Jérôme Valcke (qui prudemment ne fait pas le déplacement prévu pour les championnats mondiaux féminin au Canada) dans un transfert illégal de fonds et oblige Sepp Blatter a annoncer sa démission.
Un record : élu le vendredi et démissionné le mardi suivant !
On attend la suite, y compris l’inspection sur l’activité de la société de marketing sportif et de droits de télévision Infront dont le président est le neveu de Sepp Blatter, Philippe.
Infront est un acteur majeur du business sportif et co-actionnaire avec Aspire Sport (une société de la famille Al-Thani, l’émir de cet Etat) pour la gestion du marketing et droits commerciaux de la Coupe du Monde au Qatar en 2022.
Enfin, la « série » ne fait que commencer et nul doute que les épisodes suivants seront encore très pimentés.
