Ce dimanche aura lieu le référendum organisé par le Gouvernement grec concernant l’hypothèse de solution de la « dette » de ce pays proposée par l’Union Européenne.
Les électeurs devront se prononcer pour un « nai » ( (oui) ot « oxi » ( non).
Le gouvernement d’Alexis Tsipras a fait campagne pour le ‘non’, ce qui est déjà une entorse à la règle de comportement qui vaut une neutralité de la part de l’exécutif.
Suite à ce vote, d’une manière ou d’une autre, on sortira de l’impasse d’une négociation qui dure pratiquement depuis cinq mois, à savoir après les élections de janvier qui ont été remportées par la coalition « extrême gauche/extrême droite » avec le parti Syriza comme force majeure.
La Grèce est du point de vue financier sur le bord du précipice . Sa situation est intenable et les premiers à le savoir sont les grecs eux-mêmes.Depuis la chute du régime des « colonels » le pays a été mal géré, tous les gouvernements de droite et de gauche confondus.
Si la Grèce était une entreprise , elle aurait fait faillite depuis longtemps.
Mais, les citoyens ne sont pas sans avoir leurs fautes, chacun en a profité à sa manière. Une classe dirigeante clientéliste et démagogue sinon corrompue, une classe entrepreneuriale prédatrice, une bourgeoisie « compradora » et axée sur la conservation des privilèges et, in fine, une population prête ou obligée à tout arrangement pour quelques avantages. Avec ce cadre comment un pays peut s’en sortir sans faire recours à des créditeurs (trop) indulgents et… intéressés ?
Pas de collecte fiscale à un niveau acceptable, pas de secteur industriel compétitif, une bureaucratie inefficace et, résultat final : une économie figée autour du tourisme et des transports maritimes (de plus avec des sociétés enregistrées sous bannière des paradis fiscaux); Même l’église orthodoxe a mis sa puissance au service des privilèges en obtenant l’exemption fiscale pour son patrimoine, pourtant considérable.
S’il n’y avait pas en jeu la destinée d’un pays (et on sait combien l’humanité lui doit en terme de civilisation), on pourrait se réduire à l’éternelle histoire de la cigale et de la fourmi : il y a ceux qui dépensent plus de leurs avoirs et il y a ceux qui leurs prêtent leur épargne pour le faire.
Dans un certain sens, la responsabilité est commune et partagée.
C’est pour cela que ce référendum (voulez-vous accepter les conditions de …) est un faux patent : tout le monde – les débiteurs grecs et les créanciers européens et mondiaux – sait très bien que l’énorme dette cumulée ne pourra pas être remboursée dans le sens technique du mot: capital plus intérêts. Tout le monde sait très bien qu’il faudra trouver des solutions pour l’alléger ou l’échelonner.
Le problème ce n’est pas le passé et les responsabilités de chacun, ceux qui ont accompli le désastre, ceux qui en ont profité, ceux qui l’ont permis et cautionné.
Le problème est le futur: les cigales renonceront à leur habitudes et se convertiront en fourmis ou voudront-elles continuer à profiter des fourmis pour continuer à faire les cigales ?
Le point d’interrogation regarde donc, non pas le déficit passé, mais les reformes du futur, de manière à qu’il n’y est pas ou plus de déficit « permanent ».
Sur ce point, la situation est floue et le duo Tsipras-Varoufakis n’a pas su apporter les garanties suffisantes et essentielles quand on est débiteurs: garder la confiance des créanciers.
L’appel au peuple à travers un référendum n’est pas un acte de responsabilité mais un aveu d’impuissance, une fuite en avant.
D’ailleurs, s’il est possible et parfois facile de gagner une élection en misant sur la protestation, il plus difficile et parfois impossible de gouverner en pointant le doigt en direction de la lune.
Se promener en moto ou s’habiller décontracté et sans cravate peut même alimenter une certaine sympathie par rapport au style sérieux de notables de provinces des dirigeants européens mais , malheureusement, le problème n’est pas vestimentaire.
En fait, le premier devoir d’u débiteur est celui d’honorer sa dette ou être capable de trouver une solution de compromis avec ses créanciers: difficile d’en arriver là quand on se positionne en victime et on adopte un comportement agressif et outrancier.
Dans les négociations, la compétence et le professionnalisme sont toujours à préférer à l’arrogance et à l’amateurisme.
La »théorie des jeux » chère au Ministre des Finances grec peut avoir un attrait intellectuel mais une négociation politique ne doit pas être confondue avec une table de jeu au casino où on peut s’adonner au calcul des probabilités.
Ce n’est par hasard que les radicaux et extrémistes de droite et de gauche européens sont tous derrière le « NON » : l’esprit de rébellion , si inutile, a toujours sa fascination*.
On appelle faussement à la solidarité mais, dans ce cas, la question est toute autre: si chaque repas doit être payé , à qui revient de le faire sinon à celui qui était assis à la table ?°