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22 novembre 2024

Economie: France/Allemagne, la compétitivité a ses régles

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On revient souvent dans le débat politique sur la comparaison de la compétitivité entre l’Allemagne, pays-locomotive de l’Union Européenne , et la France, en faisant référence au coût du travail.


L’étude ci-dessous montre que les participants à ce débat font preuve d’ignorance et parlent, souvent, sans connaissance de ce qu’ils disent. Ce qui est quand même regrettable, spécialement quand on a une fonction publique.

À partir d’une comparaison inédite de la dispersion des salaires entre les deux pays, France Stratégie montre que la différenciation salariale a procuré un avantage certain à l’industrie allemande, lui permettant de combiner attractivité salariale et compétitivité coût et hors coût.

Le prix en termes d’inégalités salariales a été de grande ampleur pour l’Allemagne alors que la France ressort comme un pays ayant organisé des modalités plus uniformes d’évolution salariale entre secteurs.

Les diagnostics sur la compétitivité-coût se fondent souvent sur la seule comparaison des coûts salariaux dans l’industrie manufacturière. Des travaux récents sur l’Allemagne ont cependant mis en évidence que l’ampleur croissante des disparités salariales entre secteurs et entre niveaux de qualification a été un facteur clé de la compétitivité de l’industrie exportatrice. Ces caractéristiques ne se retrouvent pas du tout pour la France.

Il ressort de cette note d’analyse les résultats suivants :

Si le coût horaire moyen du travail est plus faible en Allemagne qu’en France, de l’ordre de 9,2%, les salaires horaires moyens bruts sont en revanche plus élevés en Allemagne, de l’ordre de 5,6%, dans quasiment tous les grands secteurs, à l’exception des services aux entreprises ;

Les bas salaires sont beaucoup plus faibles en Allemagne qu’en France et c’est en Allemagne que les inégalités salariales, notamment au bas de l’échelle des salaires horaires, sont les plus élevées de l’Union européenne, devant les pays d’Europe centrale et orientale.

La segmentation salariale, selon le temps de travail, le sexe, l’âge, les secteurs et le statut de l’activité (filialisée ou non, accueillant des travailleurs détachés ou non) est beaucoup plus marquée en Allemagne qu’en France.

Les secteurs les plus rémunérateurs ne sont pas les mêmes dans les deux pays, traduisant des différences dans les systèmes productifs et des écarts dans l’attractivité salariale des secteurs.

En Allemagne ce sont l’industrie et les activités de réseau qui sont au sommet de la hiérarchie salariale, en France : les services financiers, les services aux entreprises et les activités de réseau.

La différenciation salariale a permis à l’industrie allemande de combiner gestion de la contrainte de compétitivité coût et maintien de salaires relativement attractifs, en tirant bénéfice des différentiels de salaires avec les services à faible valeur ajoutée.

La stratégie a fonctionné tant que les mécanismes de solidarité rendaient les inégalités de revenus marchands « acceptables » parce que partiellement compensées par le système de redistribution. Le prix en termes d’inégalités salariales a été de grande ampleur, et a contribué à l’introduction, début 2015, d’un salaire minimum légal interprofessionnel.

A contrario, la France ressort comme un pays ayant, jusqu’à présent du moins, organisé des modalités plus uniformes d’évolution salariale entre secteurs.

En conséquence, l’industrie et plus généralement le secteur des biens échangeables ont moins bénéficié d’un faible coût de leurs intrants, ce qui a pesé sur leur compétitivité.

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