On comprend bien pourquoi Christian Estrosi est un adepte du footing : pour participer (et dans son cas, diriger) une séance du Conseil Municipal de Nice, il faut avoir du coffre et du fond !
Dès 8h30 (en fait plutôt vers 9 heures, nous sommes à Nice et pas en Suisse) à 17 heures avec une pause-repas qui sert aussi à des conciliabules, pas question de s’endormir (seul les baillements sont permis) pour voter les 150 délibérations (il est vrai beaucoup d’ordre administratif).
Quoi d’important et de plus significatif ?
Par ordre chronologique, l’acquisition d’une statue de dimension importante rendant hommage à Hervé Gourdel et aux victimes du terrorisme (y en a-t-il eu d’autres à Nice ? Pourquoi en rajouter toujours pour gonfler le problème ?).
L’oeuvre est de l’artiste Roland Moreau, une stèle monolithe de granit brut de 2 mètres de haut sur une base de 1m par 0,50 cm, composée de deux faces. Reste le mystère du lieu où elle sera posée…
Le conseiller Gaël Nofri a lancé « l’idée d’une suscription populaire pour donner à cette initiative un caractère participatif ». Une belle idée qui n’a pas eu de suite mais pourquoi en garder l’exclusivité ?
La police municipale , cheval de proue de Christian Estrosi pour son nombre et son organisation, n’est pas encore suffisante pour faire face aux taches de plus en plus nombreuses, y compris jouer un rôle supplétif de la police et gendarmerie nationales, elles par contre de plus en plus insuffisantes (là aussi le gouvernement socialiste en porte , pour le maire de Nice, toute la responsabilité).
Pour lui donner encore plus de moyens , une « réserve » sera créée, ce qui permettra son utilisation, sur la base du volontariat, pour des missions ponctuelles à l’occasion de manifestations ou autres rassemblements. Elle sera ouverte aux agents municipaux et métropolitains et aux volontaires.
Le maire de Nice l’avait annoncé et une présentation de projet a déjà été faite : la Colline du Château sera réaménagée pour en faire un lieu de tourisme et de vie après une longue période d’incurie (depuis 1935 ). Les recommandations des conseillers écologistes préoccupés par le maintien des lieux naturels ont trouvée une réponse facile: ce seront 5 000 m2 de plus d’espaces végétatifs qui seront mis à dispositions des visiteurs une fois les travaux terminés.
Décidément depuis qu’il est candidat aux régionales, Christian Estrosi a la main verte : influence de sa conseillère Maud Fontenoy, nouvelle écologiste de complément ?
Quelques escarmouches des socialistes Paul Cuturello sur les parkings du pole multimodal à l’Arenas en programme qui ont permis au Maire de Nice de le magnifier et une réserve méthodologique de Dominique Boy-Mottard sur la restructuration et l’extension du groupe scolaire du Ray ( ne serait-il pas mieux d’examiner le projet global de la zone de l’ancien stade- a- elle demandée?), nous portent à une des délibérations les plus importantes de la journée.
Et oui, malgré le refus de l’année dernière quand la loi fut votée, à partir de 2016, la municipalité niçoise appliquera la cotisation supplémentaire de la taxe d’habitation aux résidences secondaires : cette opération permettra une recette de 5 millions d’euros environ (estimation).
Ce paradoxe, Patrick Allemand n’a pas perdu l’occasion de le rappeler à Christian Estrosi qui s’est justifié en accusant le gouvernement d’avoir réduit brutalement le financement des collectivités locales dans le cadre du plan de réduction de la dette nationale.
Le question mériterait bien plus de considérations mais, en tout cas, il n’y aurait aucune modification dans l’explication : pour Christian Estrosi tout ce qui ne va pas (pluie exclue ?) est la faute du gouvernement socialiste !
C’est avec regret qu’on doit passer sans commentaire, la longue liste des délibérations proposées par Dominique Estrosi-Sassone, toutes concernant les logements sociaux, qui sont normalement le motif d’empoignades viriles (mais toujours très correctes) avec Paul Cuturello.
Mais, surprise, ce dernier, probablement encore en climat vacancier, s’est dérobé sans mot proférer en laissant les présents sur leur faim. Dommage, parce qu’au fond, on s’était presque habitués à cette petite parenthèse qui donnait un peu de brio dans un hémicycle souvent réduit à une assemblée de « musikanten » où chacun joue sa partition… mais pas plus.
Côté sportif, l’attribution de subventions à divers organismes permet à Christian Estrosi de faire un clin d’oeil à ces associations et de se rappeler à leur bon souvenir. Il est toujours utile d’avoir bonne publicité parmi les très nombreux sociétaires quand on est candidat à une élection.
A la une ces derniers jours, après une longue éclipse, le dossier de l’édifice de la rue Pontremoli, don d’un mystérieux saoudien à une association musulmane, et destiné à un centre culturel (une salle de prières pour le maire de Nice catégoriquement opposé) , devrait avoir trouvé une conclusion: le projet de la Mairie, qui voudrait en faire une crèche pour les enfants des futurs habitants de Nice Méridia, a eu le confort des autorités administratives, ce qui permettra d’exercer le droit de préemption pour utilité publique. Les autres associations de culte musulman interpellées auraient donner un avis favorable: peu de la concurrence ?
Un changement de taille est prévu dans le management de l’Opéra de Nice qui n’a pas la renommé internationale que les édiles de la ville pensent (même s’il n’est jamais trop tard pour avoir des objectifs ambitieux) , mais qui reste un lieu incontournable pour les amateurs de la « serious music » : un directeur général (qu’on espère de carrure internationale) mettra fin à la dyarchie entre la direction de la régie (en fait, les finances et l’organisation) et le directeur artistique en charge de la programmation… sans avoir en main les cordons de la bourse.
Si on ajoute le directeur musical et les ego des uns et des autres…pas besoin d’expliquer le reste et les difficultés de fonctionnement.
Par ailleurs, on se demande bien les raisons de l’opposition de groupe socialiste …
Pour en finir , deux voeux ont été soumis à l’approbation de l’assemblée.
Le premier, approuvé, réédition de celui qui a été déjà voté par le Conseil Métropolitain la semaine dernière, est demandé (dixit le Maire de Nice) par l’association UFC-Que Choisir et concerne la dénonciation du mauvais fonctionnement des transports régionaux et des mesures des compensation pour les usagers que Christian Estrosi a relevé , pas moins, qu’ au rang de naufrages !
En fait, l’initiative sent fortement la propagande électorale et l’association, dans ce cas, devrait être rebaptisée » qui choisir » ayant pour slogan,: je vous le donne en mille, suivez mon regard !
Le deuxième, lui rejeté, était proposé par le groupe écolo-socialiste relatif à l’engagement de la Ville de Nice dans une dynamique d’accueil des réfugiés.
Il ne faut pas un dessin pour comprendre la suite du débat: un voeu en faveur des réfugiés, en pleine campagne électorale pour les régionales, dans la ville la plus à droite de France, et le FN qui ne parle que de sécurité… mais, où vivent les socialistes ?
D’ailleurs la réponse de Christian Estrosi ne pouvait être plus nette: reprenant les argumentations de son mentor Nicolas Sarkozy qui affectionne le rôle de chef de guerre, il a indiqué la solution du problème en opposition au gouvernement socialiste (rien de nouveau ) et …de la Bundeskanzlerin Angela Merkel et des autres gouvernants européens, tous épinglés.
Elle est simple : libérer la patrie ( laquelle ? parce que les théâtre de guerre sont plusieurs) de Daesch .
Qui (compte tenu qu’il y a des instituions multinationales), comment ? quand ? sont sont restées sans réponse, mais il doit en avoir certainement une. Ou, peut être que, sans arrière-pensée, on doit y voir comme protagoniste, l’ami Poutine.
Fin de la séance…