On dit aujourd’hui beaucoup de choses concernant les demandeurs d’asile et les réfugiés. Nous y revenons avec des éléments concrets de réponse, utiles pour une bonne lecture aux nombreux « incendiaires » de l’opinion publique à des fins électorales.
Les demandeurs d’asile sont des clandestins ou des « sans papiers »
Les demandeurs d’asile sont en situation régulière pendant la durée de la procédure
Tout étranger présent en France peut faire valoir des motifs de persécution qui l’ont obligé à quitter son pays ou l’empêchent d’y revenir. Pour cela, il enregistre sa demande en préfecture et se trouve ainsi en situation régulière pendant la durée de la procédure. Lorsqu’il obtient une protection, il n’est plus « demandeur d’asile » mais se voit délivrer un document lui permettant de résider régulièrement en France. En cas de rejet de la demande, il devient alors « débouté » mais cela ne fait pas
automatiquement de lui un clandestin : il peut en effet solliciter un autre titre de séjour au regard de sa situation (familiale, sanitaire etc.) ou bénéficier d’un délai de départ volontaire pendant lequel il peut organiser son retour.
Source: Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile
Tout le monde cherche à se réfugier en Europe
86% des réfugiés se trouvaient dans les pays en voie de développement en 2013
Les conflits dans le monde ont contraint près de 20 millions de personnes à fuir leurs foyers. La Turquie est le premier pays d’accueil des personnes fuyant les persécutions, principalement originaires de Syrie, avec 1,6 million de réfugiés enregistrés. Le conflit en Syrie a entraîné à lui seul le déplacement de plus de 4 millions de personnes depuis 2011. Une grande partie d’entre eux sont accueillis au Liban, qui accueille 1,2 million de réfugiés soit plus d’un quart de sa population. Les personnes en quête de protection se réfugient généralement dans les pays voisins : en 2014, les Nations unies estimaient que 86% des réfugiés se trouvaient dans les pays en voie de développement.
Source : UNHCR, Asylum trends 2013 & 2014 / EUROSTAT, Demandes d’asile dans l’UE en 2014
La France accueille plus de demandeurs d’asile que les autre pays européens
Rapporté à sa population, la France était le 12ème pays d’accueil en Europe en 2014
Avec 64 811 demandes d’asile enregistrées en 2014 (mineurs accompagnants et réexamens inclus), la France se situe au quatrième rang européen derrière l’Allemagne, la Suède et l’Italie. Cela représente 10% des demandes d’asile de l’Union européenne (UE). Mais si l’on rapporte ce nombre à la population nationale, ce qui constitue un indicateur plus pertinent pour évaluer l’importance de la demande d’asile dans un pays, la France se classe 12ème sur l’ensemble des Etats membres de l’UE avec 1 000 demandeurs d’asile pour 1 million d’habitant. La France accueille donc moins de demandeurs d’asile que la moyenne constatée dans l’ensemble de l’UE, qui est de 1 200 demandeurs pour 1 million d’habitant en 2014.
Source : EUROSTAT, Demandes d’asile dans l’UE en 2014
La demande d’asile n’a jamais été aussi importante en France
Il y avait, par exemple en 1989, 35% de demandes d’asile de plus qu’en 2014
En 2014, il y a eu 45 454 premières demandes d’asile (hors mineurs accompagnant et réexamens) soit 2% de demandes d’asile de moins que l’année précédente. L’augmentation est marquée depuis 2007 mais le nombre de demandes enregistrées cette année là était particulièrement bas (23 804 premières demandes). La demande d’asile ne connait pas une évolution linéaire. La France a ainsi enregistré plus de demandes qu’en 2014 de 1989 (année record avec 35% de demandes de plus qu’en 2014) à 1991, et de 2001 à 2004. Lors de l’exil des « boat people » asiatiques fuyant
les persécutions à la fin des années 1970, la France a pris la décision d’accueillir près de 130 000 Vietnamiens, Cambodgiens et Laotiens. Alors que la crise en Syrie a déjà provoqué l’exil de plus 4 millions de personnes, la France s’est engagée à accueillir 500 Syriens en 2015.
Source : OFPRA, Rapport d’activité 2014 / K. MESLIN, Accueil des boat people : une mobilisation politique atypique (2006)
Il y a beaucoup de réfugiés en France
Seules 0,29% des personnes résidant en France bénéficient d’une protection au titre de l’asile En 2014, 14 589 décisions de protection (réfugiés, protections subsidiaires ou apatrides) ont été prises par l’Office français de protection des réfugiés ou apatrides (OFPRA) ou suite à un recours devant la Cour nationale du droit d’asile (CNDA). Au total, l’OFPRA recense 193 552 personnes présentes en France qui ont été placées sous sa protection depuis sa création en 1952. La population en France au 1er janvier 2015 étant de 66,3 millions d’habitants, le pourcentage de réfugiés au sein de la population française est donc de 0.29%.
Source : OFPRA, Rapport d’activité 2014 / INSEE, Evolution de la population jusqu’en 2015