La sénatrice des Alpes-Maritimes Alexandra Borchio Fontimp a présenté sa proposition de loi visant à protéger la cuisine niçoise et toutes les recettes régionales françaises, ce 22 juin, dans la cour du musée Escoffier de l’Art culinaire à Villeneuve-Loubet.
La pissaladière, le pan bagnat, et la salade niçoise bientôt protégés par la loi française ? C’est ce pourquoi s’engage la sénatrice LR Alexandra Borchio Fontimp avec la création de sa proposition de loi. Le projet vise à protéger l’ensemble des recettes des départements et régions de France. Mais aussi, dans un autre volet, le texte « d’une importance capitale » permettrait de déposer un brevet pour les nouvelles créations culinaires, au même titre qu’une musique, un film ou une œuvre d’art.
La cuisine française est déjà reconnue au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO. Mais selon le maire de Mougins, Richard Galy : « Elle a besoin d’être consolidée et protégée ». La proposition de loi a alors été déposée au Sénat le 6 avril 2023 et co-signée par 55 sénateurs. La prochaine étape serait sa mise à l’ordre du jour. Fruit d’un travail de près d’un an, le texte « essentiellement incitatif » a été rédigé en collaboration avec l’avocate Timothée Frinans-Ozanne, présidente de l’association Toqualoi.
« Déjà à l’époque, il n’était pas très heureux du fait qu’une création culinaire ne pouvait pas être protégée », raconte Michel Escoffier, à propos de son arrière-grand-père, le chef emblématique Auguste Escoffier. Aujourd’hui, c’est un débat qui met encore les nerfs à vif des défenseurs de la cuisine traditionnelle. C’est la salade niçoise « qui ne ressemble à rien » du chef étoilé Philippe Etchebest, publiée sur Cuisine Az, qui a indigné récemment Franck Viano, responsable du Collectif Cuisine Niçoise et ambassadeur Côte d’Azur France. C’est pourquoi il soutient cette proposition de loi.
Pour le respect de l’art culinaire français
« Nous avons tous en tête des souvenirs de bons petits plats notamment de nos grands-mères, l’odeur de la pissaladière qui sort du four, le croustillant d’un farci niçois ou le souvenir d’un pan bagnat partagé sur une plage de notre littoral », partage la sénatrice. C’est parce que derrière cet attachement aux recettes régionales, il y a de la transmission et du compagnonnage qu’elle souhaite que ces savoir-faire soient respectés.
En ce sens, cette proposition de loi est un moyen de s’attaquer à certains industriels de l’agroalimentaire qui « contournent et détournent » des « plats populaires de notre pays ». Des pratiques qui, selon elle, fausseraient et trahiraient l’identité de la France et de son patrimoine.
Recensement des recettes, droits d’auteur, mention « Recette régionales françaises », une armada de protection
Symboliquement réunis dans la cour du musée Escoffier de l’Art culinaire de Villeneuve-Loubet, les investigateurs du projet détaille son contenu. À une fin de protection de la culture française, il prévoit de mettre en place un répertoire de recettes régionales françaises après un recensement. Ensuite, elles « seront publiées notamment sur le Bulletin officiel de la propriété industrielle », explique Timothée Frinans-Ozanne.
« À l’image de la mention appellation d’origine contrôlée », il vise à mettre en place la mention « Recette régionale française » avec la création d’un logo. Une garantie de la part des restaurateurs et des industriels du bon respect des recettes envers les clients et consommateurs. Enfin, le texte propose de concevoir un certificat de création culinaire « similaire au brevet dans le milieu entrepreneurial ». Seules, les nouvelles recettes pourront être déposées, et leurs créateurs détiendraient des titres de propriété industrielle.
La sénatrice précise que les solutions qu’elles proposent s’inscrivent dans la garantie de la pérennité des recettes régionales et non dans la sanction envers les amateurs de cuisine. » Il a pour objectif de décourager certains industriels de l’agroalimentaire qui détournent la composition originale d’un plat au détriment du consommateur », clarifie-t-elle.
Le non respect des règles s’accompagnerait de sanctions. Et son respect, espère Alexandra Borchio Fontimp profiterait au tourisme gastronomique et encouragerait « l’innovation culinaire »